David Copperfield – Tome I. Чарльз Диккенс
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СКАЧАТЬ dit M. Creakle en promenant les yeux tout autour de la chambre, si jusqu'à l'instant présent ce fait était jamais parvenu à ma connaissance.

      – Je ne crois pas que vous l'ayez su positivement, reprit M. Mell.

      – Comment! vous ne croyez pas, dit M. Creakle. Que voulez-vous dire, malheureux?

      – Je ne suppose pas que vous m'ayez jamais cru dans une brillante position de fortune, repartit notre maître d'études. Vous savez ce qu'est et ce qu'a toujours été ma situation dans cette maison.

      – Je crains, dit M. Creakle, et les veines de son front devenaient formidables, que vous n'ayez été en effet ici dans une fausse position, et que vous n'ayez pris ma maison pour une école de charité. Monsieur Mell, il ne nous reste plus qu'à nous séparer, et le plus tôt sera le mieux.

      – En ce cas, ce sera tout de suite, dit M. Mell en se levant.

      – Monsieur! dit M. Creakle.

      – Je vous dis adieu, monsieur Creakle, et à vous tous, messieurs, dit M. Mell en promenant ses regards tout autour de la chambre, et en me caressant de nouveau doucement l'épaule. James Steerforth, tout ce que je peux vous souhaiter de mieux, c'est qu'un jour vous veniez à vous repentir de ce que vous avez fait aujourd'hui. Pour le moment, je serais désolé de vous avoir pour ami ou de vous voir l'ami de quelqu'un auquel je m'intéresserais.»

      Il me passa doucement la main sur le bras, prit dans son pupitre quelques livres et sa flûte, remit la clef au pupitre pour l'usage de son successeur, puis sortit de la chambre avec ce léger bagage sous le bras. M. Creakle fit alors une allocution par l'intermédiaire de Tungby; il remercia Steerforth d'avoir défendu (quoiqu'un peu trop chaleureusement peut-être) l'indépendance et la bonne renommée de Salem-House, puis il finit en lui donnant une poignée de main pendant que nous poussions trois hurras, je ne savais pas trop pourquoi, mais je supposai que c'était en l'honneur de Steerforth, et je m'y joignis de toute mon âme, bien que j'eusse le coeur très-gros. M. Creakle donna des coups de canne à Tommy Traddles, parce qu'il le surprit à pleurer, au lieu d'applaudir au départ de M. Mell; puis il alla retrouver son canapé, son lit ou n'importe quoi.

      Nous nous retrouvâmes tout seuls, et nous ne savions trop que nous dire. Pour ma part, j'étais tellement désolé et repentant du rôle que j'avais joué dans l'affaire, que je n'aurais pu retenir mes larmes si je n'avais craint que Steerforth, qui me regardait très- souvent, n'en fût mécontent, ou plutôt qu'il ne le trouvât peu respectueux envers lui, tant était grande ma déférence pour son âge et sa supériorité! En effet, il était très en colère contre Traddles, et se plaisait à dire qu'il était enchanté qu'on l'eût puni d'importance.

      Le pauvre Traddles avait déjà passé sa période de désespoir sur son pupitre, et se soulageait comme à l'ordinaire en dessinant une armée de squelettes; il répondit que ça lui était bien égal: qu'il n'en était pas moins vrai qu'on avait très-mal agi envers M. Mell.

      «Et qui donc a mal agi envers lui, mademoiselle? dit Steerforth.

      – Mais c'est vous, repartit Traddles.

      – Qu'est-ce que j'ai donc fait? dit Steerforth.

      – Comment, ce que vous avez fait? reprit Traddles, vous l'avez profondément blessé, et vous lui avez fait perdre sa place.

      – Je l'ai blessé! répéta dédaigneusement Steerforth. Il s'en consolera un de ces quatre matins, allez. Il n'a pas le coeur aussi sensible que vous, mademoiselle Traddles. Quant à sa place, qui était fameuse, n'est-ce pas? croyez-vous que je ne vais pas écrire à ma mère pour lui envoyer de l'argent?»

