Название: Mon Vicomte Pour Toujours
Автор: Dawn Brower
Издательство: Tektime S.r.l.s.
Жанр: Современная зарубежная литература
isbn: 9788835415572
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« Qu’est-ce qu’on va faire de lui ? »
L’accent de l’inconnu laissait un léger doute quant à ses origines. Ce n’était pas du tout celui d’un noble. Probablement un docker… Où avait-il été se vautrer exactement ? Il devrait ouvrir les yeux pour le découvrir, mais il ne pouvait s’y résoudre. Sa tête le faisait assez souffrir comme cela.
« Le Capitaine saura quoi faire, renchérit une autre voix masculine.
Qu’était-ce ? Un club de dockers mal léchés ? Donovan désirait sincèrement réussir à se rappeler de ce qu’il avait fait la veille. Il soupçonnait que ces hommes puissent être autre chose que des dockers. D’après ce qu’il savait, il s’était écroulé dans les taudis de Londres. Dans tous les cas, il avait la chance d’être en vie. À bien y réfléchir… Pourquoi ne l’avaient-ils pas simplement tué ? Cela aurait eu plus de sens.
— On devrait lui régler son compte, proposa le premier homme qui avait parlé. Le Capitaine Estes nous en remerciera.
— Vous êtes fou ? rétorqua l’autre homme. Estes déteste quand on prend des décisions de notre chef. On ne recevra pas de remerciements ; nous verrons seulement nos vies perdues pour notre stupidité.
Bien, cela répondait à certaines questions. Ils l’auraient probablement assassiné d’eux-même. Qui était cet Estes ? Donovan n’était pas entièrement sûr de vouloir rencontrer ce grand homme... si l’on pouvait l’appeler ainsi. Il contrôlait certainement la situation d’une main de fer. Donovan en aurait bien ri, mais hélas, sa tête était assez douloureuse comme cela.
— Très bien, approuva l’homme. Vous le surveillez pendant que je vais chercher le Capitaine.
Il se trouvait donc sur un navire. Que le diable l’emporte… Il aurait préféré se tromper. Qui pouvait affirmer dans quelle direction ils allaient ? Pourquoi diable aurait-il embarqué sur un satané navire ? À quoi pensait-il que cela aboutirait ? Il n’avait certainement pas eu l’intention de monter sur ce fichu bateau. Ses beuveries l’avaient précipité dans bien des situations fâcheuses, ces dernières années. Seulement une nouvelle aventure se présentant sur son chemin vers la ruine.
Peut-être aurait-il dû se rendre à nouveau au château de Manchester. Son ami l’aurait peut-être aidé à retourner sur le droit chemin. Non, le comte était profondément heureux. Ce bonheur s’était avéré à la fois écœurant et merveilleux à voir. Il était heureux pour Garrick, sincèrement. Mais il n’avait pu empêcher la graine de la jalousie de pousser en le voyant trouver l’amour de sa vie et se montrer tout autant capable de le garder. Donovan n’était pas un homme bien ou un bon ami. Il avait mieux fait de rester à l’écart.
— Vous êtes réveillé ? demanda l’homme avant de le gratifier d’un coup de pied.
Donovan grogna.
— Va te faire foutre.
Il n’avait pas voulu engager le bras de fer avec ces raclures, mais celui-là ne semblait pas prêt à le laisser mourir en paix. Oh après tout, qu’y aurait-il d’amusant à partir en toute discrétion ? Il n’était pas connu pour prendre de grandes décisions. Non, la bonne société le dépeignait comme un riche scélérat, ou du moins en avait l’habitude. Il n’avait pas vécu à la hauteur de cette réputation, ces derniers temps. La plupart du temps, il restait chez lui à se saouler jusqu’à l’évanouissement. Il ne voyait pas de raison à se rendre en ville quand il pouvait dénicher des litres d’alcool dans ses propres coffres pour passer le temps.
