Le Visage de la Peur. Блейк Пирс
Чтение книги онлайн.

Читать онлайн книгу Le Visage de la Peur - Блейк Пирс страница 8

СКАЧАТЬ bout d’allumette, ni de bidon d’essence vide. Toute preuve qui aurait pu indiquer sa présence avait été effacée lorsque quelqu’un avait jeté de l’eau sur le corps pour tenter de l’éteindre et de sauver une vie qui était déjà bien loin.

      Qu’avait-il utilisé comme carburant ? Comme accélérateur ? Où s’était-il tenu ? De quel type d’arme s’était-il équipé pour lui trancher la gorge ? Ou elle, se reprit Zoe dans un effort d’ouverture d’esprit ; les statistiques étaient cependant claires. Ce degré de violence désignait d’habitude un suspect de sexe masculin.

      C’était le « d’habitude » qui posait problème. Zoe aimait se fier à son instinct, mais à moins d’être sûre à plus de quatre-vingt-dix pourcent de quelque chose, elle n’était pas prête à tout miser dessus. Et par le passé, même avec ses certitudes, elle s’était parfois trompée. Aujourd’hui, elle ne pouvait plus être sûre de rien, pas en ce qui concernait ce tueur.

      Peut-être en saurait-elle plus après avoir examiné le corps. Elle se retourna vers Shelley, qui était en train de terminer sa conversation.

      « Il n’y a rien ici, » déclara Zoe une fois que Shelley eut terminé.

      « Je ne peux pas dire que je suis étonnée, » répondit Shelley. Elle jetait un coup d’œil aux fenêtres des appartements situés au-dessus, noircies non pas par la fumée montante d’un cadavre humain, mais par des années de saleté et de négligence. « Personne dans le quartier n’a rien vu. Ils ont dit qu’ils avaient d’abord senti la fumée. Quelques habitants du quartier se sont précipités dehors avec un seau d’eau pour essayer d’aider, mais c’est tout. Aucun suspect, personne ne se tenait debout et regardait. Aucun témoin n’a vu quelqu’un pénétrer dans la ruelle à ce moment-là.

      – Y a-t-il des enregistrements ? » Zoe désigna de la tête une caméra de sécurité perchée au bout de la ruelle, à l’endroit par lequel elles étaient entrées.

      Shelley secoua la tête. « Les flics disent qu’elle n’est même pas connectée. Chaque fois qu’ils essayaient de la faire fonctionner, des enfants venaient et pulvérisaient de la peinture sur la lentille ou coupaient les fils. Ils l’ont gardée dans un esprit de dissuasion, au cas où, mais elle n’a pas fonctionné correctement pendant des années.

      – Les gens du coin le savaient, souligna Zoe.

      – Il en va de même pour toute personne qui aurait fait un repérage du quartier et aurait vu l’état dans lequel elle se trouve. »

      Zoe fit un dernier tout d’horizon, satisfaite qu’il n’y avait plus rien à analyser ici. La seule histoire que les chiffres lui racontaient concernait la construction des bâtiments et la ruelle même. Comme elle doutait que la hauteur des murs ait un quelconque rapport avec le meurtre, elles en avaient fini avec la scène du crime. « Allons voir le coroner, maintenant » dit-elle avec détermination, en s’éloignant à grandes enjambées vers leur voiture de location.

***

      Zoe plissait son nez, puis modulait sa respiration. C’était une question de concentration. Elle inspirait par la bouche, évitant ainsi l’odeur pestilentielle, et expirait par le nez. Shelley tentait de contenir des haut-le-cœur, mais Zoe s’affairait à la soutenir.

      « C’est une sale affaire, » déclara le coroner. C’était une grande et jeune femme, bronzée aux cheveux blonds, et qui portait trop de fard à paupières pour une personne travaillant dans un cabinet médical – même si elle ne travaillaient qu’avec les morts.

