Название: Le Ciel De Nadira
Автор: Giovanni Mongiovì
Издательство: Tektime S.r.l.s.
Жанр: Исторические любовные романы
isbn: 9788835411437
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“ Mais ne vois-tu pas qu’il est en train de délirer ? La leçon n’a pas été suffisante ? ”
“ Vas parler avec Umar… si cela ne tenait qu’à moi je l’aurais déjà libéré et je serais rentré chez moi bien au chaud . ”
Apollonia courut alors vers l’entrée de la maison des maîtres. Lorsque Umar fut prévenu et arriva à la porte, elle se jeta à ses pieds et le supplia :
“ Je t’en prie, mon Seigneur, demande-moi n’importe quoi… mais li-bère mon frère ! ”
“ Je lui ai promis trois jours, je ne peux retirer ma parole . ”
“ Il ne survivra pas à cette nuit ; il a une forte fièvre ! Je t’en prie, mon Seigneur, lie-moi à ce poteau, mais laisse-le partir ou il mourra . ”
“ il mourra s’il a été écrit qu’il doit mourir et il vivra s’il a été écrit qu’il doit vivre… si tu veux, lance-lui une autre couverture . Et ne t’humilies pas de cette façon pour quelqu’un qui ne le mérite pas . ”
Il ordonna donc à quelqu’un qui se trouvait là de donner de la nourriture à cette fille prosternée à ses pieds et puis de la renvoyer. A ce point, Apollonia se redressa et répondit tellement en colère que toute la maison l’entendit :
“ Je ne veux pas de ta nourriture, j’ai qui me nourrit ! ”
Donc, on lui claqua la porte au nez sans qu’aucune possibilité de contester cette décision ne lui fut permise. Dès lors ses jambes cédèrent et elle glissa sur la porte en pleurant plus fort qu’avant.
Quand le muezzin rappela les fidèles pour le ṣalāt26 du coucher du soleil, elle vérifia si le garde se préparait à se pencher vers La Mecque derrière le condamné, et en profita pour violer l’interdiction selon laquelle elle ne pouvait pas s’approcher.
“ Corrado, ma vie mon souffle… Corrado ! ”
Mais il émanait une espèce de rugissement, doucement et les yeux fermés.
Apollonia pris alors son visage entre ses mains et lui dit :
“ Rappelle-toi qui tu es, Corrado, rappelle-toi qui est ton père . ” ” Alfeo… du Rabaḍ ” répondit-il avec difficulté.
“ Corrado, mon frère, rappelle-toi qui est ton père. ” répétait Apollonia désespérément, insatisfaite par sa réponse.
“ Alfeo… notre père . ” répéta-t’il, en ayant toujours les yeux fermés.
“ Ne te rappelle pas de qui t’as aimé comme un fils, rappelle-toi au contraire de celui qui t’a engendré.
Ces histoires que tu me racontais le soir devant le feu, celles que ton père t’as transmises… ton vrai père. Souviens-toi quand tu me parlais des landes du nord, faites de glace et de neige, et de comment les gens de ta lignée sont habitués au froid le plus extrême. Rappelle-toi, Corrado, peut-être que ton sang d’homme du nord pourra te réchauffer et te faire sur-vivre . ”
“ La compagnie normande… ”
“ C’est exact, Corrado, la compagnie normande… continue de te souve-nir ! ”
“ Mon père, Rabel… Rabel de Rougeville . ”
“ Oui, Corrado, ce fut durant l’été d’il y a vingt ans la derrière fois que tu le vis ; tu me l’as raconté tant de fois . ”
“ Je vis les remparts de Syracuse… ” murmura-t’il enfin, avant de perdre connaissance dans un profond sommeil fiévreux.
Chapitre 5
Début de l’été 1040 (431 de l’hégire), devant les remparts de Syracuse
Elle était la ” porte de l’orient ” de la Sicile, la ville qui avait été la plus glorieuse de toute la Méditerranée centrale avant l’avènement de Rome, la patrie des tyrans et du grand Archimède, une perle sortie du fond de la mer par des dauphins divins ; Syracuse était cela ! Et en effet cette ville était un objectif trop prestigieux pour être ignoré, une étape que le général de l’Empire d’Orient, Georges Maniakès, ne pouvait délaisser durant sa mission.
