Nouveaux mystères et aventures. Артур Конан Дойл
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СКАЧАТЬ pourquoi donc haïssez-vous M. Copperthorne? demandai-je.

      – Au fait, répondit-elle en radoucissant sa voix, le mot de haine est peut-être un peu trop fort, mieux vaudrait celui de répulsion. Il est des gens qu’on ne peut s’empêcher de prendre en aversion, alors même qu’on n’a aucun motif à en donner.

      Évidemment elle regrettait l’éclat qu’elle venait de faire, et tâchait de le masquer par des explications.

      Voyant qu’elle cherchait à changer de conversation, je l’y aidai.

      Je fis des remarques sur un livre de gravures hindoues qu’elle était allée prendre avant mon arrivée et qui était resté sur ses genoux.

      La Bibliothèque de l’oncle Jérémie était fort complète, et particulièrement riche en ouvrages de cette catégorie.

      – Elles ne sont pas des plus exactes, dit-elle en tournant les pages d’enluminures.

      – Toutefois celle-ci est bonne, reprit-elle en désignant une gravure qui représentait un chef vêtu d’une cotte de mailles, et coiffé d’un turban pittoresque; celle-ci est vraiment très bonne. Mon père était ainsi vêtu quand il montait son cheval de combat tout blanc, et conduisait tous les guerriers de Dooab à la bataille contre les Feringhees. Mon père fut choisi parmi eux tous, car ils savaient qu’Achmet Genghis Khan était un grand-prêtre autant qu’un grand soldat. Le peuple ne voulait d’autre chef qu’un Borka éprouvé. Il est mort maintenant, et de tous ceux qui ont suivi son étendard, il n’en est plus qui ne soient dispersés ou qui n’aient péri, pendant que moi, sa fille, je suis une mercenaire sur une terre lointaine.

      – Sans doute, vous retournerez un jour dans l’Inde, dis-je en faisant de mon mieux pour lui donner une faible consolation.

      Elle tourna les pages distraitement quelques minutes sans répondre.

      Puis, elle laissa échapper soudain un petit cri de plaisir en voyant une des images.

      – Regardez-le, s’écria-t-elle aussitôt. Voici un de nos exilés. C’est un Bhuttotee. Il est très ressemblant.

      La gravure qui l’excitait ainsi, représentait un indigène d’aspect fort peu engageant, tenant d’une main un petit instrument qui avait l’air d’une pioche en miniature, et de l’autre une pièce carrée de toile rayée.

      – Ce mouchoir, c’est son roomal, dit-elle. Naturellement, il ne circulerait pas ainsi en public comme cela. Il ne porterait pas non plus sa hache sacrée, mais sous tous les autres rapports il est exactement tel qu’il doit être. Bien des fois je me suis trouvée avec des gens comme lui pendant les nuits sans lune, avec les Lughaees marchant à l’avant, quand l’étranger sans méfiance entendait le Pilhaoo à sa gauche, et ne savait pas ce que cela signifiait. Ah, c’était une vie qui valait la peine d’être vécue.

      – Mais qu’est-ce qu’un roomal, et le Lughaee, et le reste, demandai-je.

      – Oh! ce sont des mots indiens, répondit-elle en riant. Vous ne les comprendriez pas.

      – Mais cette gravure a pour légende: «Un Dacoït» et j’ai toujours cru qu’un Dacoït est un voleur.

      – C’est que les Anglais n’en savent pas davantage, remarqua-t-elle. Certes, les Dacoïts sont des voleurs, mais on qualifie de voleurs bien des gens qui ne le sont réellement pas; eh bien, cet homme est un saint homme, et selon toute probabilité c’est un gourou.

      Elle m’aurait peut-être donné plus de renseignements sur les mœurs et les coutumes de l’Inde, car c’était un sujet dont elle aimait à parler, quand soudain je vis un changement se produire dans sa physionomie.

      Elle tourna son regard fixe sur la fenêtre qui était derrière moi.

      Je me retournai pour voir, et j’aperçus tout au bord la figure du secrétaire qui épiait furtivement.

      J’avoue que j’eus un tressaillement à cette vue, car avec sa pâleur cadavéreuse, cette tête avait l’air de celle d’un décapité.

      Il poussa la fenêtre et l’ouvrit en s’apercevant qu’il avait été vu.

      – Je suis fâché de vous déranger, dit-il en avançant la tête, mais ne trouvez-vous pas, miss Warrender, qu’il est malheureux d’être enfermé dans une pièce étroite par un si beau jour. N’êtes-vous pas disposée à sortir et faire un tour?

      Bien que son langage fût poli, ses paroles étaient prononcées d’une voix dure, presque menaçante, qui leur donnait le ton du commandement plutôt que celui de la prière.

      La gouvernante se leva et, sans protester, sans faire de remarque, elle sortit doucement pour prendre son chapeau.

      Ce fut là une preuve nouvelle de l’empire que Copperthorne exerçait sur elle.

      Et comme il me regardait par la fenêtre ouverte, un sourire moqueur se jouait sur ses lèvres minces.

      On eût dit qu’il avait voulu me provoquer par cette démonstration de son pouvoir.

      Avec le soleil derrière lui, on l’eut pris pour un démon entouré d’une auréole.

      Il resta ainsi quelques instants à me regarder fixement, la figure empreinte d’une méchanceté concentrée.

      Puis j’entendis son pas lourd qui faisait craquer le gravier de l’allée, pendant qu’il se dirigeait vers la porte.

      Chapitre V

      Pendant les quelques jours qui suivirent l’entrevue où miss Warrender m’avait avoué la haine que lui inspirait le secrétaire, tout alla bien à Dunkelthwaite.

      J’eus plusieurs longues conversations avec elle dans des promenades que nous faisions à l’aventure dans les bois, avec les deux bambins, mais je ne réussis point à la faire s’expliquer nettement sur l’accès de violence qu’elle avait eu dans la bibliothèque, et elle ne me dit pas un mot qui pût jeter quelque lumière sur le problème qui m’intéressait si vivement.

      Toutes les fois que je faisais une remarque qui pouvait conduire dans cette direction, elle me répondait avec une réserve extrême, ou bien elle s’apercevait tout à coup qu’il n’était que temps pour les enfants de retourner dans leur chambre, de sorte que j’en vins à désespérer d’apprendre d’elle-même quoi que ce fût.

      Pendant ce temps, je ne me livrai à mes études que d’une manière irrégulière, par boutades.

      De temps à autre, l’oncle Jérémie, de son pas traînant, entrait chez moi, un rouleau de manuscrits à la main, pour me lire des extraits de son grand poème épique.

      Lorsque j’éprouvais le besoin d’une société, j’allais faire un tour dans le laboratoire de John, de même qu’il venait me trouver chez moi, quand la solitude lui pesait.

      Parfois, je variais la monotonie de mes études en prenant mes livres et m’installant à l’aise dans les massifs où je passais le jour à travailler.

      Quant à Copperthorne, je l’évitais autant que possible, et de son côté il n’avait nullement l’air empressé de cultiver ma connaissance.

      Un jour, dans la seconde СКАЧАТЬ