Название: Le Grand Ski-Lift
Автор: Anton Soliman
Издательство: Tektime S.r.l.s.
Жанр: Современная зарубежная литература
isbn: 9788873048862
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La piste était déserte, il était tard. Ce devait être lâheure du coucher du soleil.
Il avait donc oublié comment on skiait. Il déplora cet inconvénient et se demanda ce quâil avait bien pu faire pendant toutes ces années. De toute évidence, il avait été prisonnier dâun monde dont le ski était exclu. En un instant, il comprit quâil sâétait négligéâ¦
à ce moment-là , le problème contingent était de descendre dans la vallée sans éveiller de soupçons. Alors, patiemment, et avec un brin dâastuce, Oskar profita des parties les plus faciles pour descendre en diagonale, faisant ses virages sans trop dâaccrocs. En bas, on apercevait déjà le village, de nombreuses lumières allumées. Au débouché de la piste, il y avait un télésiège. Des machinistes en contrôlaient la mécanique, les installations étaient maintenant à lâarrêt. Le guide lui avait conseillé dâaller au « Petit Cerf », un endroit modeste, pour ne pas se faire remarquer. Oskar se trouvait au centre dâune vaste clairière ouverte dans la forêt à travers laquelle il était descendu, le village sâétendait devant lui. Des skieurs étaient installés dans les bars, il y avait une certaine animation bien que lâendroit ne fût pas bondé.
â Excusez-moi, Monsieur, pourriez-vous mâindiquer lâhôtel « Le Petit Cerf » ? demanda-t-il à un homme qui passait.
â Vous allez voir, câest simple : vous devez suivre cette petite rue qui monte et puis tourner à gauche près de la petite tour avec lâhorloge. Vous ne pourrez pas rater lâenseigne.
Bien, lâhôtel nâétait pas loin. Les indications de lâhomme étaient précises, il arriva à lâhôtel en quelques minutes. Il laissa ses skis sur un râtelier et entra par une porte qui fit tinter une clochette.
â Bonsoir, vous arrivez tout juste ? Vous devez être fatigué par la traversée -lâaccueillit une dame assez grasse, aux cheveux jaunes. De quelle vallée venez-vous ?
Oskar réfléchit un instant, et mentit :
â Des pistes du Nord. Oui, en effet, je suis très fatigué, avez-vous une chambre libre ?
â Bien sûr ! De toute façon, même si nous sommes dans la période de Noël, on trouvera toujours une chambre libre pour un membre permanent du Grand Ski-lift.
La patronne afficha un sourire bienveillant en regardant la carte glissée dans une poche transparente de sa veste matelassée. Oskar comprenait, maintenant, pourquoi elle lui avait demandé de quelle région il arrivait. Au fond, il aurait aussi bien pu arriver par un moyen de transport classique. Mais il avait la carte du Grand Ski-lift, et des skis pour tout bagage. Rien que de très normal, donc, pour un membre permanent.
La chambre quâon lui donna était très confortable. Il ferma la porte à clef, mangea une tablette de chocolat et se glissa entre les draps. Une clarté hivernale entrait par la fenêtre, une espèce de lumière absolue qui éveillait depuis toujours en lui une grande mélancolie, comme si cela avait été un signe dâimmobilité : un cadre inchangé, les mêmes choses pour lâéternité, et un Soi perdu pour toujours dans des mondes parallèles.
Le lendemain, il se réveilla tôt, descendit dans la salle à manger, où une dame prenait son petit déjeuner avec une petite fille. Il nây avait personne dâautre, la dame le salua, puis, après un bref moment de silence, sâadressa à lui :
â Vous avez vu le beau temps que nous avons pour Noël ? Mes enfants mâont dit que la neige est merveilleuse. Vous skiez, vous aussi ?
â Oui, bien sûr. Mais cela fait des années que je ne vais pas à la montagne, je pense que je devrais prendre quelques cours.
â Ãa fait du bien. Mais ne vous inquiétez pas, mon mari a eu le même problème. Jeune homme, il était même champion en herbe, mais à cause de son travail, il a arrêté de venir à la montagne. Il y a quelques années, il a recommencé à skier avec un moniteur, et il affirme que maintenant, il skie mieux quâavant.
Oskar ébaucha un sourire forcé :
â Câest toujours la même histoire, pour tout le monde. Quand on est jeune, on a du temps pour soi, mais après, avec le travailâ¦
Il se limita à cette phrase automatique, mais il sentit en un éclair lâodeur dâune atmosphère létale qui se libérait. Cette dame se sentait stable, son centre de gravité était dans la Vie Conventionnelle. Elle nâavait pas de doutes à confesser, elle, câétait un individu sélectionné au cours de millions dâannées pour vivre en captivité. Une personne inutile, sans aucun doute, pour quelquâun qui, comme lui, devait franchir le Mur.
â Je suis heureux dâavoir fait votre connaissance, madame, mais je dois y aller, jâai un rendez-vous sur les pistes.
Dehors, le soleil extrêmement lumineux surexposait le paysage. De toute façon Oskar ne se trouvait pas dans un endroit qui lui était familier. Le cadre qui sâétalait sous ses yeux lui donnait la sensation que les Autres se trouvaient à leur aise, il voyait en effet une multitude de skieurs qui, par petits groupes, se dirigeait vers les installations. Ils avaient lâair tranquilles, sûrs de ce quâils devaient faire. On voyait quâils avaient tous un programme.
Quand il arriva à la sortie du village, il remarqua que quelques skieurs isolés se dirigeaient vers une petite vallée : peut-être aurait-il trouvé par là des pistes moins fréquentées. Il ne devait pas oublier quâil était entré illégalement dans le Grand Ski-lift et quâil espérait se fondre dans cet environnement. Les skis sur lâépaule, il arriva au fond de la petite vallée où tournait une remontée peu utilisée. Il pourrait montrer sa carte et commencer à sâentraîner sur les pistes damées, sans crainte dâêtre repéré.
Il passa sa journée à monter et descendre la même piste. Personne ne lui prêtait attention, les employés des remontées étaient distraits, ils discutaient entre eux. Ce fut une journée de ski pénible. Il avait essayé de se rappeler des mouvements de base, mais câétait difficile, il ne se souvenait presque de rien. Quiconque lâaurait vu, haletant, le pantalon trempé de neige, aurait inévitablement pensé quâOskar Zerbi était débutant. Au cours de cette première journée, il pensa plusieurs fois quâil était inutile de rester dans le Grand Ski-lift. Cela nâavait aucun sens. Et il se demanda quel pouvait être le véritable motif pour lequel il sâétait aventuré de façon si risquée dans des vacances de ce genre. Voulait-il se retrouver lui-même par le ski ? Une idée incompréhensible, СКАЧАТЬ