La San-Felice, Tome 02. Dumas Alexandre
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Название: La San-Felice, Tome 02

Автор: Dumas Alexandre

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

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СКАЧАТЬ blessé venait d'expirer, et don Michelangelo Ciccone priait à son chevet.

      Au moment où Dominique Cirillo rentrait chez lui, trois heures sonnaient à l'église de Pie-di-Grotta.

      XXII

      LE CONSEIL D'ÉTAT

      Outre les séances qui se tenaient chez la reine, dans cette chambre obscure où nous avons introduit nos lecteurs, et que l'on eût pu à bon droit prendre pour des séances de l'inquisition, il y avait chaque semaine, au palais, quatre conseils ordinaires: le lundi, le mercredi, le jeudi et le vendredi.

      Les personnes qui composaient ces conseils d'État étaient:

      Le roi, lorsqu'il y était forcé par l'importance des affaires;

      La reine, dont nous avons expliqué le droit de présence;

      Le capitaine général Jean Acton, président du conseil;

      Le prince de Castel-Cicala, ministre des affaires étrangères, marine, commerce, et espion dénonciateur et juge dans ses moment perdus;

      Le brigadier Jean-Baptiste Ariola, ministre de la guerre, homme intelligent et comparativement honnête;

      Le marquis Saverio Simonetti, ministre de grâce et justice.

      Le marquis Ferdinand Corradino, ministre des cultes et des finances, qui eût été le plus médiocre de tous les ministres, s'il n'eût rencontré au conseil Saverio Simonetti, encore plus médiocre que lui.

      Dans les grandes occasions, on adjoignait à ces messieurs, le marquis de la Sambucca, le prince Carini, le duc de San-Nicolo, le marquis Balthazar Cito, le marquis del Gallo et les généraux Pignatelli, Colli et Parisi.

      Tout au contraire du roi, qui assistait à l'un de ces conseils sur dix, la reine y était fort assidue; il est vrai que souvent elle semblait simple spectatrice de la discussion, se tenant éloignée de la table et assise dans quelque coin ou quelque embrasure de fenêtre avec sa favorite Emma Lyonna, qu'elle avait introduite dans la salle des séances comme une chose à elle et étant de sa suite obligée, sans plus d'importance apparente que n'en avait, derrière Ferdinand, Jupiter, son épagneul favori.

      Chacun jouait sa comédie: les ministres avaient l'air de discuter, Ferdinand avait l'air d'être attentif, Caroline avait l'air d'être distraite, le roi grattait l'occiput de son chien, la reine jouait avec les cheveux d'Emma, favori et favorite étaient couchés, l'un aux pieds de son maître, l'autre aux genoux de sa maîtresse. Les ministres, soit en passant devant eux, soit dans les intervalles des discussions, faisaient une caresse à Jupiter, un compliment à Emma, et caresse et compliment étaient récompensés par un sourire du maître ou de la maîtresse.

      Le capitaine général Jean Acton, seul pilote chargé de la responsabilité de ce navire battu par le vent révolutionnaire qui venait de France, et engagé, en outre, dans les récifs de cette mer dangereuse des sirènes, où sombrèrent en six siècles huit dominations différentes; Acton, le front plissé, l'oeil sombre, la main frémissante comme s'il eût en effet touché le gouvernail, semblait seul comprendre la gravité de sa situation et l'approche du danger.

      Appuyée sur la flotte anglaise, à peu près sûre du concours du Nelson, forte surtout de sa haine contre la France, la reine était décidée non-seulement à affronter le danger, mais encore à aller au-devant de lui et à le provoquer.

      Quant à Ferdinand, c'était tout le contraire; il avait jusqu'alors, avec toutes les ressources de sa feinte bonhomie, louvoyé, de manière sinon à satisfaire la France, au moins à ne lui fournir aucun moyen spécieux de se brouiller avec lui.

