Название: Le magasin d'antiquités, Tome II
Автор: Чарльз Диккенс
Издательство: Public Domain
Жанр: Зарубежная классика
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– Oh! Christophe, dit Barbe, je suis sûre que cette dame est la plus belle créature qu'il y ait au monde.
– Quelle bêtise! répliqua-t-il. Elle n'est pas mal, je ne le nie pas; mais songez comme elle était peinte et bien habillée, et quelle différence cela fait. Tenez, vous, Barbe, vous êtes beaucoup mieux qu'elle.
– Oh! Christophe!.. murmura Barbe en baissant les yeux.
– Oui, vous êtes mieux que ça tous les jours, votre mère aussi.»
Pauvre Barbe!
Mais qu'est-ce que tout cela, oui, tout cela, en comparaison de la prodigalité folle de Kit, lorsqu'il entra dans une boutique d'huîtres avec autant d'aplomb que s'il y eût eu son domicile et, sans daigner regarder le comptoir ni l'homme qui y était assis, conduisit sa société dans un cabinet, un cabinet particulier, garni de rideaux rouges, d'une nappe et d'un porte-huilier complet, et qu'il ordonna à un gentleman qui avait des favoris et qui, en qualité de garçon, l'avait appelé lui Christophe Nubbles «Monsieur», d'apporter trois douzaines de ses plus grandes huîtres et de se dépêcher! Oui, Kit dit à ce gentleman de se dépêcher; et non-seulement le gentleman répondit qu'il allait se dépêcher, mais il le fit et revint en courant apporter les pains les plus tendres, le beurre le plus frais et les plus grandes huîtres qu'on eût jamais vues. Alors Kit dit à ce gentleman:
«Un pot de bière!» juste sur le même ton; et le gentleman, au lieu de répondre:
«Monsieur, est-ce à moi que vous parlez?» se borna à dire:
«Pot de bière, monsieur? oui, monsieur,» et étant revenu l'apporter, il le plaça dans une sébile semblable à celle que les chiens d'aveugles tiennent à leur gueule par les rues pour y recevoir un sou; aussi, quand il sortit, la mère de Kit et la mère de Barbe déclarèrent d'une voix commune qu'elles n'avaient jamais vu un jeune homme plus avenant et plus gracieux.
On se mit alors à souper de bon appétit; et voilà que Barbe, cette petite folle de Barbe, dit qu'elle ne pourrait pas manger plus de deux huîtres; tout ce qu'on obtint d'elle avec des efforts incroyables, ce fut qu'elle en mangeât quatre. En revanche, sa mère et celle de Kit s'en acquittèrent à merveille: elles mangèrent, rirent et s'amusèrent si bien que Kit, rien qu'à les voir, se mit à rire et manger de même façon par la force de la sympathie. Mais ce qu'il y eut de plus prodigieux dans cette nuit de fête, ce fut le petit Jacob qui absorbait les huîtres comme s'il était né et venu au monde pour cela; il y versait le poivre et le vinaigre avec une dextérité au-dessus de son âge, et finit par bâtir une grotte sur la table avec les écailles. Il n'y eut pas jusqu'au poupon qui, de toute la soirée, ne ferma pas l'oeil, restant là paisiblement assis, s'efforçant de fourrer dans sa bouche une grosse orange et regardant avec satisfaction la lumière du gaz. Vraiment, à le voir sur les genoux de sa mère, très-occupé de contempler le gaz qui ne le faisait point sourciller, et à égratigner son gentil visage avec une écaille d'huître, un coeur de fer n'eût pu s'empêcher d'être attendri et de l'aimer. En résumé, jamais il n'y eut plus charmant souper, et lorsque Kit eut demandé, pour finir, un verre de quelque chose de chaud et proposé qu'on bût à la ronde à la santé de M. et mistress Garland, nous pouvons dire qu'il n'y avait pas dans le monde entier six personnes plus heureuses.
Mais tout bonheur a son terme, ce qui en rend d'autant plus agréable le prochain retour; et comme il commençait à se faire tard, on reconnut qu'il était temps de retourner au logis. Ainsi, après s'être un peu écartés de leur chemin pour conduire Barbe et sa mère jusqu'à la maison d'un ami chez qui elles devaient passer la nuit, Kit et mistress Nubbles les laissèrent à leur porte en se promettant de retourner ensemble à Finchley le lendemain matin de bonne heure et en échangeant bien des projets pour les plaisirs de la future sortie. Alors Kit prit sur son dos le petit Jacob, donna son bras à sa mère, un baiser au poupon, et tous quatre se mirent à trotter gaiement pour regagner leur domicile.
