Название: Micah Clarke – Tome II. Le Capitaine Micah Clarke
Автор: Артур Конан Дойл
Издательство: Public Domain
Жанр: Зарубежная классика
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III – Maître Stephen Timewell, Maire de Taunton
Tout était en mouvement, en agitation, dans l'Hôtel de Ville.
Sur un des côtés, à une table basse couverte de serge verte, étaient assis deux écrivains, ayant devant eux de grands rouleaux de papier.
Une longue procession de citadins défilaient devant eux.
Chacun déposait un rouleau ou un sac de pièces de monnaies qui était dûment enregistré par les receveurs.
Une caisse carrée, renforcée de fer, se trouvait à côté d'eux.
On y jetait l'argent et nous remarquâmes au passage qu'elle était à moitié pleine de pièces d'or.
Nous ne pûmes éviter de constater que parmi les donateurs, il y en avait beaucoup dont les doublets râpés et les figures amaigries montraient que les sommes si volontiers données par eux étaient le fruit de privations qu'ils s'étaient imposés jusque dans leur nourriture.
Beaucoup, parmi eux, accompagnaient leur offrande d'une courte prière, ou de la citation d'un texte bien choisi, où il est parlé du trésor qui ne se corrompt point, ou du prêt fait au Seigneur.
Le secrétaire de la ville, debout près de la table, délivrait les reçus pour chaque somme, et le mouvement incessant de sa langue emplissait la salle, lorsqu'il lisait les noms et les sommes, en y intercalant ses remarques:
– Abraham Willis, criait-il à notre entrée, inscrivez-le pour vingt-six livres dix shillings. Vous recevrez dix pour cent sur cette terre, Maître Willis, et je vous garantis qu'ensuite vous ne serez point oublié… John Standish, deux livres, William Simons, deux guinées… Tiens-bon Bealing, quarante-cinq livres. Voilà un fameux coup dans le flanc du Prélatisme, brave Maître Hoaling… Salomon Warren, cinq guinées; James White, cinq shillings, l'obole de la veuve, James!.. Thomas Bakewell, cinq livres. Non, Maître Bakewell, avec trois fermes sur les bords de la Tone et des pâturages dans l'endroit le plus fertile d'Athelney, vous pouvez vous montrer plus libéral pour la bonne cause. Nous vous reverrons sans doute. L'Alderman Smithson, quatre-vingt-dix livres! Aha! voilà un soufflet sur la figure de la femme vêtue d'écarlate. Encore quelques autres comme celui-là, et son trône se changera en chaise à plongeon. Nous la démolirons, digne Maître Smithson, ainsi que Jéhu, le fils de Nimshi, démolit la demeure de Baal.
Et il bavardait, bavardait, faisant succéder éloges, conseils, reproches, bien que les graves et solennels bourgeois ne prêtassent guère attention à son vain jacassement.
À l'autre côté de la salle, il y avait plusieurs longues auges de bois, employées à loger les piques et les faux.
Des messagers spéciaux, des appariteurs avaient été expédiés pour battre le pays et réunir des armes.
Ceux-ci, à leur retour, avaient déposé là leur butin sous la surveillance de l'armurier en chef.
Outre les armes ordinaires des paysans, on voyait un tonneau à moitié plein de pistolets et de pétrinaux, sans compter un bon nombre de mousquets, de fusils à écrou, des fusils hollandais, canardières, carabines, ainsi qu'une douzaine de tromblons à canon de bronze, à gueule évasée, quelques armes de rempart d'antique façon, telles que sacres, couleuvrines, provenant des manoirs du comté.
On avait pris sur les remparts, tiré des greniers de ces vieilles demeures bien d'autres armes, que sans doute nos aïeux regardaient comme des objets de prix, mais qui paraîtraient bien étranges en ce temps-ci, où on peut tirer un coup de fusil toutes les deux minutes, et envoyer aussi une balle à une distance de quatre cents pas.
