Путешествие к центру Земли / Voyage au centre de la Terre. Жюль Верн
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Читать онлайн книгу Путешествие к центру Земли / Voyage au centre de la Terre - Жюль Верн страница 6

СКАЧАТЬ je vous accompagnerais volontiers, si une pauvre fille ne devait être un embarras pour vous.

      – Dis-tu vrai ?

      – Je dis vrai. »

      Ah ! femmes, jeunes filles, cœurs féminins toujours incompréhensibles ! Quand vous n’êtes pas les plus timides des êtres, vous en êtes les plus braves ! J’étais déconcerté, et, pourquoi ne pas le dire, honteux.

      « Graüben, repris-je, nous verrons si demain tu parleras de cette manière.

      – Demain, cher Axel, je parlerai comme aujourd’hui. »

      Graüben et moi, nous tenant par la main, mais gardant un profond silence, nous continuâmes notre chemin.

      « Après tout, pensai-je, les calendes de juillet sont encore loin, et, d’ici là, bien des événements se passeront qui guériront mon oncle de sa manie de voyager sous terre. »

      La nuit était venue quand nous arrivâmes à la maison de Königstrasse. Je m’attendais à trouver la demeure tranquille, mon oncle couché suivant son habitude, et la bonne Marthe donnant à la salle à manger le dernier coup de plumeau du soir. Mais j’avais compté sans l’impatience du professeur.[40] Je le trouvai criant, s’agitant au milieu d’une troupe de porteurs qui déchargeaient certaines marchandises dans l’allée.

      « Mais viens donc, Axel ; hâte-toi donc, malheureux ! s’écria mon oncle du plus loin qu’il m’aperçut. Et ta malle qui n’est pas faite, et mes papiers qui ne sont pas en ordre, et mon sac de voyage dont je ne trouve pas la clef ! »

      Je demeurai stupéfait. C’est à peine si mes lèvres purent articuler ces mots :

      « Nous partons donc ?

      – Oui, malheureux garçon, après-demain matin, à la première heure. »

      Je ne pus en entendre davantage, et je m’enfuis dans ma petite chambre.

      Il n’y avait plus à en douter. Mon oncle venait d’employer son après-midi à se procurer une partie des objets et ustensiles nécessaires à son voyage ; l’allée était encombrée d’échelles de cordes, de cordes à nœuds, de torches, de gourdes, de crampons de fer, de pics, de bâtons ferrés, de pioches, de quoi charger dix hommes au moins.

      Je passai une nuit affreuse. Le lendemain, je m’entendis appeler de bonne heure. J’étais décidé à ne pas ouvrir ma porte. Mais pouvais-je résister à la douce voix qui prononçait ces mots : « Mon cher Axel ? »

      Je sortis de ma chambre.

      « Axel, me dit Graüben, ton oncle est un hardi savant, un homme de grand courage, et tu te souviendras que son sang coule dans tes veines. Il atteindra son but, je n’en doute pas. C’est beau de se dévouer ainsi à la science ! Quelle gloire attend M. Lidenbrock et rejaillira sur son compagnon ! Au retour, Axel, tu seras un homme, son égal, libre de parler, libre d’agir, libre enfin de… »

      La jeune fille, rougissante, n’acheva pas. Ses paroles me ranimaient. Cependant je ne voulais pas croire encore à notre départ. J’entraînai Graüben vers le cabinet du professeur.

      « Mon oncle, dis-je, il est donc bien décidé que nous partons ?

      – Comment ! tu en doutes ?

      – Non, dis-je afin de ne pas le contrarier. Seulement, je vous demanderai ce qui nous presse.

      – Mais le temps ! le temps qui fuit avec une irréparable vitesse !

      – Cependant nous ne sommes qu’au 26 mai, et jusqu’à la fin de juin…

      – Eh ! crois-tu donc, ignorant, qu’on se rende si facilement en Islande ? De Copenhague à Reykjawik il n’y a qu’un service[41], le 22 de chaque mois. Il faut donc gagner Copenhague au plus vite pour y chercher un moyen de transport. Va faire ta malle ! »

      Il n’y avait pas un mot à répondre. Je remontai dans ma chambre. Graüben me suivit. Ce fut elle qui se chargea de mettre en ordre, dans une petite valise, les objets nécessaires à mon voyage. Elle n’était pas plus émue que s’il se fût agi d’une promenade à Lubeck ou à Helgoland. Ses petites mains allaient et venaient sans précipitation. Enfin la dernière courroie de la valise fut bouclée. Je de-scendis au rez-de-chaussée.

      Pendant cette journée, les fournisseurs d’instruments de physique, d’armes, d’appareils électriques, s’étaient multipliés. La bonne Marthe en perdait la tête.

      « Est-ce que Monsieur est fou ? » me dit-elle.

      Je fis un signe affirmatif.

      « Et il vous emmène avec lui ? »

      Même affirmation.

      « Où cela ? dit-elle. »

      J’indiquai du doigt le centre de la terre.

      « À la cave ? s’écria la vieille servante.

      – Non, dis-je enfin, plus bas ! »

      Le soir arriva. Je n’avais plus conscience du temps écoulé.

      « À demain matin, dit mon oncle, nous partons à six heures précises. »

      À dix heures je tombai sur mon lit comme une masse inerte.

      Pendant la nuit mes terreurs me reprirent.

      Je la passai à rêver de gouffres ! J’étais en proie au délire. Je me sentais étreint par la main vigoureuse du professeur, entraîné, abîmé, enlisé ! Ma vie n’était plus qu’une chute interminable.

      Je me réveillai à cinq heures, brisé de fatigue et d’émotion. Je descendis à la salle à manger. Mon oncle était à table. Il dévorait. Je le regardai avec un sentiment d’horreur. Mais Graüben était là. Je ne dis rien. Je ne pus manger.

      À cinq heures et demie, un roulement se fit entendre dans la rue. Une large voiture arrivait pour nous conduire au chemin de fer d’Altona. Elle fut bientôt encombrée des colis de mon oncle.

      « Et ta malle ? me dit-il.

      – Elle est prête, répondis-je en défaillant.

      – Dépêche-toi donc de la descendre, ou tu vas nous faire manquer le train ! »

      Lutter contre ma destinée me parut alors impossible. Je remontai dans ma chambre, et laissant glisser ma valise sur les marches de l’escalier, je m’élançai à sa suite.

      En ce moment mon oncle remettait solennellement entre les mains de Graüben « les rênes » de sa maison. Elle embrassa son tuteur, mais elle ne put retenir une larme en effleurant ma joue de ses douces lèvres.

      « Graüben ! m’écriai-je.

      – Va, mon cher Axel, va, me dit-elle, tu quittes ta fiancée, mais tu trouveras ta femme au retour. »

      Je serrai Graüben dans mes bras, et pris place dans la voiture.

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<p>40</p>

Mais j’avais compté sans l’impatience du professeur. – Но я не учёл нетерпеливый нрав профессора.

<p>41</p>

De Copenhague à Reykjawik il n’y a qu’un service… – Есть только один пароход из Копенгагена в Рейкъявик…