— Je ne préfère pas, sire, répliqua l’inconnu. Le capitaine sera bientôt là et vous empestez joliment. Je vous aurais bien jeté par-dessus bord sur-le-champ, mais ce n’est pas à moi de prendre cette décision.
Qu’en pensait-il ? Il avait vu juste dans cette hypothèse. Peut-être devrait-il faire plus attention, mais cela faisait longtemps. Pourquoi commencer maintenant ? Assurément, il était censé le faire. Il avait un domaine, un titre, et pas d’héritiers à qui les transmettre. Ainsi quelque lointain cousin allait voir leur souhait se réaliser. Il n’était pas fait pour être vicomte, de toute manière. Qu’est-ce que cela lui aurait apporté, en toute honnêteté ? De l’argent ? Il ricana de mépris intérieurement. Cela ne lui aurait pas apporté l’ombre d’un bonheur. La sécurité ? Jusqu’à un certain point, oui. L’argent pourvoyait définitivement au moindre besoin dans sa vie ; néanmoins, cela lui donnait également les moyens de la ruiner. S’il n’avait pas eu d’argent, peut-être aurait-il dû travailler pour survivre. Peut-être alors l’aurait-il appréciée au lieu de boire jusqu’à l’oubli. Quel genre d’homme cela faisait-il de lui s’il abandonnait aussi facilement ?
— Pas mon problème, grommela Donovan.
— Bon Dieu, intervint une voix féminine. Quelle est cette odeur ?
— C’est cet homme, expliqua l’un des hommes. Nous l’avons trouvé étendu là.
— Que voulez-vous que nous fassions de lui ? s’enquit un autre homme.
L’inconnue demeura silencieuse. Était-il si mal en point ? Était-ce la fameuse Estes ? Il ne s’était guère attendu à ce que ce fût une femme et cette surprise était presque douce. La plupart du temps, Donovan appréciait un bon choc. Cela lui donnait la sensation d’être vivant. C’était le cas en cet instant. Il aurait aimé avoir l’énergie d’ouvrir les yeux pour savourer la vue de cette femme capitaine. Elle devait être grosse et robuste pour commander ainsi la loyauté de ces hommes.
Qu’ils aillent tous au diable. Il voulait avoir un aperçu de cette femme. Peut-être cela lui donnerait-il la force de rester en vie. Ainsi pourrait-il ensuite se rendre au Château Manchester et parler de la femme capitaine à Garrick. Ils se paieraient une bonne tranche de rigolade. Cela suffirait à le maintenir dans un état de sobriété pendant un court moment. Il y avait des moments où il n’était pas ivre, mais ils se faisaient rares. Ce pourrait être le catalyseur, pour sa part.
Il ouvrit lentement les yeux. Il cligna des paupières plusieurs fois. Peut-être était-il mort. La femme devant lui n’était ni grosse ni robuste. Elle était menue, ses hanches étroites moulées dans un pantalon en cuir, revêtue d’une ample chemise blanche sous un gilet en cuir. Ses cheveux blond vénitien étaient tressés et tombaient en cascade dans son dos. Ces yeux bleu saphir cependant… il ne pourrait jamais les oublier et ce même dans une autre vie.
— Estella ?
Enfer et damnation. Qu’est-ce que Donovan fabriquait sur son navire ? Elle avait toujours eu l’intention de le retrouver après la fin de son exil. Elle ne pouvait pas encore retourner à Londres. Son beau-père continuait de la traquer. Du moins le croyait-il. Il envoyait ses espions ici et là pour la surveiller. Ce que le duc ne savait pas, c’était qu’Estella avait elle aussi des espions. Elle avait vent de leur venue avant même qu’ils ne soient arrivés à destination. Lorsqu’elle recevait le message, elle se rappelait toujours de se trouver chez elle. La plupart du temps, elle y était, de toute façon ; cependant, de temps à autre elle devait monter au bord du navire afin de s’assurer que tout se passait comme prévu.
Le duc СКАЧАТЬ