Le vicomte de Bragelonne, Tome I.. Dumas Alexandre
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Название: Le vicomte de Bragelonne, Tome I.

Автор: Dumas Alexandre

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

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СКАЧАТЬ l'officier, sans plus s'inquiéter de l'inconnu, reprit la conversation interrompue.

      L'étranger, sans rien répondre, se dirigea vers l'escalier indiqué.

      De ce côté, plus de bruit, plus de flambeaux. L'obscurité, au milieu de laquelle on voyait errer une sentinelle pareille à une ombre.

      Le silence, qui permettait d'entendre le bruit de ses pas accompagnés du retentissement des éperons sur les dalles.

      Ce factionnaire était un des vingt mousquetaires affectés au service du roi, et qui montait la garde avec la raideur et la conscience d'une statue.

      – Qui vive? dit ce garde.

      – Ami, répondit l'inconnu.

      – Que voulez-vous?

      – Parler au roi.

      – Oh! oh! mon cher monsieur, cela ne se peut guère.

      – Et pourquoi?

      – Parce que le roi est couché.

      – Couché déjà?

      – Oui.

      – N'importe, il faut que je lui parle.

      – Et moi je vous dis que c'est impossible.

      – Cependant…

      – Au large!

      – C'est donc la consigne?

      – Je n'ai pas de compte à vous rendre. Au large!

      Et cette fois le factionnaire accompagna la parole d'un geste menaçant; mais l'inconnu ne bougea pas plus que si ses pieds eussent pris racine.

      – Monsieur le mousquetaire, dit-il, vous êtes gentilhomme?

      – J'ai cet honneur.

      – Eh bien! moi aussi je le suis, et entre gentilshommes on se doit quelques égards.

      Le factionnaire abaissa son arme, vaincu par la dignité avec laquelle avaient été prononcées ces paroles.

      – Parlez, monsieur, dit-il, et si vous me demandez une chose qui soit en mon pouvoir…

      – Merci. Vous avez un officier, n'est-ce pas?

      – Notre lieutenant, oui, monsieur.

      – Eh bien! je désire parler à votre lieutenant.

      – Ah! pour cela, c'est différent. Montez, monsieur.

      L'inconnu salua le factionnaire d'une haute façon, et monta l'escalier, tandis que le cri: «Lieutenant, une visite!» transmis de sentinelle en sentinelle, précédait l'inconnu et allait troubler le premier somme de l'officier.

      Traînant sa botte, se frottant les yeux et agrafant son manteau, le lieutenant fit trois pas au-devant de l'étranger.

      – Qu'y a-t-il pour votre service, monsieur? demanda-t-il.

      – Vous êtes l'officier de service, lieutenant des mousquetaires?

      – J'ai cet honneur, répondit l'officier.

      – Monsieur, il faut absolument que je parle au roi.

      Le lieutenant regarda attentivement l'inconnu, et dans ce regard, si rapide qu'il fût, il vit tout ce qu'il voulait voir, c'est-à- dire une profonde distinction sous un habit ordinaire.

      – Je ne suppose pas que vous soyez un fou, répliqua-t-il, et cependant vous me semblez de condition à savoir, monsieur, qu'on n'entre pas ainsi chez un roi sans qu'il y consente.

      – Il y consentira, monsieur.

      – Monsieur, permettez-moi d'en douter; le roi rentre il y a un quart d'heure, il doit être en ce moment en train de se dévêtir. D'ailleurs, la consigne est donnée.

      – Quand il saura qui je suis, répondit l'inconnu en redressant la tête, il lèvera la consigne.

      L'officier était de plus en plus surpris, de plus en plus subjugué.

      – Si je consentais à vous annoncer, puis-je au moins savoir qui j'annoncerais, monsieur?

      – Vous annonceriez Sa Majesté Charles II, roi d'Angleterre, d'Écosse et d'Irlande.

      L'officier poussa un cri d'étonnement, recula, et l'on put voir sur son visage pâle une des plus poignantes émotions que jamais homme d'énergie ait essayé de refouler au fond de son coeur.

      – Oh! oui, Sire: en effet, j'aurais dû vous reconnaître.

      – Vous avez vu mon portrait?

      – Non, Sire.

      – Ou vous m'avez vu moi-même autrefois à la cour, avant qu'on me chassât de France?

      – Non Sire, ce n'est point encore cela.

      – Comment m'eussiez-vous reconnu alors, si vous ne connaissiez ni mon portrait ni ma personne?

      – Sire, j'ai vu Sa Majesté le roi votre père dans un moment terrible.

      – Le jour…

      – Oui.

      Un sombre nuage passa sur le front du prince; puis, l'écartant de la main:

      – Voyez-vous encore quelque difficulté à m'annoncer? dit-il.

      – Sire, pardonnez-moi, répondit l'officier, mais je ne pouvais deviner un roi sous cet extérieur si simple; et pourtant, j'avais l'honneur de le dire tout à l'heure à Votre Majesté, j'ai vu le roi Charles Ier… Mais, pardon, je cours prévenir le roi.

      Puis, revenant sur ses pas:

      – Votre Majesté désire sans doute le secret pour cette entrevue? demanda-t-il.

      – Je ne l'exige pas, mais si c'est possible de le garder…

      – C'est possible, Sire, car je puis me dispenser de prévenir le premier gentilhomme de service; mais il faut pour cela que Votre Majesté consente à me remettre son épée.

      – C'est vrai. J'oubliais que nul ne pénètre armé chez le roi de

      France.

      – Votre Majesté fera exception si elle le veut, mais alors je mettrai ma responsabilité à couvert en prévenant le service du roi.

      – Voici mon épée, monsieur. Vous plaît-il maintenant de m'annoncer à Sa Majesté?

      – À l'instant, Sire.

      Et l'officier courut aussitôt heurter à la porte de communication, que le valet de chambre lui ouvrit.

      – Sa Majesté le roi d'Angleterre! dit l'officier.

      – Sa Majesté le roi d'Angleterre! répéta le СКАЧАТЬ