La reconquête complète de la Sicile en faveur de Constantinople n’était pas quelque chose de facile, et donc, si l’on voulait réussir l’entreprise, il fallait prendre Syracuse aux sarrasins, pour faire en sorte qu’elle ne de-vienne une solide tête de pont pour l’arrivée des renforts venus de l’est. La ville, entre autre était bien fournie, alimentée par des sources d’eau in-ternes et défendue par des soldats tenaces, qui s’étaient retirés au delà des remparts après les premières batailles. Le rappel des muezzins sur les minarets rappelaient aux assiégeants que la conquérir aurait été une longue et épuisante entreprise.
Georges Maniakès était un homme rude et despotique, avec ses troupes et les officiers qu’il commandait il était souvent violent… pour tout dire, un parfait guerrier. Même son aspect laissait transparaître son caractère brut : aveugle d’un œil, il était plus grand que la moyenne des hommes et ses traits étaient grossiers, désagréables. Tout en lui suscitait de la peur, autant parmi les siens que parmi les malheureuses milices de sarrasins que l’on avait rencontrées. Sa valeur était indiscutable déjà bien avant que l’Empereur d’orient ne lui confia la mission d’arracher la Sicile aux arabes, mais maintenant que de Messine jusqu’aux portes de Syracuse les croix réapparaissaient, sa renommée devenait absolue. D’ailleurs il fallait un caractère fort et une autorité indiscutable si l’on voulait réussir une entreprise plus grande que la guerre contre l’Islam, c’est à dire parvenir à contrôler l’armée variée qu’il commandait. Les lignées regroupées à la paie de Georges Maniakès étaient nombreuses : des hommes de Constantinople et de ses biens, des habitants de la Pouille, des calabrais, arméniens, macédoniens, pauliciens27… mais aussi des mercenaires, des conscrits qui brandissaient la lance après le lombard Arduin… la garde du nord, variée, qui avait traversé les steppes slaves pour servir l’Empereur d’orient, guidés par Harald Hardrada… et les normands du courant inférieur de la Seine, parmi les plus habiles guerriers.
Justement un de ces derniers – toutefois non encore guerrier – regardait la mer aux environs de la cinquième heure de l’après-midi, en élançant son regard au delà les ruines de l’ancienne ville située sur la terre ferme. La ville, en effet, avait été un temps jadis bien plus grande, elle s’étendait également sur une partie considérable de la côte donnant sur l’île d’Ortigia, là où se trouve le cœur de la fameuse Syracuse. Depuis deux cents ans, toutefois, après le dévastant assaut des sarrasins, elle ne comprenait que la partie insulaire et une minuscule partie de la péninsule, déjà sous le contrôle de Maniakès. Les hommes adressaient leurs pensées et les armes à ce qu’il restait de Syracuse dans la tentative de réussir cet assaut qui du-rait désormais depuis des mois, au delà de cet étroit et exigu canal qui partageait la ville.
Conrad avait neuf ans et avait connu la guerre très tôt, afin qu’il se durcisse au destin qui l’aurait accompagné durant toute sa vie ; par nature, en effet, aucun garçon normand ne pouvait être autre chose qu’un guerrier. Mais Conrad était aussi un rêveur,…. Peut-être parce que son père retenait qu’il était juste de ne pas le soumettre déjà au baptême des armes, Conrad savait СКАЧАТЬ
26
Ṣalāt: la prière canonique islamique, récitée obligatoirement par les musulmans observants cinq fois par jour et qui anticipe l’adhān.
27
Pailiciens: secte des ascètes en Arménie où les membres croient vivre selon le vrai enseignement de Paul de Tarse, d’où le nom de Paulicien. Ils furent depuis longtemps persécutés et déportés pour ensuite être recrutés dans les rangs de l’armée byzantine.