Название: Raison de Craindre
Автор: Блейк Пирс
Издательство: Lukeman Literary Management Ltd
Жанр: Современные детективы
Серия: Un Polar Avery Black
isbn: 9781640291386
isbn:
La glace sectionnée lui permit de voir la femme depuis le front jusqu'à ses genoux. Elle ressemblait presque à une figure de cire. Avery savait que les températures extrêmes pouvaient avoir quelque chose à voir avec cela, mais il y avait autre chose dans son absence d'imperfections. Elle était incroyablement – peut-être juste un peu plus de quarante-cinq kilos. Son visage rougi prenait une teinte bleue, mais à part cela, il n'y avait pas d'atteintes – ni éraflures, ni coupures, ni bleus ni même des boutons.
Avery remarqua également que, outre ses cheveux blonds mouillés et partiellement gelés, il n'y avait pas un seul poil sur son corps. Ses jambes étaient parfaitement rasées, tout comme sa région pubienne. Elle ressemblait à une poupée à taille réelle.
Avec un dernier regard sur le corps, Avery recula. « C'est bon », dit-elle à l'équipe de la Scientifique.
Ils s'avancèrent et comptèrent jusqu'à trois, extrayant lentement le corps de l'eau. Quand ils la sortirent, ils l'inclinèrent de telle sorte qu'elle atterrit surtout sur la couverture isolante. Avery nota qu'il y avait aussi une civière sous la couverture.
Avec le corps complètement hors de l'eau, elle remarqua deux autres choses qui la frappèrent, car étranges. Tout d'abord, la femme ne portait pas un seul bijou. Elle s'agenouilla et vit que ses oreilles étaient percées, mais il n'y avait pas de boucles d'oreilles. Elle tourna ensuite son attention sur la seconde bizarrerie : les ongles des mains et des pieds de la femme étaient soigneusement coupés – au point de paraître avoir été manucurés récemment.
C'était étrange, mais ce fut ce qui tira le plus les sonnettes d'alarme dans son esprit. Avec la chair glaciale qui devenait bleue sous ces ongles, il y avait quelque chose d'irréel. C'est presque comme si elle avait été lustrée, pensa-t-elle.
« C'est bon ici ? », lui demanda Hatch.
Elle acquiesça.
Pendant que tous trois recouvraient le corps et progressaient avec difficulté et précaution vers la rive avec le brancard, Avery resta près de la portion de glace coupée. Elle regarda dans l'eau, en réfléchissant. Elle plongea la main dans sa poche, à la recherche d'un petit détritus, mais tout ce qu'elle put trouver était un élastique qui s'était cassé net plus tôt dans la journée.
« Black ? », demanda Connelly depuis la rive. « Qu'est-ce que tu fais ? »
Elle regarda en arrière et le vit debout près de la glace, mais résolu à ne pas marcher dessus.
« Je travaille », dit-elle. « Pourquoi tu ne patines pas jusqu'ici pour aider? »
Il leva les yeux au ciel dans sa direction, et elle se retourna vers la glace. Elle laissa tomber l'élastique cassé dans l'eau et le regarda monter et descendre pendant un moment. Ensuite, il prit lentement le courant atone de l'eau sous la glace. Il fut repoussé en-dessous sur sa gauche, plus loin vers Watertown.
Donc elle a été jetée depuis un autre endroit, pensa Avery, en regardant la rivière en direction de Boston. Sur la rive, Connelly et l'agent avec lequel il parlait remontaient derrière l'équipe de la scientifique.
Avery resta sur la glace, maintenant debout et droite. Elle commençait à avoir très froid tout en regardant son souffle s'évaporer dans l'air. Mais quelque chose dans la température glaciale semblait la recentrer. Cela lui permettait de réfléchir, d'utiliser les légers craquements de la glace comme une sorte de métronome pendant qu'elle rassemblait ses idées.
Nue et sans une imperfection ou une ecchymose sur elle. Donc l'agression est exclue. Pas de bijoux, donc cela aurait pu être un vol. Mais dans la plupart des cas un corps, après avoir été volé, montrerait des signes de lutte…et cette femme était impeccable. Et que dire de ces ongles et de l'absence totale de poils ailleurs que sur sa tête?
Elle marcha lentement vers la rive, regardant le long de la rivière gelée jusque vers l'endroit où elle dessinait un méandre et poursuivait dans la direction de Boston. Il était étrange de penser combien la rivière Charles gelée était belle depuis l'Université de Boston alors que moins de vingt minutes auparavant, un corps en avait été retiré.
Elle releva le col de son manteau autour de son cou en retournant vers la rive. Elle arriva juste à temps pour voir les portes arrière de la fourgonnette de la Scientifique se refermer. Connelly s'approcha, mais il regardait derrière elle en direction de l'eau glacée.
« Tu l'as bien vue ? », demanda Avery.
« Ouais. Elle avait l'air d'un putain de jouet ou quelque chose comme ça. Toute pâle et froide et… »
« Et parfaite », dit Avery. « Tu as remarqué qu'il n'y avait pas de poils sur elle ? Pas de contusions ni de bosses non plus. »
« Ou de bijoux », ajouta Connelly. Avec un gros soupir, il l'interrogea : « Puis-je te demander quelles sont tes premières impressions ? »
Elle était bien plus disposée à être sans filtres avec Connelly maintenant. Elle l'avait été depuis que lui et O'Malley lui avaient offert une promotion au grade de sergent deux mois auparavant. En contrepartie, ils semblaient plus prêts à accepter dès le départ ses théories plutôt que de s'interroger sur tout ce qui sortait de sa bouche.
« Ses ongles étaient parfaitement coupés », dit-elle. « C'est comme si elle venait tout juste de sortir d'un salon avant d'être jetée dans la rivière. Ensuite, il y a le manque de poils partout. Un seul de ces éléments est déjà assez étrange, mais ensemble ça crie le geste intentionnel pour moi. »
« Tu penses que quelqu'un l'a nettoyée avant de la tuer ? »
« On dirait ça. C'est presque comme au dépôt mortuaire où l’on fait paraître les morts aussi présentable que possible pour l'ouverture du cercueil. Celui qui a fait ça l'a nettoyée. L'a rasée et lui a fait les ongles. »
« Une idée de la raison ? »
Avery haussa les épaules. « Je ne peux que spéculer pour le moment. Mais je peux te dire une chose que tu ne vas probablement pas beaucoup aimer. »
« Ah bon sang », dit-il en sachant ce qui allait venir.
« Ce mec a pris son temps…même pas dans le meurtre, mais dans ce à quoi le corps ressemblerait quand il serait trouvé. Il avait la volonté. La patience. Sur la base de cas similaires, je peux presque te garantir qu'elle ne sera pas la seule. »
Avec un autre de ses soupirs caractéristiques, Connelly sortit son téléphone de sa poche. « Je vais convoquer une réunion au A1 », dit-il. « Je leur ferai savoir que nous avons un potentiel de tueur en série. »
CHAPITRE TROIS
Avery supposait que, si elle devait accepter le poste de sergent, il faudrait qu'elle surmonte sa haine de la salle de conférence du A1. Elle n'avait rien contre la pièce en soi. Mais elle savait qu'une réunion tenue en son sein si peu de temps après la découverte d'un corps signifiait qu'il y aurait des discussions et des débats, dont la plupart auraient pour but de démonter ses théories.
Peut-être qu'en tant que sergent cela prendra-t-il fin, pensa-t-elle en entrant dans la pièce.
СКАЧАТЬ