Il y avait des hallebardes, des haches de combat, des masses d'armes, des lances, et d'antiques cottes de mailles, capables encore aujourd'hui de mettre la vie d'un homme à l'abri d'un coup d'épée ou de pique.
Maître Timewell, le Maire, était debout au milieu de ces allées et venues, mettant de l'ordre dans toutes choses, en chef habile et prévoyant.
Je compris aisément la confiance et l'affection qu'éprouvaient pour lui ses concitoyens, quand je le vis à l'œuvre, et faisant preuve de toute la sagesse de l'âge et de tout l'entrain de la jeunesse.
Il était tout entier à sa besogne.
Au moment de notre arrivée, il essayait le fonctionnement d'un falconnette, mais en nous apercevant, il s'avança et nous salua avec beaucoup de bienveillance.
– J'ai entendu parler beaucoup de vous, dit-il, et raconter comment vous avez maintenu ensemble les fidèles, et battu ainsi les cavaliers de l'usurpateur. Ce ne sera pas la dernière fois, je l'espère, que vous aurez vu leur dos. On m'a appris, Colonel Saxon, que vous avez beaucoup servi à l'étranger.
– J'ai été l'humble instrument de la Providence dans plus d'une bonne besogne, dit Saxon en s'inclinant. J'ai combattu avec les Suédois contre les Brandebourgeois, puis avec les Brandebourgeois contre les Suédois, mon temps étant expiré et mes conditions satisfaites avec ces derniers. Ensuite j'ai combattu avec les Bavarois contre les Suédois et les Brandebourgeois réunis, sans parler de la part que j'ai prise aux grandes guerres sur le Danube contre le Turc, et de deux campagnes dans le Palatinat avec les Messieurs, ce qui toutefois peut passer pour une distraction plutôt que pour de la guerre.
– De vrais états de service pour un soldat! s'écria le Maire, en caressant sa barbe blanche. J'ai entendu dire aussi que vous êtes puissant dans la prière et le chant. Vous êtes, ce que je vois, colonel, de la vieille race de mil six cent quarante, où les hommes passaient toute la journée en selle, et la moitié de la nuit à genoux. Quand reverrons-nous leurs pareils? Il ne reste plus que des débris tels que moi, le feu de notre jeunesse entièrement éteint, et n'offrant plus que des cendres léthargiques de la tiédeur.
– Non, non, dit Saxon, la position et l'occupation où vous voilà maintenant ne sont guère d'accord avec la modestie de votre langage. Mais voici des jeunes gens qui trouveront l'ardeur, si leurs anciens apportent le concours de leurs cerveaux. Voici le Capitaine Micah Clarke, le Capitaine Lockarby, et le Capitaine Honorable Sir Gervas Jérôme, qui sont venus de loin tirer leurs épées en faveur de la foi foulée aux pieds.
– Taunton vous souhaite la bienvenue jeunes messieurs, dit le Maire, en regardant un peu de travers, du moins je me le figurais, le baronnet qui avait tiré son miroir de poche et était occupé à se brosser les sourcils J'espère que durant votre séjour en cette ville, vous voudrez bien vous installer chez moi. C'est une maison sans façon, où la chère est simple, mais un soldat a peu de besoins. Et maintenant, colonel, je serais heureux de vous consulter au sujet de ces drags, et de savoir si après avoir été recerclés, ils peuvent encore servir, ainsi qu'au sujet de ces trois demi-canons, qui furent employés au temps ancien du Parlement et diront peut-être leur mot dans la cause du peuple.
Le vieux soldat et le Puritain s'enfoncèrent aussitôt dans une profonde et savante discussion sur les mérites des pièces de rempart, des petits canons, demi-couleuvrines, sacres, mignons, mortiers, faucons, pierriers, autant de types d'artillerie sur chacun desquels Saxon avait à exprimer des opinions bien tranchées, étayées de bien des aventures, de bien des expériences personnelles.
Il s'étendit ensuite sur les avantages des flèches à feu, des lances à feu, dans l'attaque ou la défense des places fortes.
Il termina par une longue dissertation СКАЧАТЬ