Название: Un Chant Funèbre pour des Princes
Автор: Морган Райс
Издательство: Lukeman Literary Management Ltd
Жанр: Героическая фантастика
Серия: Un Trône pour des Sœurs
isbn: 9781640293526
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C'est ça. Viens me retrouver. Je peux te donner tout ce que tu veux. Tu ne seras plus jamais seule.
Cora voulait que le coracle fonce vers la créature. Elle voulait plonger dans l'eau pour être avec la créature qui lui promettait tant. Elle se leva à moitié, prête à le faire.
“Attends !” cria Emeline. “C'est une ruse, Cora !”
Cora sentit quelque chose s'installer autour de son esprit, un mur qui s'élevait entre elle et les promesses de sécurité. Elle vit Emeline souffrir sous l'effort et comprit que ce devait être l'autre fille qui le faisait, qui bloquait avec ses propres talents le pouvoir qui cherchait à les attirer.
Non, viens me retrouver, insista la chose, mais c'était un écho distant de ce que cela avait été.
Alors, Cora la regarda, la regarda vraiment. Elle vit l'eau tourbillonnante, vit les courants qui l'entouraient et qui noieraient tous ceux qui auraient l'imprudence de s'y risquer. Elle se souvint des vieilles histoires des esprits des rivières, les kelpies, une sorte de magie dangereuse qui s'était mise le monde à dos.
Elle vit l'eau commencer à bouger sous le coracle et ne comprit ce qui se passait que lorsque le courant commença à tirer leur embarcation vers l'avant.
“Emeline !” cria-t-elle. “Elle nous aspire !”
Emeline resta immobile, tremblant visiblement sous l'effort pendant qu'elle se battait pour empêcher la créature de les submerger toutes les deux. Donc, c'était à Cora d'agir. Elle saisit la pagaie du coracle et rama de toutes ses forces en direction de la rive.
D'abord, il lui sembla qu'il ne se passait rien. Le courant était trop fort et l'attraction du kelpie trop violente. Cora reconnut ces pensées pour ce qu'elles étaient et les écarta. Elle n'avait pas besoin de pagayer contre le courant, juste de rejoindre la rive. Elle pagaya aussi fort que possible, forçant le coracle à bouger à la seule force de sa volonté.
Lentement, alors que Cora pagayait, le coracle commença à changer de trajectoire, à se rapprocher de la rive.
“Vite”, dit Emeline à côté d'elle. “Je ne sais pas combien de temps je vais pouvoir tenir.”
Cora continua à pagayer et le coracle se déplaça de ce qui lui sembla être quelques centimètres mais bougea. Il se rapprocha de plus en plus jusqu'au moment où, finalement, Cora pensa que les roseaux devaient être à portée de main. Elle les saisit, réussit à en prendre une poignée et, grâce à eux, à rapprocher leur minuscule embarcation de la rive. Elle y tira le coracle puis bondit sur la terre ferme en tirant Emeline par le bras.
Elle tira son amie sur la rive et vit le coracle se faire aspirer par le courant. Cora vit le kelpie se dresser, apparemment furieux, puis s'abattre sur le petit vaisseau et le faire voler en éclats.
Dès qu'elles furent sur la terre ferme, Cora sentit la pression qui s'exerçait sur son esprit s'alléger. Quant à Emeline, elle inspira brusquement et se releva, enfin libre. Il semblait que, si elles n'étaient plus sur l'eau, le kelpie ne pouvait pas les atteindre. Il se dressa à nouveau puis plongea et disparut hors de leur vue.
“Je crois que nous sommes en sécurité”, dit Cora.
Elle vit Emeline hocher la tête. “Je crois quand même que … nous allons peut-être éviter l'eau pendant quelque temps.”
Comme elle avait l'air épuisée, Cora l'aida à s'éloigner de la rive. Il leur fallut un moment pour trouver un sentier mais, une fois qu'elles y furent, il leur sembla naturel de le suivre.
Elles continuèrent sur la route et, maintenant, il y avait plus de gens que dans le nord. Cora vit des pêcheurs qui venaient des rives et des fermiers avec des chariots pleins de marchandises. Elle vit d'autres gens arriver de partout avec des chargements de tissu ou des troupeaux d'animaux. Un homme rassemblait même une volée de canards qui couraient devant lui comme des moutons auraient pu le faire avec quelqu'un d'autre.
“Il doit y avoir un marché itinérant”, dit Emeline.
“On devrait y aller”, dit Cora. “Ils pourraient nous indiquer la route de Stonehome.”
“Ou ils pourraient nous prendre pour des sorcières et nous tuer dès qu'on demanderait”, signala Emeline.
Malgré ce danger, elles suivirent les gens sur les sentiers jusqu'au moment où elles virent le marché devant elles. Il était sur une petite île au cœur des rivières. La route était guéable à une dizaine d'endroits. Sur cette île, Cora vit des étals et des ventes aux enchères pour toutes sortes de choses, des marchandises au bétail. Elle était contente que personne n'essaie de vendre de filles liées par contrat synallagmatique aujourd'hui.
Elle et Emeline allèrent sur l'île, qu'elles atteignirent en passant par un des gués. Elles gardèrent la tête basse, se mêlèrent à la foule autant que possible, surtout quand Cora vit la silhouette masquée d'une prêtresse errer dans la foule en dispensant les bénédictions de sa déesse.
Cora se trouva attirée vers un espace où des acteurs interprétaient La Danse de St. Cuthbert, bien que ce ne soit pas la version sérieuse qu'on avait parfois donnée au palais. Cette version contenait beaucoup plus d'humour obscène et de prétendus combats à l'épée. Apparemment, la troupe connaissait son public. Quand la pièce fut finie, les acteurs firent leur révérence et les gens commencèrent à crier les noms de leurs pièces et de leur sketchs préférés en espérant que la troupe les jouerait.
“Je ne vois toujours pas comment trouver quelqu'un qui connaît la route de Stonehome”, dit Emeline, “ou alors, il faudrait que nous nous rendions aux prêtres.”
Cora y avait réfléchi elle aussi. Elle avait une idée.
“Si certaines personnes commencent à y penser, tu le verras, n'est-ce pas ?” demanda-t-elle.
“Peut-être”, dit Emeline.
“Donc, il faut les y faire penser”, dit Cora. Elle se tourna vers les acteurs. “Pourquoi pas Les Filles du Gardien des Pierres ?” cria-t-elle en espérant que la foule la dissimulerait aux regards inquisiteurs.
A sa grande surprise, cela marcha, peut-être parce que c'était une pièce qu'il était courageux, sinon même dangereux de demander : c'était une histoire où les filles d'un tailleur de pierre s'avéraient être des sorcières et trouvaient un endroit où vivre loin de ceux qui voulaient les pourchasser. C'était la sorte de pièce qui pouvait entraîner une arrestation si on la jouait au mauvais endroit.
Cela dit, ils acceptèrent de la jouer ici dans toute sa gloire. Des silhouettes masquées représentant les prêtres poursuivaient les jeunes hommes qui interprétaient les jeunes femmes pour conjurer le mauvais sort. Pendant ce temps-là, Cora regardait Emeline avec impatience.
“Eh bien, est-ce que ça les fait penser à Stonehome ?” demanda-t-elle.
“Oui, mais cela ne signifie pas … attends”, dit Emeline en tournant la tête. “Tu vois cet homme là-bas, le marchand de laine ? Il se souvient d'une époque où il y est allé commercer. Cette femme … c'est sa sœur et elle y est allée.”
“Donc, tu as retrouvé СКАЧАТЬ