Nouveaux mystères et aventures. Артур Конан Дойл
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СКАЧАТЬ Il y a d’autres choses dont j’ai à vous parler. S’ils ne se connaissent que depuis quelques semaines, comment a-t-il fait pour acquérir le pouvoir qu’il exerce sur elle?

      John me regarda d’un air ébahi.

      – Son pouvoir? dit-il.

      – Oui, l’influence qu’il possède sur elle.

      – Mon cher Hugh, me dit bravement mon ami, je n’ai point pour habitude de citer ainsi l’Écriture, mais il y a un texte qui me revient impérieusement à l’esprit, et le voici: «Trop de science les a rendus fous.» Vous aurez fait des excès d’études.

      – Entendez-vous dire par là, m’écriai-je, que vous n’avez jamais remarqué l’entente secrète qui paraît exister entre la gouvernante et le secrétaire de votre oncle?

      – Essayez du bromure de potassium, dit John. C’est un calmant très efficace à la dose de vingt grains.

      – Essayez une paire de lunettes, répliquai-je. Il est certain que vous en avez grand besoin.

      Et après avoir lancé cette flèche de Parthe je pivotai sur mes talons et m’éloignai de fort méchante humeur.

      Je n’avais pas fait vingt pas sur le gravier du jardin, que je vis le couple dont nous venions de parler.

      Ils étaient à quelque distance, elle adossée au cadran solaire, lui debout devant elle.

      Il lui parlait vivement, et parfois avec des gestes brusques.

      La dominant de sa taille haute et dégingandée, avec les mouvements qu’il imprimait à ses longs bras, il avait l’air d’une énorme chauve-souris planant au-dessus de sa victime.

      Je me rappelle que cette comparaison fut celle-là même qui se présenta à ma pensée et qu’elle prit une netteté d’autant plus grande que je voyais dans les moindres détails de la belle figure se dessiner l’horreur et l’effroi.

      Ce petit tableau servait si bien d’illustration au texte, sur lequel je venais de prêcher, que je fus tenté de retourner au laboratoire et d’amener l’incrédule John pour le lui faire contempler.

      Mais avant que j’eusse le temps de prendre mon parti, Copperthorne m’avait entrevu.

      Il fit demi-tour, et se dirigea d’un pas lent dans le sens opposé qui menait vers les massifs, suivi de près par sa compagne, qui coupait les fleurs avec son ombrelle tout en marchant. Après ce petit épisode, je rentrai dans ma chambre, bien décidé à reprendre mes études, mais, quoi que je fisse, mon esprit vagabondait bien loin de mes livres, et se mettait à spéculer sur ce mystère.

      J’avais appris de John que les antécédents de Copperthorne n’étaient pas des meilleurs, et pourtant il avait évidemment conquis une influence énorme sur l’esprit affaibli de son maître.

      Je m’expliquais ce fait, en remarquant la peine infinie, qu’il prenait pour se dévouer au dada du vieillard, et le tact consommé avec lequel il flattait et encourageait les singulières lubies poétiques de celui-ci.

      Mais comment m’expliquer l’influence non moins évidente dont il jouissait sur la gouvernante?

      Elle n’avait pas de marotte qu’on pût flatter.

      Un amour mutuel eût pu expliquer le lien qui existait entre elle et lui, mais mon instinct d’homme du monde et d’observateur de la nature humaine me disait de la façon la plus claire qu’un amour de cette sorte n’existait pas.

      Si ce n’était point l’amour, il fallait que ce fût la crainte, et tout ce que j’avais vu confirmait cette supposition. Qu’était-il donc arrivé pendant ces deux mois qui pût inspirer à la hautaine princesse aux yeux noirs quelque crainte au sujet de l’Anglais à figure pâle, à la voix douce et aux manières polies?

      Tel était le problème que j’entrepris de résoudre en y mettant une énergie, une application qui tuèrent mon ardeur pour l’étude et me rendirent inaccessible à la crainte que devait m’inspirer mon examen prochain.

      Je me hasardai à aborder le sujet dans l’après-midi de ce même jour avec miss Warrender, que je trouvai seule dans la bibliothèque, les deux bambins étant allés passer la journée dans la chambre d’enfants chez un squire1 du voisinage.

      – Vous devez vous trouver bien seule quand il n’y a pas de visiteurs, dis-je. Il me semble que cette partie du pays n’offre pas beaucoup d’animation.

      – Les enfants sont toujours une société agréable, répondit-elle. Néanmoins je regretterai beaucoup M. Thurston et vous-même, quand vous serez parti.

      – Je serai fâché que ce jour arrive, dis-je. Je ne m’attendais pas à trouver ce séjour aussi agréable. Pourtant vous ne serez pas dépourvue de société après notre départ, vous aurez toujours M. Copperthorne.

      – Oui, nous aurons toujours M. Copperthorne, dit-elle d’un air fort ennuyé.

      – C’est un compagnon agréable, remarquai-je, tranquille, instruit, aimable. Je ne m’étonne pas que le vieux master Thurston se soit attaché à lui.

      Tout en parlant, j’examinais attentivement mon interlocutrice.

      Une légère rougeur passa sur ses joues brunes, et elle tapota impatiemment avec ses doigts sur les bras du fauteuil.

      – Ses façons ont quelquefois de la froideur…

      J’allais continuer, mais elle m’interrompit, me lança un regard étincelant de colère dans ses yeux noirs.

      – Qu’est-ce que vous avez donc à me parler de lui? demanda-t-elle.

      – Je vous demande pardon, répondis-je d’un ton soumis, je ne savais pas que c’était un sujet interdit.

      – Je ne tiens pas du tout à entendre même son nom, s’écria-t-elle avec emportement. Ce nom, je le déteste, comme je le hais, lui. Ah! si j’avais seulement quelqu’un pour m’aimer, c’est-à-dire comme aiment les hommes d’au-delà des mers, dans mon pays, je sais bien ce que je lui dirais.

      – Que lui diriez-vous demandai-je, tout étonné de cette explosion extraordinaire.

      Elle se pencha si en avant, que je crus sentir sur ma figure sa respiration chaude et pantelante.

      – Tuez Copperthorne, dit-elle, voilà ce que je lui dirais. Tuez Copperthorne. Alors vous pourrez revenir me parler d’amour.

      Rien ne pourrait donner une idée de l’intensité de fureur qu’elle mit à lancer ces mots qui sifflèrent entre ses dents blanches.

      En parlant, elle avait l’air si venimeuse que je reculai involontairement devant elle.

      Se pouvait-il que ce serpent python et la jeune dame pleine de réserve qui se tenait bien, si tranquillement, à la table de l’oncle Jérémie ne fissent qu’un?

      J’avais bien compté que j’arriverais à voir quelque peu dans son caractère au moyen de questions détournées, mais je ne m’attendais guère à évoquer un esprit pareil.

      Elle dut voir l’horreur et l’étonnement СКАЧАТЬ



<p>1</p>

Propriétaire terrien.