Jean qui grogne et Jean qui rit. Comtesse de Ségur
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Название: Jean qui grogne et Jean qui rit

Автор: Comtesse de Ségur

Издательство: Bookwire

Жанр: Книги для детей: прочее

Серия:

isbn: 4064066086121

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СКАЧАТЬ depuis des années! Et moi, il ne me parle pas, il ne me regarde seulement pas. C'est tout de même contrariant; cela m'ennuie à la fin. A Paris, je tâcherai de me séparer de Jean, et de me placer de mon côté.»

      Ils arrivèrent à la ville; il était dix heures. L'étranger les mena à l'hôtel où il était descendu. Il fit servir un déjeuner bien simple, mais copieux. Ils mangèrent du gigot à l'ail, une omelette au lard, de la salade, et ils burent du cidre. Quand le repas fut terminé, l'étranger se leva.

      «Jean, dit-il, quand tu seras à Paris, tu viendras me voir; je te laisserai mon adresse; j'y serai dans huit jours. Où logeras-tu?

      JEAN.

      Je n'en sais rien, monsieur; c'est comme le bon Dieu voudra.

      L'ÉTRANGER.

      Où demeure ton frère Simon?

      JEAN.

      Rue Saint-Honoré, n° 263.

      L'ÉTRANGER.

      C'est bien, je ne l'oublierai pas.... Montre-moi donc ta bourse, que je voie si ton compte y est.»

      Jean la lui présenta sans méfiance.

      «Jean, dit l'étranger, veux-tu me faire un présent?

      JEAN.

      Bien volontiers, monsieur, si j'avais seulement quelque chose à vous offrir.

      L'ÉTRANGER.

      Eh bien, donne-moi ta bourse, je te donnerai une des miennes.

      JEAN.

      Très volontiers, monsieur, si cela vous fait plaisir: elle n'est malheureusement pas très neuve; c'est M. le curé qui l'a donnée à maman pour mon voyage.»

      L'étranger prit la bourse après l'avoir vidée.

      «Attends-moi, dit-il, je vais revenir.»

      Il ne tarda pas à rentrer, tenant une bourse solide en peau grise avec un fermoir d'acier; il reprit la monnaie de Jean, la remit dans un des compartiments de la bourse, mit dans un autre compartiment le papier sur lequel il avait écrit son nom et son adresse, et la donna à Jean, en lui disant tout bas, de peur que Jeannot ne l'entendît:

      «Tu trouveras tes vingt francs dans un compartiment séparé; n'en dis rien à Jeannot, je te le défends.

      JEAN.

      Je vous obéirai, monsieur, pour vous témoigner ma reconnaissance. Mais j'aurais préféré que vous les eussiez gardés pour pauvre maman.

      —Ta maman les aura; soit tranquille.... Chut! ne dis rien.... Adieu, mon petit Jean; bon voyage.»

      L'étranger serra la main de Jean et fit un signe d'adieu à Jeannot; il leur remit encore un petit paquet, et il se sépara d'avec ces deux enfants, dont l'un ne lui plaisait guère, et l'autre lui inspirait un vif intérêt.

      Quand ils furent partis, l'étranger se mit à réfléchir.

      «C'est singulier, dit-il, que cet enfant m'inspire un si vif intérêt; sa physionomie ouverte, intelligente, douce, franche et résolue m'a fait une impression très favorable.... Et puis, j'ai des remords de l'avoir effrayé au premier abord.... Ce pauvre enfant!... avec quelle candeur il m'a offert son petit avoir! Tout ce qu'il possédait!... C'était mal à moi!... Et l'autre me déplaît énormément, je suis fâché qu'ils voyagent ensemble. Je les retrouverai à Paris; j'irai voir le frère Simon; je veux savoir ce qu'il est, celui-là. Et si je le soupçonne mauvais, je ne lui laisserai pas mon petit Jean. Il gardera l'autre s'il veut. J'ai fait un échange de bourse qui profitera à Jean; la sienne est décousue et déchirée partout; c'est égal, je veux la garder; cette aventure me laissera un bon souvenir.»

       Table des matières

       Table des matières

      Jean et Jeannot marchèrent quelque temps sans parler:

      «Dis donc, Jean, dit enfin Jeannot, combien crois-tu qu'il nous faudra de jours pour arriver à Paris?

      JEAN.

      Je n'en sais rien; je n'ai pas pensé à les compter.

      JEANNOT.

      Combien ferons-nous de lieues par jour?

      JEAN.

      Cinq à six, je crois bien.

      JEANNOT.

      Mais cela ne nous dit pas combien il y a de lieues d'ici à Paris.

      JEAN.

      Nous aurions dû demander au monsieur voleur; il nous l'aurait dit.

      JEANNOT.

      Il n'en sait pas plus que nous. Ces gens riches, ça voyage en voiture; ils ne savent seulement pas le chemin qu'ils font.»

      Une carriole attendait tout attelée devant une maison que les enfants allaient dépasser. Un homme sortit de la maison et s'apprêta à monter dans la carriole.

      «Monsieur, dit Jean en courant à lui et en ôtant poliment sa casquette, pouvez-vous nous dire combien nous avons de lieues d'ici à Paris?

      L'HOMME.

      D'ici à Paris! Mais tu ne vas pas à Paris, mon pauvre garçon?

      JEAN.

      Pardon, monsieur; nous y allons, Jeannot et moi, pour rejoindre Simon et pour gagner notre vie; et nous voudrions savoir s'il y a bien loin et combien il nous faudra de jours pour y arriver.

      L'HOMME.

      Miséricorde! Mais vous ne comptez pas y aller à pied?

      JEAN.

      Pardon, monsieur; il le faut bien; nous n'avons pas les moyens d'y aller dans une belle carriole comme vous.

      L'HOMME.

      Mais, petits malheureux, savez-vous qu'il y a d'ici à Paris cent vingt lieues?

      JEAN.

      C'est beaucoup! Mais nous y arriverons tout de même. Bien merci, monsieur! Pardon de vous avoir dérangé.

      L'HOMME.

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