Histoire de ma Vie, Livre 1 (Vol. 1 – 4). Жорж Санд
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СКАЧАТЬ de suitte le citoyen Amonin est arrivé et l'avons sommé de rester avec nous pour être présent de la suitte du procès-verbal.

      «Et, de suitte, avons sommé le dit Amonin de nous déclarer le contenu d'un paquet de papiers enveloppé dans un linge blanc et sur lequel il y avait un cachet.

      «Et de suitte, nous avons fait lecture de différentes lettres à l'adresse du citoyen de Villiers, employé à l'assemblée nationale constituante, le quel citoyen de Villiers, dénommé comme présent au procès-verbal en l'absence du citoyen Amonin, nous a déclaré lui appartenir ainsi que la correspondance que nous avons trouvée enveloppée dans le linge blanc et le dit citoyen Amonin nous a déclaré ne pas sçavoir qu'ils étaient là, et n'en pas avoir connaissance dont le citoyen de Villiers est convenu. De suite avons interpellé le citoyen Amonin de nous déclarer depuis quand la ditte argenterie et bijoux étaient enfouis, a répondu qu'ils y étaient à l'époque de la fuite du cidevant roy pour Varenne.

      «A lui demandé si la ditte argenterie et bijoux lui appartenaient, a répondu qu'une partie lui appartenait, et l'autre partie à la citoyenne Dupin demeurant au premier au-dessous de lui.

      «De suitte avons fait comparaitre la citoyenne Dupin à l'effet de nous remettre la notte de l'argenterie qui se trouvait enfouie chez le sieur Amonin, ce que la citoyenne a fait à l'instant... Et de suitte nous avons passé à la vérification des lettres et de leur contenu, en présence toujours du citoyen Villiers, lesquelles lettres vériffiées avons trouvé des copies de lettres de noblesse et armoiries que nous avons mis sous les scellés par un cachet en cœur barré, et un cachet formant la clef de montre d'un dit commissaire, le tout enfermé dans une feuille de papier blanc, pour les dites lettres être examinées par le comité de sureté générale pour par eux en être ordonné ce qu'il appartiendra. Et de suitte avons saisi comme il appert par le présent procès-verbal toutes les dittes argenteries et bijoux, pour aux termes de la loi en être ordonné ce qu'il appartiendra, et avons clos le présent procès-verbal le six frimaire à deux heures.»

      D'où résulte que ces perquisitions s'opéraient particulièrement la nuit et comme par surprise, car ce procès-verbal est commencé le 5 et terminé le 6, à deux heures du matin. Séance tenante, les commissaires décretent d'arrestation M. de Villiers, dont le délit leur paraît apparemment le plus considérable, et ne statuent rien sur Mme Dupin ni sur M. Amonin son complice, sinon que les scellés sont apposés sur les malles, coffres et boîtes de bijoux et d'argenterie, «pour être, dans le jour, transportés à la Convention nationale, et laissés en attendant sous la garde et responsabilité du citoyen Leblanc, caporal, pour être par lui représentés sains et entiers à la première réquisition, et a déclaré ne savoir signer».

      Il paraît qu'on ne s'émut pas beaucoup d'abord de l'événement dans la maison, ou qu'on crut le danger passé; à vrai dire, la confiscation faite, avec espoir de restitution (car on prenait avec soin la note des objets saisis, et une bonne partie fut rendue intacte, ainsi qu'il paraît dans des notes de la main de Deschartres aux marges de l'inventaire contenu dans le procès-verbal), le délit d'enfouissement n'était pas bien constaté de la part de Mme Dupin. Elle avait confié ou prêté les objets saisis à M. Amonin, qui avait jugé à propos de les cacher. Tel était son système de défense, et l'on ne croyait pas encore alors que les choses en viendraient au point où il n'y aurait pas de défense possible. Le fait est qu'on eut l'imprudence de laisser les dangereux papiers dont j'ai parlé plus haut dans un meuble du second entresol, dont il va être question tout à l'heure.

      Le 13 frimaire, c'est-à-dire sept jours après la première perquisition chez Amonin, seconde descente dans la même maison, et cette fois dans l'appartement de ma grand'mère décrétée d'arrestation. Nouveau procès-verbal plus laconique et moins fleuri que le premier.