CHAPITRE III
Plein de cette espèce d'ennui vague qui s'éveille d'ordinaire le lendemain des jours de fête, Kit se leva dès l'aurore et, un peu dégrisé des plaisirs de la soirée précédente par l'importune fraîcheur de la matinée et la nécessité de reprendre son service et ses travaux journaliers, il songea à aller chercher au rendez- vous convenu avec Barbe et sa mère. Mais il eut soin de ne point éveiller sa petite famille qui dormait encore, se reposant de ses fatigues inaccoutumées: aussi posa-t-il son argent sur la cheminée en traçant à la craie un avis pour appeler sur ce sujet l'attention de mistress Nubbles et lui apprendre que cet argent provenait de son fils dévoué; puis il sortit, le coeur un peu plus lourd que les poches, mais malgré cela sans trop d'accablement.
Oh! les jours de fête! pourquoi nous laissent-ils un regret? Pourquoi ne nous est-il pas permis de les refouler dans notre mémoire, ne fût-ce qu'une semaine ou deux, pour pouvoir en quelque sorte les mettre à la distance convenable où nous ne les verrions plus qu'avec une indifférence calme ou bien avec un doux souvenir? Pourquoi nous laissent-ils un arrière-goût, comme le vin de la veille nous laisse le mal de tête et la fatigue, avec une foule de bonnes résolutions pour l'avenir qui devraient être éternelles, mais qui ne durent guère que jusqu'au lendemain exclusivement.
Nul n'aura lieu de s'étonner si nous disons que Barbe avait mal à la tête, ou que la mère de Barbe ressentit de la lassitude; qu'elle n'était plus tout à fait aussi enthousiaste du théâtre d'Astley et trouvait que le clown devait être décidément plus vieux qu'il ne leur avait paru la veille. Kit ne fut pas du tout surpris de ces critiques; lui-même, il se disait tout bas que les acteurs de ce spectacle éblouissant n'étaient que des baladins qui avaient déjà rempli le même rôle l'avant-veille, et qu'ils le rempliraient encore ce soir et demain, et bien des semaines et des mois devant d'autres spectateurs. Voilà la différence du jour au lendemain. Nous allons tous à la comédie ou nous en revenons.
Cependant on sait que le soleil n'a que de faibles rayons lorsqu'il se lève et qu'il acquiert de la force et de l'énergie à mesure que le jour se développe. Ainsi par degrés les trois compagnons de route commencèrent à se rappeler diverses circonstances des plus agréables jusqu'à ce que, moitié causant, moitié marchant et riant, ils arrivèrent à Finchley en si bonnes dispositions que la mère de Barbe déclara ne s'être jamais trouvée moins fatiguée ni en meilleur état d'esprit, et que Kit en fit autant. Barbe, qui s'était tue durant toute la route, fit la même déclaration. Pauvre petite Barbe! Elle était si douce et si gentille!
Il était de si bonne heure quand ils rentrèrent à la maison, que Kit avait étrillé le poney et l'avait rendu aussi brillant qu'un cheval de course avant que M. Garland fût descendu pour déjeuner. La vieille dame, le vieux monsieur et M. Abel lui firent hautement compliment de son exactitude et de son activité. À son heure accoutumée, ou plutôt à la minute, à la seconde, car il était la ponctualité en personne, M. Abel partit pour prendre la diligence de Londres, et Kit et le vieux gentleman allèrent travailler au jardin.
Ce n'était pas la moins agréable des fonctions de Kit; car lorsqu'il faisait beau, ils étaient absolument en famille: la vieille dame s'installait auprès d'eux avec son panier à travail posé sur une petite table; le vieux gentleman bêchait, émondait, taillait avec une grande paire de ciseaux, ou aidait Kit avec beaucoup d'activité à diverses besognes; et Whisker, du fond du parc où il paissait, les regardait tous paisiblement. Ce jour-là, ils avaient à tailler la vigne en cordons: Kit monta jusqu'à la moitié d'une échelle courte et se mit à couper les bourgeons et à attacher les branches, à coups de marteau, tandis que le vieux gentleman, suivant avec attention tous ses mouvements, lui tendait les clous et les chiffons au fur et à mesure qu'il en avait besoin. La vieille dame et Whisker les regardaient comme à l'ordinaire.
«Eh bien, Christophe, dit M. СКАЧАТЬ