Le magasin d'antiquités, Tome II. Чарльз Диккенс
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СКАЧАТЬ le poupon, il emporte un agneau, un précieux agneau! Il rôde ici comme un loup aux heures de la nuit pour enlever les tendres agneaux!»

      Kit était bien le garçon le plus modéré qu'il y eût au monde; mais ce langage violent, ainsi que les circonstances critiques où il se trouvait, le mirent hors de lui; il fit face à la chaire avec le poupon dans les bras et répondit à haute voix:

      «Pas du tout: c'est mon frère.

      – C'est le mien, c'est mon frère à moi! cria le prédicant.

      – Ce n'est pas vrai! répliqua Kit avec indignation. Pouvez-vous bien dire chose pareille?.. Et surtout pas de sottises, s'il vous plaît. Quel mal ai-je fait? Je ne serais certainement pas venu ici pour les emmener si je n'y avais été forcé, vous pouvez en être sûr; je voulais le faire sans bruit, mais vous, vous en voulez. Maintenant ayez la bonté de garder vos injures pour Satan et compagnie si cela vous convient, monsieur, mais laissez-moi tranquille, s'il vous plaît.»

      En même temps, Kit sortit de la chapelle, suivi de sa mère et du petit Jacob, et se trouva en plein air avec un vague souvenir d'avoir vu l'auditoire s'éveiller et le regarder tout surpris; il se rappelait également que Quilp, durant cette scène d'interruption, avait gardé la même attitude sans détacher ses yeux du plafond ni paraître prendre le moindre intérêt à ce qui se passait.

      «O Kit! dit la mère en portant son mouchoir à ses yeux, qu'avez- vous fait! Jamais je ne pourrai plus revenir ici, jamais!

      – J'en suis enchanté, ma mère. Vous aviez donc bien du repentir de la petite part de plaisir que vous avez prise la nuit dernière, que vous avez cru devoir en faire pénitence ce soir? Voilà pourtant comme vous faites toujours! s'il vous arrive d'avoir un moment de bonheur ou de gaieté, vous venez ici, devant cet homme- là, dire que vous en êtes bien fâchée. Vraiment, ma mère, si vous n'étiez pas ma mère, je vous en ferais honte.

      – Silence! mon cher enfant, s'écria mistress Nubbles, je sais bien que vous ne pensez pas ce que vous dites; mais c'est égal, vous parlez là comme un pécheur.

      – Je ne pense pas ce que je dis! repartit Kit. Certainement que je le pense! Je ne puis croire, ma mère, que l'innocente gaieté et que la bonne humeur soient considérées dans le ciel comme de plus grands péchés que des cols de chemise, et ces gens-là ne montrent ni raison ni bon sens en voulant supprimer les derniers, ou en interdisant le reste; certainement si, je le pense. Mais, je n'ajouterai pas un mot de plus sur ce sujet, si vous me promettez de ne plus pleurer; ce sera tout. Prenez le poupon, qui est plus léger, et donnez-moi le petit Jacob. Tout en marchant, et tâchons que ce soit le plus vite possible, je vous communiquerai les nouvelles que j'apporte et qui vous surprendront un peu, je vous en avertis. Là, c'est bien. Maintenant, vous voilà comme si vous n'aviez vu de toute votre vie le Petit-Béthel, et j'espère bien que vous ne le reverrez plus. Voilà aussi le poupon, très-bien. Petit Jacob, montez sur mon dos à califourchon et tenez mon cou bien serré; et si par hasard le ministre du Petit-Béthel vous appelle un précieux agneau, vous ou votre frère, vous pourrez bien dire que c'est la plus grande vérité qui lui soit sortie de la bouche depuis un an, et que s'il voulait bien ne pas assaisonner son agneau à la sauce au poivre, il n'en vaudrait que mieux, pour être moins piquant et moins aigre. Jacob, vous pouvez lui dire ça de ma part.»

      C'est ainsi que moitié gaiement, moitié sérieusement, déterminé à se montrer de bonne humeur, pour en donner aussi à sa mère et aux enfants, Kit les mena d'un bon pas. Chemin faisant, il raconta ce qui s'était passé chez le notaire, et exposa le but pour lequel il était venu se jeter au travers des solennités du Petit-Béthel.

