Robinson Crusoe. I. Defoe Daniel
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Читать онлайн книгу Robinson Crusoe. I - Defoe Daniel страница 16

Название: Robinson Crusoe. I

Автор: Defoe Daniel

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

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СКАЧАТЬ le rayon avait environ dix verges à partir du roc, et le diamètre vingt verges depuis un bout jusqu'à l'autre.

      Je plantai dans ce demi-cercle deux rangées de gros pieux que j'enfonçai en terre jusqu'à ce qu'ils fussent solides comme des pilotis. Leur gros bout, taillé en pointe, s'élevait hors de terre à la hauteur de cinq pieds et demi; entre les deux rangs il n'y avait pas plus de six pouces d'intervalle.

      Je pris ensuite les morceaux de câbles que j'avais coupés à bord du vaisseau, et je les posai les uns sur les autres, dans l'entre-deux de la double palissade, jusqu'à son sommet. Puis, en dedans du demi-cercle, j'ajoutai d'autres pieux d'environ deux pieds et demi, s'appuyant contre les premiers et leur servant de contrefiches.

      Cet ouvrage était si fort que ni homme ni bête n'aurait pu le forcer ni le franchir. Il me coûta beaucoup de temps et de travail, surtout pour couper les pieux dans les bois, les porter à pied-d'œuvre et les enfoncer en terre.

      LA CHÈVRE ET SON CHEVREAU

      Pour entrer dans la place je fis, non pas une porte, mais une petite échelle avec laquelle je passais par-dessus ce rempart. Quand j'étais en dedans, je l'enlevais et la tirais à moi. Je me croyais ainsi parfaitement défendu et fortifié contre le monde entier, et je dormais donc en toute sécurité pendant la nuit, ce qu'autrement je n'aurais pu faire. Pourtant, comme je le reconnus dans la suite il n'était nullement besoin de toutes ces précautions contre des ennemis que je m'étais imaginé avoir à redouter.

      Dans ce retranchement ou cette forteresse, je transportai avec beaucoup de peine toutes mes richesses, toutes mes vivres, toutes mes munitions et provisions, dont plus haut vous avez eu le détail, et je me dressai une vaste tente que je fis double, pour me garantir des pluies qui sont excessives en cette région pendant certain temps de l'année; c'est-à-dire que j'établis d'abord une tente de médiocre grandeur; ensuite une plus spacieuse par-dessus, recouverte d'une grande toile goudronnée que j'avais mise en réserve avec les voiles.

      Dès lors je cessai pour un temps de coucher dans le lit que j'avais apporté à terre, préférant un fort bon hamac qui avait appartenu au capitaine de notre vaisseau.

      Ayant apporté dans cette tente toutes mes provisions et tout ce qui pouvait se gâter à l'humidité, et ayant ainsi renfermé touts mes biens, je condamnai le passage que, jusqu'alors, j'avais laissé ouvert, et je passai et repassai avec ma petite échelle, comme je l'ai dit.

      Cela fait, je commençai à creuser dans le roc, et transportant à travers ma tente la terre et les pierres que j'en tirais, j'en formai une sorte de terrasse qui éleva le sol d'environ un pied et demi en dedans de la palissade. Ainsi, justement derrière ma tente, je me fis une grotte qui me servait comme de cellier pour ma maison.

      Il m'en coûta beaucoup de travail et beaucoup de temps avant que je pusse porter à leur perfection ces différents ouvrages; c'est ce qui m'oblige à reprendre quelques faits qui fixèrent une partie de mon attention durant ce temps. Un jour, lorsque ma tente et ma grotte n'existaient encore qu'en projet, il arriva qu'un nuage sombre et épais fondit en pluie d'orage, et que soudain un éclair en jaillit, et fut suivi d'un grand coup de tonnerre. La foudre m'épouvanta moins que cette pensée, qui traversa mon esprit avec la rapidité même de l'éclair: Ô ma poudre!.. Le cœur me manqua quand je songeai que toute ma poudre pouvait sauter d'un seul coup; ma poudre, mon unique moyen de pourvoir à ma défense et à ma nourriture. Il s'en fallait de beaucoup que je fusse aussi inquiet sur mon propre danger, et cependant si la poudre eût pris feu, je n'aurais pas eu le temps de reconnaître d'où venait le coup qui me frappait.

