Le destructeur de l'Amazonie. Alberto Vazquez-Figueroa
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Название: Le destructeur de l'Amazonie

Автор: Alberto Vazquez-Figueroa

Издательство: Bookwire

Жанр: Языкознание

Серия: Novelas

isbn: 9788418263538

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СКАЧАТЬ C’est le domaine des bêtes sauvages et des « fogueiros » qui n’hésitent pas à brûler une forêt, raser une ville ou écorcher vifs ceux qui s’opposent aux intérêts des éleveurs, des propriétaires fonciers ou des bûcherons.

      –Et si ces « fogueiros » sont aussi dangereux, pourquoi ne peuvent-ils pas nous attaquer à bord ?

      –Premièrement parce qu’ils savent qui je suis, et deuxièmement, et principalement parce que s’ils attaquent un navire, ils commettent un acte de piraterie ce qui, en Amazonie, est « officieusement » condamné à la peine de mort. Les rivières constituent les veines à travers lesquelles la vie circule, c’est le seul chemin praticable et donc quiconque attaque un bateau, attaque chacun d’entre nous.

      –Intéressant.

      –Sur la terre ferme, les « fogueiros » peuvent massacrer une famille de paysans ou une tribu d’indigènes, sachant que les juges et les politiciens les protégeront, mais il est clair que s’ils attaquent un bateau, ils finiront comme repas d’alligator.

      Violeta alluma une cigarette et lui en offrit une.

      –Je vous remercie de nous avoir mis au courant des coutumes locales. Maintenant, je sais que sur terre ferme je peux exploser la tête à qui je veux, mais qu’à bord je dois rester tranquille sinon vous me jetterez à l’eau pour me faire bouffer le cul par les alligators.

      Le capitaine sembla quelque peu dérouté par ce langage, mais Bernardo Aicardi fit un geste de la main comme s’il essayait de minimiser les mots de sa supposée maîtresse:

      –N’y faites pas attention ... –le pria-t-il–. C’est sa façon de parler habituelle, et encore vous avez eu de la chance qu’elle dise cul et pas autre chose.

      –J’avoue que vous êtes le couple le plus étrange que j’aie jamais embarqué.

      –Vous ne savez pas à quel point.

      ***

      CHAPITRE II

      Le singe tendit la main pour saisir la branche suivante, prêt à sauter, mais à ce moment-là il ressentit une piqûre dans le dos, sa vision se brouilla, et il s’écroula sans un gémissement.

      Kapoar se hâta de lui couper la gorge pour lui éviter de souffrir. Ce n’était pas seulement le geste de compassion que son père lui avait enseigné et qui devait être appliqué à tout être vivant en train de mourir, cela évitait que les muscles se contractent à cause de la douleur intense et que la chair ne durcisse.

      S’ils étaient correctement tués et rôtis au-dessus des braises à la bonne hauteur, les singes hurleurs étaient un mets comparable au jambon d’un cochon sauvage bien nourri.

      Il recouvrit la tache de sang d’une épaisse couche de terre afin que son odeur ne se propage pas à travers la forêt, chatouillant le fin odorat d’un jaguar qui n’hésiterait pas à suivre sa trace et à l’attaquer par derrière pour lui arracher cette appétissante proie. Et peut-être même le transformer lui-même en une autre proie tout aussi appétissante.

      Le chemin à parcourir était long; près d’une demi-journée de marche dans la forêt car une des premières règles qu’apprenaient les jeunes guerriers stipulait qu’ils devaient chercher leurs proies aussi loin que possible du village. S’ils chassaient trop près, les animaux comprenaient rapidement que la proximité des êtres humains était déconseillée et en peu de temps les pièces les plus appréciées disparaissaient.

      Et ce gibier était indispensable à proximité, car lorsque des pluies torrentielles tombaient et que le sol était inondé, ou lorsque les jeunes étaient loin, c’était les personnes âgées, les femmes et les enfants qui étaient chargés de se nourrir quotidiennement

      Ce qui était à portée de la main dans « le garde-manger » devait y être conservé le plus longtemps possible, même si ce garde-manger était une jungle presque impénétrable.

      Il ne fallut pas longtemps à Kapoar pour charger l’animal sur son dos et prendre rapidement le chemin du retour afin que sa famille puisse célébrer un festin autour du feu et que sa mère ait l’honneur de dépouiller et assaisonner le singe bien dodu.

      Le soir tombait quand il arriva au village.

      Il entendit des voix et comprit immédiatement qu’il ne s’agissait pas de voix « ahúnas » mais des voix détestées d’hommes blancs.

      Il laissa tomber sa charge sur le sol et se glissa à travers les broussailles aussi furtivement qu’il l’aurait fait sur les traces d’un troupeau de sangliers. Il savait très bien que ceux qui étaient à proximité –qu’ils soient « fogueiros », prospecteurs, éleveurs ou bûcherons– étaient beaucoup plus dangereux, cruels et perfides que le pire des jaguars.

      Quelques mètres plus loin une puanteur de vêtements sales et de pieds en sueur l’assaillit ainsi que l’odeur reconnaissable de la « cachaça ». De leurs rires tonitruants il déduisit qu’ils avaient trop bu. Il parvint à écarter soigneusement quelques branches et put les voir.

      Ils s’étaient installés dans la maison communale qui, comme la plupart des maisons communales, n’avait pas de murs et n’était composée que d’un toit en feuilles de palmier posé sur de hauts poteaux en bois. Un métis barbu qui semblait être le plus saoul, s’était allongé dans le hamac de son grand-père, ce qui était une offense et un manque de respect absolu.

      Il ne distinguait aucun membre de sa tribu, mais observa les traces qu’ils avaient laissées en s’éloignant, ce qui le rassura car il n’était pas étrange que des sauvages qui se considéraient civilisés aient l’odieuse habitude d’enlever des femmes pour en faire des esclaves.

      Apparemment il s’agissait d’ incendiaires: les « fogueiros ».

      ***

      –Et pourquoi y a-t-il moins d’incendies dans cette zone ?

      –Parce qu’il y a beaucoup d’acajou.

      –Qu’est-ce que ça a à voir ?

      –Les soi-disant « bois nobles », en particulier l’acajou, ont une croissance lente mais sont de grande qualité et très bien payés. –Le capitaine Andrade traça un demi-cercle de la main indiquant ce qui était devant lui–. À cause de cela les « fogueiros » attendent que l’acajou soit coupé avant de mettre le feu au reste.

      –Et vous, qu’en pensez-vous ?

      Le Brésilien la regarda comme si c’était la question la plus stupide qui lui ait jamais été posée, posa sa cuillère et s’éclaircit la gorge avec une gorgée de bière avant de répondre presque amèrement:

      –Que voulez-vous que j’en pense, mademoiselle ? Je suis marin de rivière et je sais très bien que lorsqu’il n’y aura plus de jungle, il n’y aura plus de rivière. La mer sera toujours là, plus propre ou plus sale, mais les rivières et les lacs disparaîtront, si bien qu’à ce rythme de destruction dans vingt ans nos bateaux seront échoués dans la boue.

      –Comme la Mer d’ Aral ?

      –Exactement! C’était l’un des plus grands lacs du monde et en moins d’un demi-siècle, ils l’ont СКАЧАТЬ