Название: La Fabrique Magique
Автор: Морган Райс
Издательство: Lukeman Literary Management Ltd
Жанр: Героическая фантастика
Серия: Oliver Blue à l’École des Prophètes
isbn: 9781640297852
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Oliver Blue jeta un coup d’œil dans la pièce sombre et miteuse. Il soupira. Cette nouvelle maison était à peu près aussi croulante que la précédente. Il serra sa seule valise dans ses mains.
— Maman ? dit-il. Papa ?
Ils se retournèrent tous les deux pour le regarder, accentuant leurs froncements de sourcils permanents.
— Quoi, Oliver ? dit sa mère, exaspérée. Si c’est pour dire que tu détestes cet endroit, tu peux t’en abstenir. C’est tout ce que nous pouvions nous permettre.
Elle semblait plus stressée que d’habitude. Oliver serra les lèvres.
— Ce n’est pas grave, marmonna-t-il.
Il se tourna vers les escaliers. En haut, il pouvait déjà entendre son frère aîné, Chris, explorer les lieux en tapant des pieds. Son redoutable frère au pas lourd inspectait toujours chaque nouvelle maison afin de revendiquer la meilleure chambre avant qu’Oliver n’en ait eu la chance.
Il monta péniblement, valise à la main. Sur le palier, il trouva trois portes. Derrière l’une d’elles se trouvait une salle de bain ; la suivante s’ouvrait sur une grande chambre avec un lit double ; et la troisième contenait Chris, qui était étalé sur un lit tel une étoile de mer.
— Où est ma chambre ? dit Oliver à haute voix.
Comme si elle anticipait la question, sa mère cria dans l’escalier.
— Il n’y a qu’une seule chambre. Vous allez devoir partager les garçons.
Oliver sentit un tourbillon de panique se former dans le creux de son estomac. Partager ? Ce n’était pas un mot que Chris acceptait bien.
Sans surprise, Chris se leva d’un bond. Il se précipita sur Oliver et le plaqua contre le mur. Oliver émit un bruit sourd.
— Nous n’allons pas partager, siffla Chris entre ses dents. J’ai treize ans, je ne partage pas ma chambre avec un BÉBÉ !
— Je ne suis pas un bébé, murmura Oliver. J’ai onze ans.
Chris ricana.
— Exactement. Un avorton. Alors tu vas descendre et dire à papa et maman que tu ne veux pas partager.
— Dis-le leur toi-même, grommela Oliver. Puisque c’est toi qui as un problème.
Chris eut encore plus l’air renfrogné.
— Et ternir ma réputation de fils favori ? Certainement pas. Tu le fais.
Oliver savait qu’il ne valait mieux pas provoquer Chris. La rage de son frère pouvait être déchaînée par la moindre petite chose. Au fil de ces années où il avait eu la malchance d’être le frère cadet de Chris Blue, Oliver avait appris à faire attention où il mettait les pieds, à se dérober aux humeurs de son frère. Il essaya de raisonner avec lui.
— Il n’y a nulle part ailleurs où dormir, répondit-il. Où est-ce que je suis censé aller ?
— Ce n’est pas mon problème, répondit Chris, en poussant encore Oliver. Va dormir dans le placard de la cuisine, sous l’évier avec les souris. Mais tu ne vas pas partager avec moi.
Il leva le poing en l’air, une menace qui ne nécessitait pas d’explication. Il n’y avait rien d’autre à dire. Avec un soupir résigné, Oliver se releva du mur, lissa ses vêtements froissés et redescendit l’escalier.
Son grand frère dévala les marches, et le poussa du coude en passant.
— Oliver a dit qu’il ne voulait pas partager, lança Chris.
Dans le salon, Oliver entendit sa mère, son père et Chris commencer à se disputer au sujet de l’organisation des couchages. Il ralentit le pas, ayant moins qu’envie d’être mêlé au combat.
Récemment, Oliver avait trouvé une nouvelle stratégie pour faire face lorsque des disputes éclataient. Il s’agissait d’envoyer son esprit dans un endroit différent, une sorte de monde imaginaire où tout était calme et sûr, où la seule limite était son imagination. Il s’y rendit maintenant. Il ferma les yeux et se représenta dans une immense fabrique de briques, entouré d’inventions incroyables. Des dragons volants en laiton et cuivre, d’énormes machines à vapeur aux rouages tournants. Oliver adorait les inventions, alors une grande usine remplie de créations magiques était exactement le genre d’endroit où il aurait aimé se trouver, plutôt qu’ici, dans cette maison abominable avec son horrible famille.
Soudain, la voix aiguë de sa mère le ramena au monde réel.
— Oliver ! Qu’est-ce que c’est tous ces ennuis que tu causes ?
Oliver déglutit difficilement et fit un dernier pas. Quand il atteignit le salon, ils étaient tous trois réunis, les bras croisés, un froncement de sourcils assorti sur leurs visages.
— Tu sais qu’il n’y a que deux pièces, commença son père.
— Et tu fais des histoires en disant que tu ne veux pas partager, ajouta sa mère.
— Qu’est-ce que nous sommes censés faire ? poursuivit son père. Nous n’avons pas l’argent nécessaire pour offrir une chambre à coucher à chacun de vous deux.
Oliver voulait leur crier que tout était la faute de Chris, mais la menace de la part de son frère était trop grande. Chris se tenait là, son regard noir braqué sur lui. Oliver ne pouvait rien faire hormis encaisser les mots durs et injustes de ses parents.
— Alors ? acheva sa mère. Où sa majesté prévoit-elle exactement de dormir ?
Chris sourit quand Oliver jeta un coup d’œil autour de lui. À ce qu’il pouvait voir, le rez-de-chaussée était en forme de “L”, avec un salon menant à une sorte de salle à manger – qui n’était en réalité qu’un coin ne comportant rien de plus qu’une table branlante – puis une cuisine après l’angle. Il n’y avait pas de pièce supplémentaire en bas, ce n’était qu’une seule pièce ouverte.
Oliver ne pouvait pas croire ce qui lui arrivait. Toutes leurs maisons avaient été horribles mais au moins il avait eu une chambre.
Derrière lui, Oliver vit qu’il y avait un léger retrait, provenant peut-être d’une cheminée qui avait été démontée des années auparavant. Ce n’était guère plus qu’une alcôve mais quelle autre option y avait-il ? Il allait devoir dormir dans un coin ! Sans aucune intimité !
Et que dire de toutes ses inventions secrètes, celles sur lesquelles il travaillait la nuit quand personne ne regardait ? Il savait que si Chris découvrait ce qu’il faisait, il le détruirait. Il piétinerait probablement ses inventions. Sans sa propre chambre et un endroit où garder tous ses secrets, Oliver ne pourrait pas du tout travailler dessus !
Oliver envisagea sincèrement le placard de la cuisine et se demanda si cela pourrait être mieux. Mais il décida que voir les souris grignoter ses inventions seraient aussi préjudiciable que voir Chris les piétiner. Il décida donc qu’avec un peu d’imagination – un rideau, une étagère, des lumières, ce genre de choses – l’alcôve pourrait presque СКАЧАТЬ