Jane Austen: Oeuvres Majeures. Джейн Остин
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Название: Jane Austen: Oeuvres Majeures

Автор: Джейн Остин

Издательство: Bookwire

Жанр: Языкознание

Серия:

isbn: 9788027302383

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СКАЧАТЬ un presbytère. Au reste à présent vous pourrez renoncer à embrasser ce saint état, pour lequel je vous crois cependant une vocation toute particulière. Adieu donc, mon cher pasteur, vous m’avez donné l’exemple de la désobéissance à nos parens, et je l’ai suivi. Vraiment je trouve très-doux, quand on n’est plus enfant, de faire sa volonté plutôt que celle des autres ; et vous aviez bien raison. Ma mère m’en a donné les moyens ; j’en profite, et j’ai sans doute votre approbation.

      » Votre heureux frère,

      Robert Ferrars. »

      Elinor les rendit sans aucun commentaire.

      Je ne vous demande pas votre opinion, dit Edward, sur le style de ma belle-sœur. Pour le monde, je n’aurais pas voulu que vous eussiez vu une lettre d’elle quand elle devait être ma femme. Combien de fois j’ai rougi en les lisant ! Je crois en vérité que, passé les premiers six mois, cette lettre est la seule qui m’ait fait un plaisir sans mélange.

      Il m’est impossible, dit Maria, de ne pas observer comme votre mère a été punie par son propre tort. L’indépendance qu’elle a donnée à Robert par ressentiment contre vous, a entièrement tourné contre elle. Il est vraiment assez plaisant qu’elle ait donné mille pièces de revenu à l’un de ses fils, pour qu’il fit exactement la même faute pour laquelle elle déshéritait l’autre. Car je suppose qu’elle sera aussi blessée du mariage de Robert, qu’elle l’avait été du vôtre.

      — Elle le sera bien davantage, dit Edward, Dans le fond de son ame elle n’était pas fâchée d’un prétexte de mettre mon frère à ma place ; mais aussi comme il a toujours été son favori, sa faute sera plus vite pardonnée.

      — Peut-être, dit Elinor, trouvera-t-elle votre second choix aussi mauvais que le premier. Avez-vous communiqué vos intentions à quelqu’un de votre famille ?

      — Non, pas encore, chère amie ! Ma première pensée, après avoir reçu la lettre de Lucy, fut de me mettre en route pour Barton par le plus court chemin. J’ai quitté Oxford le lendemain. Je voulais avant tout, mon Elinor, obtenir votre aveu et celui de votre mère. Hélas ! je suis à présent un bien pauvre parti ! un ministre de village avec deux ou trois cents pièces de revenu. Voilà tout ce que je puis offrir à celle qui, à mon avis, mériterait le trône du monde.

      — Et votre cœur, dit Elinor avec son charmant sourire, ce cœur que le mien sait apprécier depuis long-temps, ne le comptez-vous pour rien ? Moi je le compte pour tout, et il vaut mieux pour moi que tous les trônes.

      Il fallut lui expliquer ensuite comment on l’avait cru marié, et comment Thomas avait rencontré Lucy et Robert. Ce récit excita de nouveau son indignation contre la première, qui s’était certainement fait un jeu de tromper un moment Elinor, en lui faisant croire qu’elle avait épousé Edward. Depuis long-temps les yeux de celui-ci s’étaient ouverts sur son ignorance complète, son mauvais ton, et ce genre de finesse malicieuse, que ceux qui l’ont qualifient du nom d’esprit, et qui n’en est que le simulacre ; car c’est presque toujours au contraire le signe d’un esprit étroit et d’un manque d’éducation. Edward attribuait à ce dernier travers tous les défauts de Lucy, et la croyait d’ailleurs une bonne fille, ayant assez d’esprit naturel et d’attachement pour lui, pour se former insensiblement. Sans cette idée rien ne l’aurait empêché de rompre un engagement qui était une source de peines et de regrets. – Je crus de mon devoir, poursuivit-il, lorsque je fus déshérité, de lui donner encore l’option d’annuler ou de continuer nos engagemens. J’étais alors dans une situation qui ne pouvait, ce me semble, tenter ni la vanité, ni l’avarice de qui que ce soit. En persistant à vouloir m’épouser, elle semblait me prouver une affection vive et désintéressée, dont je fus entièrement dupe, et qui me donna des remords. Encore à présent je ne puis comprendre pourquoi elle s’obstinait à enchaîner un homme qu’elle n’aimait pas, dont elle savait n’être-pas aimée, et qui n’avait plus ni fortune, ni amis, ni protection. Elle ne pouvait pas deviner que le colonel Brandon me donnerait un bénéfice.

      — Non, dit Maria ; mais il pouvait arriver tel événement dans votre famille qui vous remît à votre place. Elle ne risquait rien pour elle-même, puisqu’elle a prouvé qu’elle se croyait en pleine liberté. Votre nom seul lui donnait un grand relief parmi les siens, et si rien ne se présentait de plus avantageux, elle vous aurait du moins préféré au célibat. Indigne fille ! je l’ai toujours devinée, et je n’ai aucun repentir de ma manière froide et repoussante avec elle.

      Edward apprit avec plaisir que le colonel Brandon était attendu à la chaumière. Il était charmé d’une prompte occasion de le remercier mieux qu’il ne l’avait fait encore. La mauvaise humeur que lui donnait ce don, lorsqu’il l’obligeait d’épouser Lucy, avait percé dans l’expression très-faible de sa reconnaissance. À présent, dit-il, en pourrai-je jamais témoigner assez à celui qui assure mon bonheur ? Sans asile, et presque sans revenu, aurais-je osé demander cette main chérie ?

      — Sans asile ? dit madame Dashwood, n’auriez-vous pas pu vivre ici avec nous ? Le gendre qui rendra mon Elinor heureuse comme elle mérite de l’être, sera toujours assez riche pour moi, et je partagerai avec lui le peu que je possède.

      Elinor vint embrasser son excellente mère. Un peu moins romanesque qu’elle, elle savait bien qu’on ne vit pas d’amour, et que trois cent cinquante pièces par an, qui étaient tout ce qu’ils pouvaient espérer, en réunissant leurs petites fortunes, demandaient beaucoup d’économie pour nouer les deux bouts de l’année. Edward n’était pas sans espérance que sa mère ne fît à présent quelque chose pour lui ; mais non pas Elinor. Mademoiselle Morton et ses trente mille livres étant encore là, elle était sûre que madame Ferrars, qui la regardait seulement comme un parti moins déshonorant que Lucy, offrirait encore à son fils, non marié, mademoiselle Morton, et sur son nouveau refus, dont elle ne doutait pas, le déshériterait cette fois pour toujours, et, que l’offense de Robert ne servirait qu’à enrichir Fanny. Mais Elinor et Edward avaient tous les deux des goûts si simples, qu’ils étaient sûrs de pouvoir trouver, malgré cela, le bonheur dans leur étroite médiocrité de fortune.

      Edward fut invité par madame Dashwood à passer huit jours à la chaumière, et l’on juge s’il accepta avec transport, et si Elinor fut heureuse. Mais leur caractère à tous les deux ne donnait pas beaucoup d’expansion à leur bonheur ; ils en jouissaient en silence. Elinor d’ailleurs ménageait Maria, et ne voulait pas lui offrir le spectacle d’un amour heureux et passionné. Edward était avec toutes comme un frère chéri ; et un étranger aurait eu peine à deviner à laquelle il était attaché par l’amour le plus tendre et le plus réciproque.

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