      «Le treizième de frimaire, l'an second de la république française une et indivisible, nous, membres du comité de surveillance de la section de Bondy, en vertüe de la loy et d'une arretté dudit comitté, en datte du onze frimaire, portant que les scellées serons apposé chez Marie Orrore, veuve Dupin: et la ditte citoyenne mise en état d'arrestations. A cette effet, nous nous sommes transportés dans son domicile rüe St-Nicolas no 12. Sommes monté au 1er étage, la porte à gauche, i étant avont fait part à la ditte de notre missions, et avons apposées les scellées sur les croisées et porte du dit appartement, ainsi que sur la porte d'entrée donnans sur les caillée au nombre de dix: lesquelles scellées avons laissée à la garde de Charles Froc, portier de la ditte maison, qui les a reconnue après lecture à lui donné.

      «Et de suite, nous sommes transportés en la porte en face, sur le dit paillée occupée par le citoyen Maurice François Dupin, fils de la dite veuve Dupin, et par le citoyen Deschartre instituteur. Aprais vériffications faite des papiers desdits citoyen, nous n'avons rien trouvé contraire aux intérest de la republique, etc.»

      Voilà donc ma grand'mère arrêtée et Deschartres chargé de son salut: car, au moment d'être emmenée aux Anglaises, elle avait eu le temps de lui dire où étaient ces maudits papiers dont elle avait négligé de se défaire. Elle avait, en outre, une foule de lettres qui attestaient ses relations avec des émigrés, relations fort innocences à coup sûr, de sa part, mais qui pouvaient lui être imputées à crime d'Etat et à trahison envers la république.

      Le dernier procès-verbal que j'ai cité, et Dieu sait avec quel mépris et quelle indignation le puriste Deschartres traitait dans son ame des actes rédigés en si mauvais français, ce procès-verbal, dont chaque faute d'orthographe lui donnait la chair de poule, ne constate pas l'existence d'un petit entresol situé au-dessus du premier et qui dépendait de l'appartement de ma grand'mère. On y montait par un escalier dérobé qui partait d'un cabinet de toilette.

      Les scellés avaient été apposés sur les portes et sur les fenêtres de cet entresol, et c'est là qu'il fallait aller chercher les papiers. Donc, il fallait rompre trois scellés avant d'y entrer: celui de la porte du premier donnant sur l'escalier de la maison, celui de la porte du cabinet de toilette ouvrant sur l'escalier dérobé, et celui de la porte de l'entresol au haut de ce même escalier. La loge du citoyen portier, républicain très farouche, était située positivement au-dessous de l'appartement de ma grand'mère, et le caporal Leblanc, citoyen incorruptible, préposé à la garde des scellés du second étage, couchait sur un lit de sangle dans un cabinet voisin de l'appartement de M. Amonin, c'est-à-dire positivement au-dessus de l'entresol. Il était là, armé jusqu'aux dents, ayant consigne de faire feu sur quiconque s'introduirait dans l'un ou l'autre appartement. Et le citoyen Froc, qui, bien que portier, avait le sommeil fort léger, disposait d'une sonnette placée ad hoc à la fenêtre du caporal, et dont il n'avait qu'à tirer la corde pour le réveiller en cas d'alarme.

      L'entreprise était donc insensée de la part d'un homme qui n'avait pas, dans l'art de crocheter les portes et de s'introduire sans bruit, les hautes connaissances qu'à force d'études spéciales et sérieuses acquièrent MM. les voleurs. Mais le dévouement fait des miracles. Deschartres se munit de tout ce qui était nécessaire, et attendit que tout le monde fût couché. Il était déjà deux heures du matin quand la maison fut silencieuse. Alors il se lève, s'habille sans bruit, emplit ses poches de tous les instrumens qu'il s'est procurés, non sans danger. Il enlève le premier scellé, puis le second, puis le troisième. Le voilà à l'entresol, il s'agit d'ouvrir un meuble en marqueterie qui sert de casier et de dépouiller vingt-neuf cartons remplis de papiers; car ma grand'mère n'a pas su dire où sont ceux qui la compromettent.

      Il ne se décourage pas: le voilà examinant, triant, brûlant. Trois heures sonnent, rien ne bouge... mais si! des pas légers font crier faiblement le parquet dans le salon du premier, c'est peut-être Nérina, la chienne favorite de la prisonnière, qui couche auprès du lit de Deschartres et qui l'aura СКАЧАТЬ