      Nous admirâmes tous la noblesse des sentiments de Steerforth: sa mère était veuve et riche, et prête, disait-il, à faire tout ce qu'il lui demanderait. Nous fûmes tous ravis de voir Traddles ainsi remis à sa place, et on éleva jusqu'aux nues la magnanimité de Steerforth, surtout quand il nous eut informés, comme il daigna le faire, qu'il n'avait agi que dans notre intérêt, et pour nous rendre service, mais qu'il n'avait pas eu pour lui la moindre pensée d'égoïsme.

      Mais je suis forcé d'avouer que ce soir-là, tandis que je racontais une de mes histoires, le son de la flûte de M. Mell semblait retentir tristement à mon oreille, et lorsque Steerforth fut enfin endormi, je me sentis tout à fait malheureux à la pensée de notre pauvre maître d'études qui peut-être, en cet instant, faisait douloureusement vibrer son instrument mélancolique.

      Je l'oubliai bientôt pour contempler uniquement Steerforth qui travaillait tout seul, en amateur, sans l'aide d'aucun livre (il les savait tous par coeur, me disait-il), jusqu'à ce qu'on eût trouvé un nouveau répétiteur. Cet important personnage nous vint d'une école secondaire, et avant d'entrer en fonctions, il dîna un jour chez M. Creakle, pour être présenté à Steerforth. Steerforth voulut bien lui donner son approbation, et nous dit qu'il avait du chic. Sans savoir exactement quel degré de science ou de mérite ce mot impliquait, je respectai infiniment notre nouveau maître, sans me permettre le moindre doute sur son savoir éminent; et pourtant il ne se donna jamais pour ma chétive personne le quart de la peine que s'était donnée M. Mell.

      Il y eut, pendant ce second semestre de ma vie scolaire, un autre événement, qui fit sur moi une impression qui dure encore; et cela pour bien des raisons.

      Un soir que nous étions tous dans un terrible état d'agitation, M. Creakle, frappant à droite et à gauche dans sa mauvaise humeur, Tungby entra et cria de sa plus grosse voix:

      «Des visiteurs pour Copperfield!»

      Il échangea quelques mots avec M. Creakle, lui demanda dans quelle pièce il fallait faire entrer les nouveaux venus; puis on me dit de monter par l'escalier de derrière pour mettre un col propre, et de me rendre ensuite dans le réfectoire. J'étais debout, suivant la coutume, pendant ce colloque, prêt à me trouver mal d'étonnement. J'obéis, dans un état d'émotion difficile à décrire; et avant d'entrer dans le réfectoire, à la pensée que peut-être c'était ma mère, je retirai ma main qui soulevait déjà le loquet, et je versai d'abondantes larmes. Jusque-là je n'avais songé qu'à la possibilité de voir apparaître M. ou Mlle Murdstone.

      J'entrai enfin; et d'abord je ne vis personne; mais je sentis quelqu'un derrière la porte, et là, à mon grand étonnement, je découvris M. Peggotty et Ham, qui me tiraient leurs chapeaux avec la plus grande politesse. Je ne pus m'empêcher de rire, mais c'était plutôt du plaisir que j'avais à les voir que de la drôle de mine qu'ils faisaient avec leurs plongeons et leurs révérences. Nous nous donnâmes les plus cordiales poignées de main, et je riais si fort, mais si fort, qu'à la fin je fus obligé de tirer mon mouchoir pour m'essuyer les yeux.

      M. Peggotty, la bouche ouverte pendant tout le temps de sa visite, parut très-ému lorsqu'il me vit pleurer, et il fit signe à Ham de me dire quelque chose.

      «Allons, bon courage, monsieur Davy! dit Ham de sa voix la plus affectueuse. Mais, comme vous voilà grandi!

      – Je suis grandi? demandai-je en m'essuyant de nouveau les yeux. Je ne sais pas bien pourquoi je pleurais; ce ne pouvait être que de joie en revoyant mes anciens amis.

      – Grandi! monsieur Davy? Je crois bien qu'il a grandi! dit Ham.

      – Je crois bien qu'il a grandi! dit M. Peggotty.»

      Et ils se mirent à rire de si bon coeur que je recommençai à rire de mon côté, et à nous trois nous rîmes, ma foi, si longtemps, que je voyais le moment où j'allais me remettre à pleurer.

      «Savez-vous comment va maman, monsieur Peggotty? lui dis-je. Et comment СКАЧАТЬ