Название: Le Grand Ski-Lift
Автор: Anton Soliman
Издательство: Tektime S.r.l.s.
Жанр: Современная зарубежная литература
isbn: 9788873048862
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Oskar et Clara passèrent quelques jours ensemble. La nuit, ils parlaient longuement dans la chambre des souvenirs, puis ils sâendormaient, enlacés. Un jour ils allèrent jusquâà lâesplanade du téléphérique. Câétait le matin, la lumière était forte, Oskar regarda les câbles dâacier monter au-dessus de la forêt : on voyait les petites cabines émerger après une deuxième crête, puis, de plus en plus haut, les câbles sâenfiler dans un passage qui disparaissait contre le ciel. On devinait que lâinstallation continuait ensuite à monter pour atteindre une altitude invisible de là . Mais, aussi loin que portaient les yeux, on nâapercevait aucune trace de neige, à lâexception de quelques taches blanches près des buissons.
Il nâéprouva aucune répulsion, cette fois-ci, et observa même avec curiosité la chaîne interminable de pylônes qui sâétirait le long des pentes de la montagne. De leur point dâobservation, lâexistence des plateaux semblait invraisemblable...Lâinstallation ressemblait à une échelle magique pour sâélever vers le Ciel, et Oskar émit lâhypothèse que son promoteur avait peut-être voulu ouvrir une espèce de trappe vers un autre Monde.
Il pensa quâen cet instant, il aurait pu monter seul sur les plateaux ; mais au village, il avait rencontré Clara, la fille du propriétaire de lâhôtel.
Il la prit dans ses bras :
â Clara, je tâaime.
â Tu vas rester encore quelques jours ? demanda la jeune femme en souriant.
â Tu sais, maintenant que je te connais, jâaime cet endroit. Mais oui, Valle Chiara est un endroit magnifique ! sâexclama-t-il.
Ce soir-là , le coucher du soleil le surprit alors quâil était derrière lâhôtel, à fendre du bois. Les eaux dâun étang tout proche sâétaient teintées de rouge. En levant les yeux, il vit les murs de la maison, les fenêtres, les pots de fleurs et les tuiles sâenvelopper dâune lumière feutrée. à lâest, le ciel mourait dans des langues de feu, et de lâautre côté, là où le soleil se couchait, le paysage hivernal sâétait illuminé de façon presque impérieuse. Il entendit un par un les bruits de la vallée : les aboiements dâun chien, le cri dâun enfant, des coups de marteau sur une planche de bois, une charrette qui sâéloignait⦠il pensa alors quâelle devait déjà être ailleurs. Elle devait sâêtre arrêtée, à certains bruits. Câétait le monde, quoi quâil en soit, et il tournait. Ce quâil voyait et entendait était-il le résultat dâun fonctionnement ? Oui, il se souvenait parfaitement quâun jour il avait écrit quelque part :
Le Monde existe parce quâil fonctionne.
Ce nâétait pas le vers dâune poésie, mais un aphorisme par lequel il avait commencé une recherche scientifique, peut-être révolutionnaire, quâil avait bizarrement oubliée. Il ne se rappela de rien dâautre.
Il voyait peu les propriétaires à lâhôtel, il mangeait en général avec Clara après que le patron et sa femme étaient allés se coucher.
Il était sûr quâils en avaient parlé entre eux et quâils avaient décidé dâencourager lâidylle. Oskar présentait bien, il était citadin, il travaillait dans un cadre professionnel. Tout était en règle.
Ce soir-là aussi, en entrant dans la cuisine, Oskar remarqua que les propriétaires lâavaient déjà quittée. La jeune femme mettait la table avec une expression concentrée, trop sérieuse.
â Lâautre jour, tu mâas dit que tu mâaimes.
Oskar sâapprocha, lui prit les deux mains en murmurant :
â Avec toi, je suis heureux.
â Quâest-ce que tu veux dire ? Tu crois que tu pourrais vivre avec moi ?
â Pendant les quelques jours passés ici, jâai pensé à rester dans la vallée pour toujours, parce que je suis serein ici. Ce soir, jâai vu le coucher du soleil. Dans la Ville, il nây en a pas.
La jeune femme ne dit rien, mit le couvert, et tous deux sâassirent pour manger.
â Je pense que je pourrais être heureux avec toi, répéta enfin Oskar.
Quand il eut fini de manger, il se versa à boire. Il resta absorbé dans ses pensées, sans rien dire. Clara lâavait écouté attentivement, mais avec une expression qui ne lui était pas habituelle.
â Alors tu serais prêt à rester à Valle Chiara ? lui demanda-t-elle, et, hochant la tête, elle ajouta :
â Je ne te demande pas de quitter la Ville et ton travail.
Il vit une forte détermination dans son regard. Clara acceptait donc lâidée de se mettre avec lui, mais lâidée de rester dans la vallée ne lui plaisait pas.
â Je croyais que ta vie ici te plaisait bien.
â Oui, câest vrai, dans un certain sens. Tu vois, seule, je préfère rester là où je suis née. Mais dans le cas dâun mariage, câest différent⦠je ne trouve pas ça bien de vivre ici, isolés.
Il sourit un instant à lâidée que Clara pensait au mariage, puis sâécria :
â Tu mâas dit que quand tu mâas vu la première fois jâavais un air abattu... Eh bien, je suis arrivé ici épuisé, parce que je vivais mal en Ville.
â Mais moi je te tiendrais compagnie !
Les façons directes de la jeune femme troublaient Oskar.
Ils restèrent silencieux quelques minutes. Il se sentit comme quand il était arrivé sur lâesplanade de lâinstallation, le premier soir : un paysage désolé sâétait formé dans cette cuisine.
â Quâest-ce que tu trouves dâétrange à ma proposition ? Tu es un homme mûr, maintenant, tu as peur de la solitude, et moi, je te tiendrais compagnie. Quand je tâai vu dans la salle à manger, tu avais lâair perdu, et jâai décidé de tâaider, je tâai introduit dans ma famille, je tâai même logé dans la chambre de mes grands-parents. Tu ne vois pas que je tâai aidé en te faisant vivre dans une atmosphère chaleureuse ? Avec des objets familiers qui tâont aidé à ne pas te sentir seul. Eh bien, jâai été utile ! Tu ne crois pas ? Jâai joué un rôle important, que seules les femmes peuvent jouer, avec leur douceur innée.
Ce discours sembla logique à Oskar, mais il eut cependant la sensation que quelque chose dâimportant y manquait. Elle sourit, et ajouta :
â СКАЧАТЬ