      Cette pensée fit une telle impression sur moi, qu'aussitôt l'orage passé, je suspendis mes travaux, ma bâtisse, et mes fortifications, et me mis à faire des sacs et des boîtes pour diviser ma poudre par petites quantités; espérant qu'ainsi séparée, quoi qu'il pût advenir, tout ne pourrait s'enflammer à la fois; puis je dispersai ces paquets de telle façon qu'il aurait été impossible que le feu se communiquât de l'un à l'autre. J'achevai cette besogne en quinze jours environ; et je crois que ma poudre, qui pesait bien en tout deux cent quarante livres, ne fut pas divisée en moins de cent paquets. Quant au baril qui avait été mouillé, il ne me donnait aucune crainte; aussi le plaçai-je dans ma nouvelle grotte, que par fantaisie j'appelais ma cuisine; et quant au reste, je le cachai à une grande hauteur et profondeur, dans des trous de rochers, à couvert de la pluie, et que j'eus grand soin de remarquer.

      Tandis que j'étais occupé à ce travail, je sortais au moins une foischaque jour avec mon fusil, soit pour me récréer, soit pour voir si je ne pourrais pas tuer quelque animal pour ma nourriture, soit enfin pour reconnaître autant qu'il me serait possible quelles étaient les productions de l'île. Dès ma première exploration je découvris qu'il y avait des chèvres, ce qui me causa une grande joie; mais cette joie fut modérée par un désappointement: ces animaux étaient si méfiants, si fins, si rapides à la course, que c'était la chose du monde la plus difficile que de les approcher. Cette circonstance ne me découragea pourtant pas, car je ne doutais nullement que je n'en pusse blesser de temps à autre, ce qui ne tarda pas à se vérifier. Après avoir observé un peu leurs habitudes, je leur dressai une embûche. J'avais remarqué que lorsque du haut des rochers elles m'appercevaient dans les vallées, elles prenaient l'épouvante et s'enfuyaient. Mais si elles paissaient dans la plaine, et que je fusse sur quelque éminence, elles ne prenaient nullement garde à moi. De là je conclus que, par la position de leurs yeux, elles avaient la vue tellement dirigée en bas, qu'elles ne voyaient pas aisément les objets placés au-dessus d'elles. J'adoptai en conséquence la méthode de commencer toujours ma chasse par grimper sur des rochers qui les dominaient, et de là je l'avais souvent belle pour tirer. Du premier coup que je lâchai sur ces chèvres, je tuai une bique qui avait auprès d'elle un petit cabri qu'elle nourrissait, ce qui me fit beaucoup de peine. Quand la mère fut tombée, le petit chevreau, non-seulement resta auprès d'elle jusqu'à ce que j'allasse la ramasser, mais encore quand je l'emportai sur mes épaules, il me suivit jusqu'à mon enclos. Arrivé là, je la déposai à terre, et prenant le biquet dans mes bras, je le passai par-dessus la palissade, dans l'espérance de l'apprivoiser. Mais il ne voulut point manger, et je fus donc obligé de le tuer et de le manger moi-même. Ces deux animaux me fournirent de viande pour long-temps, car je vivais avec parcimonie, et ménageais mes provisions, – surtout mon pain, – autant qu'il était possible.

      Ayant alors fixé le lieu de ma demeure, je trouvai qu'il était absolument nécessaire que je pourvusse à un endroit pour faire du feu, et à des provisions de chauffage. De ce que je fis à cette intention, de la manière dont j'agrandis ma grotte, et des aisances que j'y ajoutai, je donnerai amplement le détail en son temps et lieu; mais il faut d'abord que je parle de moi-même, et du tumulte de mes pensées sur ma vie.

      Ma situation m'apparaissait sous un jour affreux; comme je n'avais échoué sur cette île qu'après avoir été entraîné par une violente tempête hors de la route de notre voyage projeté, et à une centaine de lieues loin de la course ordinaire des navigateurs, j'avais de fortes raisons pour croire que, par arrêt du ciel, je devais terminer ma vie de cette triste manière, dans ce lieu de désolation. Quand je faisais ces réflexions, des larmes coulaient en abondance sur mon visage, et quelquefois je me plaignais à moi-même de ce que la Providence pouvait ruiner ainsi complètement ses créatures, les rendre si absolument misérables, et les accabler à un tel point qu'à peine serait-il raisonnable qu'elles lui sussent gré de l'existence.

      Mais j'avais toujours un prompt retour sur moi-même, qui arrêtait le cours de ces pensées et me couvrait de blâme. Un jour entre autres, me promenant sur le rivage, mon fusil à la main, j'étais fort attristé de mon sort, quand la raison vint pour ainsi dire disputer avec moi, et me parla ainsi: – «Tu es, il est vrai, dans l'abandon; mais rappelle-toi, s'il te plaît, ce qu'est devenu le reste de l'équipage. N'étiez-vous pas descendus onze dans la chaloupe? où sont les dix autres? Pourquoi n'ont-ils pas été sauvés, et toi perdu? Pourquoi as-tu été le seul СКАЧАТЬ