      La mère ne fut pas médiocrement effrayée en apprenant le service qu'on attendait d'elle: elle tomba tout d'abord dans un chaos d'idées, où ce qu'elle voyait de plus clair, c'est que de voyager en chaise de poste, ce serait sans doute pour elle un grand honneur, une grande distinction, mais qu'il était moralement impossible de laisser là ses enfants. Et combien d'autres objections à faire encore! Par exemple, certains articles de toilette étaient au blanchissage, d'autres n'existaient point dans sa garde-robe. Mais Kit, à ces objections diverses, opposait victorieusement une réponse unique, irrésistible, le plaisir de retrouver Nell, la joie de la ramener en triomphe.

      «Nous n'avons plus que dix minutes à nous, mère, dit Kit lorsqu'ils eurent atteint le logis. Voici un carton, jetez-y tout ce dont vous aurez besoin, et dépêchez-vous de partir.»

      Dire comment Kit entassa dans la boîte toutes sortes de choses qui lui semblaient de l'usage le plus immédiat, et laissa de côté tout ce qu'il jugea le moins utile; comment une voisine consentit à venir surveiller les enfants; comment ceux-ci pleurèrent d'abord tristement, puis rirent de bon coeur à la promesse d'une foule de jouets impossibles, imaginaires; comment la mère de Kit ne pouvait se lasser de les embrasser, ni Kit se résoudre à la gronder de perdre ainsi son temps, tout cela ne nous avancerait guère, ni vous ni moi. Laissant donc de côté ces détails, bornons-nous à dire que, peu de minutes après l'expiration des deux heures fixées, Kit et sa mère arrivaient devant la porte du notaire où une chaise de poste attendait déjà.

      «Une voiture à quatre chevaux, ce me semble! dit Kit stupéfait de ces préparatifs. Vous arrivez juste à temps, ma mère… La voici, monsieur. Voici ma mère. Elle est toute prête, monsieur.

      – Fort bien, répondit le gentleman. N'ayez aucune crainte, madame; on aura grand soin de vous. Où est la boîte avec les vêtements neufs et les nécessaires de voyage?

      – La voici, dit le notaire. Christophe, mettez-la dans la voiture.

      – C'est fini, monsieur, dit Kit, tout est prêt, monsieur.

      – Alors partons,» dit le gentleman.

      Là-dessus, il donna le bras à la mère de Kit, la fit monter dans la voiture aussi poliment que si c'était une grande dame, et prit place à côté d'elle.

      Le marchepied est relevé, la portière se ferme avec bruit, les roues commencent à tourner, tandis que la mère de Kit, penchée et comme suspendue hors d'une des vitres, agitait un mouchoir de poche humide de ses larmes et jetait de loin mille recommandations pour le petit Jacob et le poupon, sans que personne pût en entendre un mot.

      Kit était resté immobile au milieu de la rue; il les suivit du regard. Lui aussi il avait les larmes aux yeux, mais ces larmes n'étaient point causées par le départ dont il venait d'être témoin, elles coulaient à l'idée du retour qu'il prévoyait déjà.

      «Ils se sont éloignés à pied, pensait-il, et personne n'était là pour leur parler, pour leur adresser un adieu amical: ils reviendront traînés par quatre chevaux, avec ce riche gentleman pour compagnon et pour ami, laissant derrière eux tous leurs soucis! Elle oubliera peut-être que c'est elle qui m'a appris à écrire…»

      Je ne sais pas tout ce que Kit s'avisa de penser là-dessus, mais ce qu'il y a de sûr, c'est qu'il y mit le temps: en effet, notre garçon resta à contempler les lignes brillantes des réverbères, bien après que la chaise de poste eut disparu; et quand il rentra enfin dans la maison, le notaire et M. Abel, qui étaient eux-mêmes restés sur le seuil de la porte jusqu'à ce que le bruit des roues se fut complètement éteint dans l'éloignement, s'étaient déjà demandé plusieurs fois avec étonnement quel motif pouvait le retenir encore.

      CHAPITRE V

      Il convient maintenant que nous laissions pendant quelque temps Kit pensif, et plein d'impatience, pour suivre les aventures de la petite Nelly; nous allons reprendre le fil de notre récit là où nous l'avons quitté à plusieurs chapitres d'intervalle.

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