Путешествие к центру Земли / Voyage au centre de la Terre. Жюль Верн
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Читать онлайн книгу Путешествие к центру Земли / Voyage au centre de la Terre - Жюль Верн страница 3

СКАЧАТЬ bien ? et son dîner ? fit la vieille servante.

      – Il ne dînera pas !

      – Et son souper ?

      – Il ne soupera pas !

      – Comment ? dit Marthe en joignant les mains.

      – Non, bonne Marthe, il ne mangera plus, ni personne dans la maison ! Mon oncle Lidenbrock nous met tous à la diète jusqu’au moment où il aura déchiffré un vieux grimoire qui est absolument indéchiffrable !

      – Jésus ! nous n’avons donc plus qu’à mourir de faim ! »

      Je n’osai pas avouer qu’avec un homme aussi absolu que mon oncle, c’était un sort inévitable.

      La vieille servante, sérieusement alarmée, retourna dans sa cuisine en gémissant.

      Je me mis au travail. Je triai, j’étiquetai, je disposai dans leur vitrine toutes ces pierres creuses au dedans desquelles s’agitaient de petits cristaux.

      Mais cette occupation ne m’absorbait pas. L’affaire du vieux document ne laissait point de me préoccuper étrangement. Ma tête bouillonnait, et je me sentais pris d’une vague inquiétude. J’avais le pressentiment d’une catastrophe prochaine.

      Au bout d’une heure, mes géodes étaient étagées avec ordre. Je me laissai aller alors dans le grand fauteuil, les bras ballants et la tête renversée.

      Où pouvait être mon oncle en ce moment ? Rentrerait-il triomphant ou découragé ? Qui aurait raison l’un de l’autre, du secret ou de lui ? Je m’interrogeais ainsi, et, machinalement, je pris entre mes doigts la feuille de papier sur laquelle s’allongeait l’incompréhensible série des lettres tracées par moi. Je me répétais :

      « Qu’est-ce que cela signifie ? »

      J’étais en proie à une sorte d’hallucination ; j’étouffais ; il me fallait de l’air. Machinalement, je m’éventai avec la feuille de papier[22], dont le verso et le recto se présentèrent successivement à mes regards.

      Quelle fut ma surprise, quand dans l’une de ces voltes rapides, au moment où le verso se tournait vers moi, je crus voir apparaître des mots parfaitement lisibles, des mots latins, entre autres « craterem » et « terrestre » !

      Soudain une lueur se fit dans mon esprit ; ces seuls indices me firent entrevoir la vérité ; j’avais découvert la loi du chiffre.

      Je me penchai sur la table ; je posai mon doigt successivement sur chaque lettre, et, sans m’arrêter, sans hésiter un instant, je prononçai à haute voix la phrase tout entière.

      Mais quelle stupéfaction, quelle terreur m’envahit ! Je restai d’abord comme frappé d’un coup subit. Quoi ! ce que je venais d’apprendre s’était accompli ! un homme avait eu assez d’audace pour pénétrer !…

      « Ah ! m’écriai-je en bondissant, mais non ! mais non ! mon oncle ne le saura pas ! Il ne manquerait plus qu’il vint à connaître un semblable voyage ! [23] Il voudrait en goûter aussi ! Rien ne pourrait l’arrêter ! Un géologue si déterminé ! il partirait quand même, malgré tout, en dépit de tout ! et il m’emmènerait avec lui, et nous n’en reviendrions pas ! Jamais ! jamais ! »

      Mon excitation était difficile à peindre.

      « Non ! non ! ce ne sera pas, dis-je avec énergie, et, puisque je peux empêcher qu’une pareille idée vienne à l’esprit de mon tyran, je le ferai. À tourner et retourner ce document, il pourrait par hasard en découvrir la clef ! Détruisons-le. »

      Il y avait un reste de feu dans la cheminée. Je saisis non seulement la feuille de papier, mais le parchemin de Saknussemm ; j’allais précipiter le tout sur les charbons et anéantir ce dangereux secret, quand la porte du cabinet s’ouvrit. Mon oncle parut.

      V

      Je n’eus que le temps de replacer sur la table le malencontreux document.

      Le professeur Lidenbrock paraissait profondément absorbé par sa pensée dominante. Il semblait vouloir appliquer quelque combinaison nouvelle. En effet, il s’assit dans son fauteuil, et, la plume à la main, il commença à établir des formules qui ressemblaient à un calcul algébrique.

      Pendant trois longues heures, mon oncle travailla sans parler, sans lever la tête, effaçant, reprenant, recommençant mille fois.

      Le temps s’écoulait ; la nuit se fit ; les bruits de la rue s’apaisèrent ; mon oncle, toujours courbé sur sa tâche, ne vit rien, pas même la bonne Marthe qui entrouvrit la porte et dit :

      « Monsieur soupera-t-il ce soir ? »

      Aussi Marthe dut-elle s’en aller sans réponse. Pour moi, après avoir résisté pendant quelque temps, je fus pris d’un invincible sommeil, et je m’endormis.

      Quand je me réveillai, le lendemain, l’infatigable professeur était encore au travail. Ses yeux rouges, son teint blafard indiquaient assez sa lutte terrible avec l’impossible.

      Vraiment, il me fit pitié. Malgré les reproches que je croyais être en droit de lui faire, une certaine émotion me gagnait. Toutes ses forces vives se concentraient sur un seul point, et, comme elles ne s’échappaient pas par leur exutoire ordinaire, on pouvait craindre que leur tension ne le fît éclater d’un instant à l’autre[24].

      Je pouvais d’un geste desserrer cet étau de fer qui lui serrait le crâne, d’un mot seulement ! et je n’en fis rien.

      « Non, non, répétai-je, non, je ne parlerai pas ! Il voudrait y aller, je le connais ; rien ne saurait l’arrêter. C’est une imagination volcanique, et, pour faire ce que d’autres géologues n’ont point fait, il risquerait sa vie. Je me tairai. Découvrir le secret, ce serait tuer le professeur Lidenbrock ! Qu’il le devine, s’il le peut. »

      Ceci résolu, je me croisai les bras, et j’attendis. Mais j’avais compté sans un incident qui se produisit à quelques heures de là.

      Deux heures sonnèrent. Cela devenait ridicule, intolérable même. Je trouvai même parfaitement absurde d’avoir attendu si longtemps, et mon parti fut pris de tout dire[25].

      Je cherchais donc une entrée en matière, pas trop brusque, quand le professeur se leva, mit son chapeau et se prépara à sortir.

      « Mon oncle ! » dis-je.

      Il ne parut pas m’entendre.

      « Mon oncle Lidenbrock ! répétai-je en élevant la voix.

      – Hein ? fit-il comme un homme subitement réveillé.

      – Eh bien ! cette clef ?

      – Quelle clef ? La clef de la porte ?

      – Mais non, m’écriai-je, la clef du document ! »

      Le СКАЧАТЬ



<p>22</p>

Machinalement, je m’éventai avec la feuille de papier… – Я обмахнулся машинально листком бумаги…

<p>23</p>

Il ne manquerait plus qu’il vint à connaître un semblable voyage ! – Он непременно захочет совершить такое путешествие!

<p>24</p>

comme elles ne s’échappaient pas par leur exutoire ordinaire, on pouvait craindre que leur tension ne le fît éclater d’un instant à l’autre – поскольку они не находили обычного выхода, возникало опасение, что умственное напряжение того и гляди разорвёт голову дядюшки

<p>25</p>

et mon parti fut pris de tout dire – и я принял решение обо всём рассказать