      Zoe l’ignora aussi et porta son attention sur le corps. Si l’on pouvait encore parler de corps, le charbon de bois étant une description plus appropriée. L’homme, celui que Shelley avait nommé John Dowling, n’était plus un homme. Il avait une certaine forme – des jambes entremêlées et sur un des côtés, des bras écrasés contre le corps, une saillie ronde à l’endroit où se trouvait la tête – mais on aurait tout aussi bien pu imaginer qu’il s’agisse d’un morceau de ferraille, d’une partie du ventre d’un navire ou d’une antique pièce de machinerie qui avait brûlé dans les ruines de Pompéi.

      Le deuxième corps était à peine plus reconnaissable. Curieusement, même si la brûlure ne s’était pas tellement étendue, l’odeur de celui-ci était encore plus forte. Peut-être parce qu’elle avait été laissée dehors, sous la chaleur du soleil californien au milieu de la journée. La jeune femme. Les morceaux de chair déchiquetée et brûlée qui s’accrochaient encore à elle avaient quelque chose d’obscènes. Douze centimètres de jambe au-dessus du pied, cinq centimètres à chaque coude, une mèche de cheveux à l’arrière de la tête qui avait été protégée au contact sol humide. Plus longtemps dans les flammes, et elle aurait été tout aussi en cendres que lui.

      « Blessures pré-immolation ? » demanda Zoe, sans lever les yeux.

      Le coroner hésita une seconde.

      « Je sais ce que signifie l’immolation, » répliqua le médecin légiste, avec pour la première fois une once de tension dans sa voix calme et posée. Tout chez elle était agaçant pour Zoe. « Pour autant que je puisse dire, compte tenu de l’état des corps, il n’y a eu qu’une seule incision à la gorge. Suffisante pour tuer à elle seule. On ne leur a rien fait d’autre, si ce n’est les brûler. »

      Zoe se pencha plus près, examinant le cou. Les mains de la jeune fille s’étaient posées dessus, et les doigts avaient fusionné et fondu l’un contre l’autre quand elle s’était consumée. Cependant, il y avait encore une blessure nette et visible derrière eux, béante à l’endroit où sa tête avait basculé en arrière.

      « C’était précis, » dit-elle, davantage pour elle-même qu’autre chose.

      « C’était une attaque rapide, admit le coroner. Qui que soit le tueur, il savait ce qu’il faisait. Directement par derrière, une seule entaille dans le cou pour l’ouvrir complètement, dans les deux cas. »

      Zoe se redressa et regarda Shelley pour bien faire comprendre que l’observation qui allait suivre était pour elle, et non pour l’irritante présence humaine dans la pièce. « Ce n’était pas un crime commis par impulsion. Il a été planifié, l’endroit a été choisi avec soin.

      – Penses-tu que les victimes ont été choisies délibérément ? »

      Zoe se mordit la lèvre pendant un moment, passant son regard d’un corps à l’autre. Qu’avaient-ils en commun, à part le fait d’être carbonisés ?

      « Il est trop tôt pour se prononcer, conclut-elle. Nous devons en savoir plus sur Callie Everard. Si nous pouvons trouver un lien entre les deux, tant mieux. Sinon, il y aura peut-être un message plus important en jeu.

      – Un tueur en série ? grogna Shelley. J’espère qu’ils étaient secrètement amants. Je croisais les doigts pour qu’on puisse rentrer à la maison pour le week-end.

      – Bonne chance, » surenchérit le coroner, une déclaration qui n’était absolument pas nécessaire.

      Zoe lui fit les gros yeux, et fut quelque peu calmée par l’attitude de la femme qui s’éloigna et s’occupa d’un plateau d’instruments en métal situé à proximité, plutôt que de croiser à nouveau son regard.

      « Nous avons une salle qui nous attend au commissariat local, dit Shelley. Le flic à qui j’ai parlé m’a assuré que le café est horrible, et que la climatisation est également d’une inefficacité totale, СКАЧАТЬ