Название: Le Visage de la Mort
Автор: Блейк Пирс
Издательство: Lukeman Literary Management Ltd
Жанр: Зарубежные детективы
isbn: 9781094305639
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— C’est si triste, soupira-t-elle. Pauvre Linda. Elle méritait mieux que ça.
— Ils étaient comment quand tu les as interrogés ? demanda Zoe.
Toute piste était une piste, bien qu’elle fût maintenant fermement sûre que cette Linda n’avait été choisie comme victime que par pur hasard par un inconnu.
Shelley haussa les épaules d’un air désespéré.
— Surpris par la nouvelle. Pas dévastés. Je ne pense pas qu’ils étaient proches.
Zoe s’empêcha de se demander qui se sentirait concerné ou viendrait voir son corps si elle mourrait et remplaça cette pensée par de la frustration. Ce n’était pas difficile. Elles étaient toujours au point mort — littéralement. Linda n’avait plus d’autres secrets à leur dire.
Rester là à compatir avec une morte était bien gentil, mais cela ne les rapprochait en rien des réponses qu’elles cherchaient.
Zoe ferma brièvement les yeux et se tourna vers l’autre côté de la pièce et la porte par laquelle elles étaient entrées. Elles devaient partir, mais Shelley conversait toujours avec le médecin légiste d’une voix basse et respectueuse, discutant de qui la femme avait été durant sa vie.
Rien de tout cela n’avait d’importance. Shelley ne le voyait-elle pas ? La cause de la mort de Linda était très simple : elle était seule dans une station-service isolée quand le tueur était arrivé. Le reste de sa vie n’avait aucune importance.
Shelley sembla remarquer l’envie de partir de Zoe et s’éloigna poliment du médecin légiste pour la rejoindre.
— Qu’est-ce qu’on devrait faire ensuite ? demanda-t-elle.
Zoe aurait voulu pouvoir mieux répondre à sa question, mais elle en était incapable. Il ne restait plus qu’une chose à faire au point où elles en étaient et ce n’était pas l’action directe qu’elle désirait.
— On va créer un profil du tueur, dit-elle. On le diffusera dans les États frontaliers pour prévenir les représentants des forces de l’ordre de garder l’œil ouvert. Ensuite, on passera en revue les dossiers des autres meurtres.
Shelley acquiesça d’un signe de tête et lui emboîta aisément le pas tandis que Zoe se dirigeait vers la porte. Ce n’était pas comme si elles avaient beaucoup de route à faire.
Une fois qu’elles eurent monté les escaliers et passé les portes du bureau, Zoe balaya les alentours du regard et aperçut de nouveau l’horizon qui était facilement visible derrière la petite agglomération de résidences et d’établissements qui constituaient la ville. Elle soupira, croisa les bras sur sa poitrine et tourna rapidement la tête en direction du commissariat où elles se rendaient. Moins elle passait de temps à regarder cet endroit, mieux c’était.
— Tu n’aimes pas cette petite ville, n’est-ce pas ? demanda Shelley qui se trouvait à ses côtés.
Zoe fut surprise l’espace d’un instant, mais cela dit, Shelley avait déjà prouvé qu’elle était perspicace et aussi sensible aux émotions des autres. À vrai dire, il était probable que l’attitude de Zoe reflète clairement ses émotions. Elle ne parvenait pas à se débarrasser de l’humeur massacrante qui l’envahissait à chaque fois qu’elle se retrouvait dans un endroit comme celui-ci.
— Je n’aime pas les petites villes en général, dit-elle.
— T’es juste une ville des grandes villes ou ? demanda Shelley.
Zoe ravala un soupir. C’était ce qui se produisait quand on avait des partenaires : ils essayaient toujours d’apprendre à vous connaître, de déterrer toutes les petites pièces du puzzle qu’était votre passé et de les mélanger jusqu’à ce qu’elles forment une image qui leur plaisait.
— Elles me rappellent l’endroit où j’ai grandi.
— Ahhh, dit Shelley en hochant la tête comme si elle voyait et comprenait.
Elle ne voyait pas. Zoe le savait pertinemment.
Elles firent une pause dans leur conversation tandis qu’elles passaient les portes du commissariat, se dirigeant vers une petite salle de réunion que la police locale les laissait utiliser comme base pour leurs opérations. Voyant qu’elles étaient seules, Zoe mit une nouvelle pile de papiers sur la table et commença à étaler le rapport du médecin légiste ainsi que des photographies et quelques autres rapports des officiers qui étaient arrivés en premier sur la scène de crime.
— Tu n’as pas eu une super enfance alors ? demanda Shelley.
Ah. Peut-être qu’elle voyait, plus que ce que Zoe l’aurait cru en tout cas.
Elle n’aurait peut-être pas dû être surprise. Pourquoi Shelley ne serait-elle pas capable de lire les émotions et les pensées de la même façon que Zoe pouvait lire les angles, les mesures et les séquences ?
— Ce n’était pas la meilleure, dit Zoe, repoussant ses cheveux de ses yeux et se concentrant sur les papiers. Et pas la pire. J’ai survécu.
Il y avait un écho dans sa tête, un cri qui lui venait de voilà longtemps et de loin. Enfant démoniaque. Monstre. Regarde ce que tu nous as fait faire ! Zoe le refoula, ignorant le souvenir d’un jour passé enfermée dans sa chambre en guise de punition pour ses péchés, ignorant la longue et difficile solitude qu’elle avait connue enfant.
Shelley vint se placer rapidement en face d’elle, étalant les quelques photos qu’elles avaient déjà, puis soulevant les dossiers des autres affaires.
— On n’est pas obligées d’en parler, dit-elle doucement. Je suis désolée. Tu ne me connais pas encore.
Cet « encore » était de mauvais augure : il impliquait un moment, même si ce n’était que dans un avenir lointain, où elle s’attendrait à ce que Zoe lui fasse assez confiance pour lui raconter tous les secrets enfermés en elle depuis qu’elle était enfant. Ce que Shelley ne savait pas et ne pouvait pas deviner grâce à ses petites questions, c’était que Zoe n’allait jamais dire à qui que ce soit ce qui lui était arrivé durant son enfance.
Excepté peut-être à la psychiatre que le Dr Applewhite avait essayé de lui faire voir.
Zoe refoula tout afin d’adresser un sourire tendu à sa partenaire et hocha la tête avant de lui prendre un des dossiers des mains.
— On devrait passer en revue les affaires précédentes. Je vais lire celle-ci et tu peux lire l’autre.
Shelley se dirigea vers une chaise de l’autre côté de la table et regarda les images du premier dossier étalées sur la table tout en se mordant un ongle. Zoe détourna son regard d’elle et se concentra sur les images devant elle.
— La première victime a été tuée dans un parking vide à l’extérieur d’un café-restaurant qui avait fermé une demi-heure auparavant, lut Zoe à voix haute, résumant le contenu du rapport. Elle y travaillait comme serveuse, elle avait deux enfants, n’avait pas fait d’études supérieures et était apparemment restée dans la même СКАЧАТЬ