      Et voilà que, grâce aux imprudences de Caroline, les événements avaient marché plus vite que ne l'avait calculé le roi, lequel, au lieu de leur imprimer un mouvement impulsif, eût voulu les laisser se dérouler avec une sage lenteur; voilà qu'on avait été, comme nous l'avons vu, au-devant de Nelson; voilà qu'au mépris des traités conclus avec la France, on avait reçu la flotte anglaise dans le port de Naples; voilà qu'on avait donné une fête splendide au vainqueur d'Aboukir; voilà que l'ambassadeur de la République, lassé de tant de mauvaise foi, de tant de mensonges et de tant d'affronts, sans calculer si de son côté la France était prête, avait, au nom de la France, déclaré la guerre au gouvernement des Deux-Siciles; voilà enfin que le roi, qui avait, pour le mardi 27 septembre, ordonné une magnifique chasse, dont trois fanfares devaient lui donner le signal, avait, comme nous l'avons vu, par suite de la lettre de la reine, décommandé sa chasse et été obligé de la convertir en conseil d'État!

      Au reste, ministres et conseillers avaient été prévenus par Acton de la mauvaise humeur probable de Sa Majesté, et invités à se renfermer dans le silence pythagoricien.

      La reine était arrivée la première au conseil, et, outre les ministres et les conseillers, elle y avait trouvé le cardinal Ruffo; elle lui avait alors fait demander à quelle circonstance heureuse elle devait le plaisir de sa présence; Ruffo avait répondu qu'il était là par ordre exprès du roi; la reine et le cardinal avaient échangé, l'une une légère inclination de tête, l'autre une profonde révérence, et l'on avait silencieusement attendu l'arrivée du roi.

      A neuf heures un quart, la porte s'était ouverte à deux battants, et les huissiers avaient annoncé:

      – Le roi!

      Ferdinand était entré doublement mécontent et faisant opposition, par son air maussade et rechigné, à l'air joyeux et vainqueur de la reine; son épagneul Jupiter, avec lequel nous avons déjà fait connaissance, ne le cédant point en intelligence aux coursiers d'Hippolyte, le suivait, la tête basse et la queue entre les jambes. Quoique la chasse eût été renvoyée à un autre jour, le roi, comme pour protester contre la violence qui lui était faite, s'était vêtu en chasseur.

      C'était une consolation qu'il s'était donnée et qu'apprécieront ceux-là seuls qui connaissent son fanatisme pour l'amusement dont on l'avait privé.

      A sa vue, tout le monde se leva, même la reine.

      Ferdinand la regarda de côté, secoua la tête et poussa un soupir, comme ferait un homme qui se trouve en face de la pierre d'achoppement de tous ses plaisirs.

      Puis, après un salut général à droite et à gauche, en réponse aux révérences des ministres et des conseillers, et un salut personnel et particulier au cardinal Ruffo:

      – Messieurs, dit-il d'une voix dolente, je suis véritablement au désespoir d'avoir été forcé de vous déranger un jour où vous comptiez peut-être, comme moi, au lieu de tenir un conseil d'État, vous occuper de vos plaisirs ou de vos affaires. Ce n'est point ma faute, je vous le jure, si vous éprouvez ce désappointement; mais il paraît que nous avons à débattre des choses pressées et de la plus haute importance, choses que la reine prétend ne pouvoir être débattues que par-devant moi. Sa Majesté va vous raconter l'affaire; vous en jugerez et m'éclairerez de vos avis. Asseyez-vous, messieurs.

      Puis, s'asseyant à son tour un peu en arrière des autres et en face de la reine:

      – Viens ici, mon pauvre Jupiter, ajouta-t-il en frappant sur sa cuisse avec sa main; nous allons bien nous amuser; va!

      Le chien vint, en bâillant, se coucher près de lui, allongeant ses pattes et se tenant accroupi à la manière des sphinx.

      – Oh! messieurs, dit la reine avec cette impatience que lui inspiraient toujours les manières de faire et de dire de son mari, si complétement en opposition avec les siennes, la chose est СКАЧАТЬ