Название: Le Visage de la Mort
Автор: Блейк Пирс
Издательство: Lukeman Literary Management Ltd
Жанр: Зарубежные детективы
isbn: 9781094305639
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Quelques instants plus tard, elles virent l’hélicoptère en vol stationnaire au-dessus d’une voiture de patrouille locale dont les deux occupants semblaient être sortis pour mettre le détenu à terre. Il était allongé dans le sable qui s’agitait au rythme de ses mouvements et jurait.
Zoe arrêta la voiture et Shelley en sortit immédiatement tout en transmettant des informations dans sa radio. Un petit groupe d’hommes avec des chiens s’approchaient déjà depuis le sud-est, les chiens aboyant d’excitation à l’idée de trouver la source de l’odeur qu’ils avaient sentie.
Zoe prit la carte que Shelley avait laissée dans la voiture et la compara au GPS. Ils devaient se trouver à moins de deux cents mètres en ligne droite de l’endroit qu’elle avait deviné. Il devait s’être enfui de l’affleurement quand il avait entendu les chiens.
Elle se permit un sourire victorieux, sautant de la voiture pour les rejoindre avec une vitalité renouvelée. Sous le soleil brûlant, Shelley lui adressa un sourire similaire au sien, de toute évidence heureuse qu’elles aient déjà résolu leur première affaire ensemble.
Plus tard, le silence s’installa de nouveau entre elles quand elles furent de retour dans la voiture. Zoe ne savait pas quoi dire — elle ne savait jamais quoi dire. Bavarder était un mystère absolu pour elle. Combien de fois était-il possible de parler de la météo avant que cela ne devienne un cliché évident ? Durant combien de trajets pourrait-elle s’engager dans une conversation aride à propos de choses qui n’avaient pas vraiment d’importance avant que le silence ne devienne agréable plutôt que gênant ?
— Tu n’as pas dit grand-chose là-bas, dit Shelley, brisant enfin le silence.
Zoe marqua une pause avant de répondre.
— Non, convint-elle, essayant d’avoir l’air amicale.
Elle ne pouvait pas faire grand-chose à part agréer.
Le silence retomba dans la voiture. Zoe calcula les secondes dans sa tête, réalisant qu’il s’était écoulé plus de temps que lors d’une pause normale dans une conversation.
Shelley s’éclaircit la gorge.
— Avec les partenaires que j’ai eu pendant ma formation, on s’entraînait à expliquer les affaires, dit-elle. À travailler ensemble pour les résoudre. Pas seul.
Zoe acquiesça d’un signe de tête, gardant les yeux rivés sur la route devant elle.
— Je comprends, dit-elle alors même qu’elle sentait une sensation de panique croître en elle.
Elle ne comprenait pas — pas complètement. Elle comprenait à certains niveaux ce que ressentaient les gens autour d’elle car ils lui disaient toujours. Mais elle ne savait pas ce qu’elle était censée faire à ce sujet. Elle essayait déjà, du mieux qu’elle pouvait.
— Parle-moi la prochaine fois, dit Shelley en se carrant plus profondément dans son siège comme si tout était réglé. On est censées être partenaires. Je veux vraiment qu’on travaille ensemble.
Cela ne présageait rien de bon pour l’avenir. Le dernier partenaire de Zoe avait mis au moins quelque semaines à s’énerver assez pour se plaindre qu’elle était trop silencieuse et distante.
Elle pensait qu’elle se débrouillait mieux cette fois. N’avait-elle pas acheté des cafés ? Et Shelley lui avait souri avant. Était-elle censée acheter plus de boissons pour faire pencher la balance ? Y avait-il un nombre précis qu’elle devait atteindre pour rendre leur relation plus confortable ?
Zoe regarda la route défiler devant le parebrise sous un ciel qui commençait à s’assombrir. Elle avait l’impression qu’elle devait dire quelque chose d’autre, bien qu’elle fût incapable d’imaginer quoi. Tout était de sa faute et elle le savait.
Cela semblait toujours si simple pour les autres gens. Ils parlaient et parlaient et parlaient et devenaient amis en un jour. Elle avait observé ce phénomène se produire tant de fois, mais il ne semblait pas y avoir de règles à suivre. Ce n’était pas défini par un laps de temps ou un nombre d’interactions précis ou par le nombre de choses que les gens devaient avoir en commun.
Ils étaient simplement doués pour s’entendre avec d’autres personnes, comme par magie, comme c’était le cas pour Shelley. Ou ils ne l’étaient pas. Comme Zoe.
Non pas qu’elle sût ce qu’elle faisait de mal. Des gens lui avaient dit d’être plus chaleureuse et amicale, mais qu’est-ce que cela voulait dire exactement ? Personne ne lui avait jamais donné de manuel expliquant toutes les choses qu’elle était censée savoir. Zoe resserra sa prise sur le volant, essayant de ne pas trahir à quel point elle était contrariée. C’était la dernière chose qu’elle avait besoin que Shelley voie.
Zoe réalisait que c’était elle le problème. Elle ne se faisait pas d’illusions à ce sujet. Elle ne connaissait simplement pas d’autre façon d’être que la sienne, et d’autres gens en connaissaient, et n’avoir jamais appris cela l’embarrassait. L’admettre serait, d’une certaine façon, encore pire.
* * *
Le trajet de retour en avion fut encore gênant.
Shelley feuilletait d’un œil distrait un magazine féminin qu’elle avait acheté à l’aéroport, ne donnant à chaque page à peine plus qu’un rapide coup d’œil avant d’abandonner et de passer à la suivante. Après l’avoir fini de bout en bout, elle leva les yeux vers Zoe, puis, semblant se dire qu’il valait mieux ne pas engager la conversation, elle rouvrit le magazine, passant plus de temps sur les articles.
Zoe détestait lire ce genre de choses. Les images, les mots, tout lui sautait au visage. Les différentes tailles de police et les visages, les articles contradictoires. Des images prétendant prouver qu’une célébrité avait fait de la chirurgie esthétique ne montrant que des changements normaux qu’un visage subissait avec l’âge et que n’importe qui comprenant un minimum la biologie humaine pouvait calculer facilement.
À maintes reprises, Zoe essaya de se forcer à penser à quelque chose à dire à sa nouvelle partenaire. Elle ne pouvait pas parler du magazine. Que pouvaient-elles avoir d’autre en commun ? Les mots ne lui venaient pas.
— On a bien résolu notre première affaire, finit-elle par dire dans un murmure, ne se sentant presque pas assez brave pour ne dire ne serait-ce que cela.
Shelley leva la tête, surprise, les yeux écarquillés et vides l’espace d’un instant avant de se fendre d’un sourire.
— Oh ouais, dit-elle. On a fait du bon boulot.
— Avec un peu de chance, la prochaine se passera tout aussi bien.
Zoe sentait ses entrailles se rabougrir. Pourquoi ne savait-elle vraiment pas bavarder ? Elle devait user de toute sa concentration pour trouver quoi dire ensuite.
— On pourra peut-être être plus rapides la prochaine fois, suggéra Shelley. Tu sais, quand on sera СКАЧАТЬ