Le roman d'un jeune homme pauvre (Play). Feuillet Octave
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Читать онлайн книгу Le roman d'un jeune homme pauvre (Play) - Feuillet Octave страница 3

СКАЧАТЬ MAXIME.

      Oui, un peu… Je l'avais perdu de vue depuis des années… mon père ne l'aimait pas; il se moquait de ses formes solennelles et respectueuses, sous lesquelles il prétendait flairer un vieux levain bourgeois, roturier, et même jacobin, disait-il. J'ai ri moi-même plus d'une fois aux dépens de ce bonhomme, ne me doutant guère que j'attendrais un jour, de sa bouche, le dernier mot de ma destinée.

       GASTON.

      Mais enfin, vous aviez cent mille francs de rente… Les morceaux en sont bons, que diable!

       MAXIME.

      Tu penses, n'est-ce pas, que je sauverai quelque épave? Eh! mon Dieu, si seulement l'existence de ma soeur était assurée!.. mais cette incertitude est affreuse!..

       GASTON.

      Et comment n'as-tu pas encore vu ton Laubépin?

       MAXIME.

      Tu peux croire qu'à peine arrivé j'ai couru chez lui, mais bah! il n'y était pas! Il était à la campagne, en province, je ne sais où… aussi je suis là depuis deux jours dans un état de misère, de détresse morale… et physique… dont j'ose à peine te donner l'idée.

      GASTON, avec distraction et embarras.

      Pauvre ami! Ah! voilà… voilà la vie!.. c'est atroce! c'est atroce! (Regardant l'heure à sa montre.) Ah çà, mon ami, je te demande mille fois pardon, mais j'ai un rendez-vous au tattersall pour trois heures; voilà trois heures et demie…

      MAXIME, froidement.

      Va, mon ami, va. (Avec une nuance d'ironie.) Tu reviendras, n'est-ce pas?

       GASTON.

      Parbleu, en doutes-tu? Diable! ce n'est pas dans des moments pareils qu'on abandonne ses amis. (Il tire son porte-cigare.) Ah çà, tu vas bien me permettre de t'offrir un cigare, mon ami, j'en ai d'excellents; il n'y en a plus que deux… nous allons partager en frères… A revoir, Maxime, à bientôt, bon courage!

      MAXIME, qui s'est laissé mettre le cigare dans la main, avec un sourire triste.

      Je vais le fumer!

       SCENE V.

       MAXIME, MADAME VAUBERGER.

       MADAME VAUBERGER.

      Monsieur! c'est monsieur Laubépin.

       MAXIME.

      Laubépin!.. Ah! faites entrer! faites entrer! (A part.) Dieu soit loué! Je vais du moins être tiré de cette angoisse! (Entre Laubépin.)

       SCENE VI.

       MAXIME, LAUBEPIN.

       MAXIME.

      Ah! cher Monsieur, je vous attendais avec impatience…

      LAUBEPIN, s'inclinant.

      Monsieur le marquis! Votre santé, monsieur le marquis?

       MAXIME.

      Meilleure, monsieur Laubépin, je vous remercie…

       LAUBEPIN.

      Et mademoiselle Hélène de Champcey?

       MAXIME.

      Elle va bien, elle est toujours ici, dans sa pension. La pauvre enfant ignore nos désastres; moi-même, monsieur Laubépin, vous le savez, je n'en connais pas exactement l'étendue, et c'est de votre bouche…

       LAUBEPIN.

      Pardon, monsieur le marquis, mais il entre dans mes habitudes de procéder avec méthode.

       MAXIME.

      Ah! veuillez vous asseoir, Monsieur. (Ils s'asseoient à droite1 [1. Laubépin, Maxime.].)

       LAUBEPIN.

      Ce fut, monsieur, en l'année 1820, que mademoiselle Louise-Hélène Dugald Delatouche d'Erouville fut recherchée en mariage par Charles-Christian Odiot, marquis de Champcey d'Hauterive. Vous n'ignorez pas, Monsieur, que j'étais enchaîné à la famille Dugald Delatouche par les liens d'un dévouement en quelque sorte héréditaire, et que, de plus, la jeune héritière de cette maison m'avait inspiré, par ses aimables vertus, une affection aussi profonde que respectueuse. Je dus employer tous les arguments de la raison pour détourner mademoiselle Dugald de la funeste alliance qui lui était proposée. Je dis funeste alliance, Monsieur, parce que tout en rendant justice aux qualités chevaleresques et trop séduisantes qui distinguaient monsieur le marquis de Champcey, comme tous ceux de sa maison, j'apercevais déjà clairement sous ces dehors brillants l'irréflexion et la frivolité obstinées, la fureur du plaisir, et finalement le barbare égoïsme…

       MAXIME.

      Monsieur, la mémoire de mon père m'est sacrée, et j'entends qu'elle le soit à tous ceux qui parlent de mon père devant moi.

      LAUBEPIN, avec émotion.

      Monsieur, je respecte ce sentiment; mais quand je parle de votre père, comment oublier, Monsieur, que je parle de l'homme qui a tué votre mère, une enfant héroïque, une martyre!

      MAXIME, se levant.

      Monsieur Laubépin!

      LAUBEPIN, se levant aussi et posant une main sur le bras de Maxime.

      Pardon, jeune homme; mais j'étais l'ami de votre mère… je l'ai pleurée. Veuillez me pardonner!.. Au surplus (se rasseyant), si vous l'exigez, je ne parlerai que du présent.

       MAXIME.

      Je vous en prie. (Ils s'asseyent.)

       LAUBEPIN.

      Monsieur, vous verre le détail de mes opérations dans le dossier volumineux que le concierge de cet hôtel est allé chercher chez moi: mais pour résumer ces opérations en un mot, il se trouve qu'après la vente de votre château, de vos terres et de cet hôtel même, à des conditions inespérées, vous resterez redevable envers les créanciers de Monsieur votre père, d'une somme de 45,000 fr.

       MAXIME.

      Est-il possible!

       LAUBEPIN.

      Monsieur, cela est certain.

       MAXIME.

      Comment! non-seulement il ne nous reste rien, mais…

       LAUBEPIN.

      Vous devez quarante-cinq mille francs…

      MAXIME, se levant. Faisant quelques pas dans la chambre. A part.

      Mon Dieu! pauvre Hélène1 [1. Maxime, Laubépin.]!

      LAUBEPIN, СКАЧАТЬ