Название: Une Chanson pour des Orphelines
Автор: Морган Райс
Издательство: Lukeman Literary Management Ltd
Жанр: Героическая фантастика
Серия: Un Trône pour des Sœurs
isbn: 9781640293236
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“Il faut que je voie sa majesté”, dit Angelica.
“Personne ne nous a dit que notre reine allait recevoir quelqu'un”, dit un des gardes sans formuler la moindre excuse ni faire preuve de la courtoisie qu'il devait à Angelica. En son for intérieur, Angelica décida que cet homme paierait pour son insolence en temps et en heure. Peut-être pourrait-elle trouver le moyen de le faire renvoyer à la guerre ?
“Je n'ai su que ce serait nécessaire qu'il y a peu”, dit Angelica. “Veuillez lui demander si elle veut bien me recevoir. C'est à propos de son fils.”
A ces mots, le garde hocha la tête et entra dans les appartements de la Douairière. La position d'Angelica n'avait pas suffi à le convaincre d'obéir mais le nom de Sebastian l'avait fait. Peut-être savait-il simplement ce que la Douairière avait déjà expliqué à Angelica : elle était prête à presque tout pour le bien de ses fils.
C'était ce qui faisait espérer à Angelica que son plan marcherait peut-être mais c'était aussi ce qui le rendait dangereux. La Douairière pourrait faire le nécessaire pour empêcher Sebastian de quitter le palais mais elle pourrait tout aussi facilement faire tuer Angelica pour ne pas avoir réussi à le séduire autant qu'on le lui avait ordonné. Rendez-le heureux, lui avait dit la vieille chouette, ne lui laissez pas le temps de penser à une autre femme. Ce qu'elle avait entendu par là avait été bien assez clair.
Le garde réapparut assez vite et tint la porte ouverte pour laisser entrer Angelica. Il ne s'inclina pas comme il l'aurait dû et il ne l'annonça même pas avec son titre complet.
“Milady d’Angelica”, se contenta-t-il de dire.
Cela dit, quels titres est-ce qu'Angelica pouvait opposer à ceux d'une reine ? Parmi les pouvoirs qu'elle possédait, lequel aurait pu survivre à une comparaison avec ceux de la femme qui se tenait dans le salon de ses appartements, le visage aussi calmement inexpressif qu'un masque ?
Angelica fit sa révérence parce qu'elle n'osait rien faire d'autre. La Douairière lui ordonna impatiemment de s'asseoir.
“Voilà une visite bien soudaine”, dit-elle sans sourire, “ainsi que des nouvelles sur mon fils. Je pense que nous pourrions éviter de perdre du temps avec cette révérence.”
Et si Angelica ne l'avait pas faite, la mère de Sebastian l'aurait sûrement réprimandée pour son manque de correction.
“Vous m'avez dit de vous communiquer toutes les nouvelles sur Sebastian, votre Majesté”, dit Angelica.
La Douairière hocha la tête et se déplaça vers un chaise d'apparence confortable. Elle ne proposa pas à Angelica de s'asseoir.
“Je sais ce que je vous ai ordonné de faire. Je sais aussi ce que j'ai dit que je ferais si vous ne le faisiez pas.”
Angelica se souvenait des menaces, elle aussi. Le Masque de Plomb, la punition traditionnelle pour les traîtres. Rien qu'y penser la faisait frissonner.
“Alors ?” demanda la Douairière. “Avez-vous réussi à faire de mon fils le futur mari le plus heureux du monde ?”
“Il dit qu'il s'en va”, dit Angelica. “Il était en colère qu'on le manipule et il a déclaré qu'il allait retrouver la putain qu'il aimait avant.”
“Et vous n'avez rien fait pour l'arrêter ?” demanda la Douairière.
Angelica avait peine à en croire ses oreilles. “Qu'auriez-vous voulu que je fasse ? L'attacher à la porte ? L'enfermer à clé dans ses appartements ?”
“Faut-il que je vous dise tout en détail ?” dit la Douairière. “Même si Sebastian n'est pas Rupert, il est quand même un homme.”
“Vous imaginez que je n'ai pas essayé ça ?” répliqua Angelica. Cette partie-là de l'histoire la vexait encore plus que tout le reste. Avant, personne n'avait jamais rejeté ses avances. Tous les hommes qu'elle avait voulus, que ce soit par authentique désir ou simplement pour prouver qu'elle pouvait les avoir, étaient venus au pas de course. Sebastian avait été le seul à la rejeter. “Il est amoureux.”
La Douairière resta immobile et sembla se calmer un peu. “Donc, vous me dites que vous ne pouvez pas être la femme qu'il me faut pour mon fils ? Que vous ne pouvez pas le rendre heureux ? Que vous ne me servez à rien ?”
Angelica vit trop tard le guêpier dans lequel elle s'était fourrée.
“Je n'ai pas dit ça”, dit-elle. “Je suis venue parce que —”
“Parce que vous vouliez que je résolve vos problèmes à votre place et parce que vous aviez peur de ce qui arriverait si vous ne le faisiez pas”, dit la Douairière. Elle se leva et, du doigt, frappa Angelica à la poitrine. “Eh bien, je ne vous donnerai qu'un seul conseil. S'il est parti à la recherche de la fille, l'endroit où il est le plus probable qu'elle se rende est Monthys, dans le nord. Voilà. Est-ce suffisant pour vous ou faut-il que je vous dessine une carte ?”
“Comment le savez-vous ?” demanda Angelica.
“Parce que je connais tous les tenants et tous les aboutissants de cette histoire”, répliqua sèchement la Douairière. “Soyons clairs, Milady. J'ai déjà fait quelque chose pour contrôler mon fils. Je vous ai envoyé le distraire. Maintenant, si nécessaire, je renoncerai à cette possibilité mais, dans ce cas, il n'y aura pas de mariage et je serai ... très déçue de vous.”
Elle n'eut pas besoin de rappeler sa menace. Dans le meilleur des cas, Angelica serait renvoyée de la cour. Dans le pire des cas …
“Je résoudrai ce problème”, promit-elle. “Je ferai en sorte que Sebastian n'aime que moi.”
“Faites-le”, dit la Douairière. “Quoi qu'il en coûte, faites-le.”
***
Angelica n'avait pas le temps de se laisser aller aux subtilités auxquelles les nobles se livraient habituellement pour partir en voyage. Ce n'était pas le moment d'avancer lentement en carrosse, entouré par un troupeau de parasites et par tant de domestiques qu'on ne progressait qu'à la vitesse d'un piéton. En fait, elle ordonna à ses domestiques de lui retrouver ses vêtements d'équitation et se prépara elle-même un petit sac contenant les choses dont elle allait peut-être avoir besoin. Elle s'attacha même les cheveux d'une façon beaucoup plus simple que les tresses compliquées qu'elle préférait d'habitude, car elle savait qu'elle n'aurait pas le temps de s'occuper de ça en route. De plus, il y avait des choses qu'il valait mieux qu'on ne la voie pas faire.
Elle partit pour Ashton en manteau pour être sûre que personne ne la reconnaisse. Elle prit aussi un demi-masque car, en ville, c'était une marque de piété assez courante pour que personne ne s'en étonne. D'abord, elle chevaucha jusqu'aux portes du palais et s'arrêta à côté des gardes en faisant tourner une pièce entre ses doigts.
“Le Prince Sebastian”, dit-elle. “Par où est-il parti ?”
Elle СКАЧАТЬ