Micah Clarke – Tome II. Le Capitaine Micah Clarke. Артур Конан Дойл
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СКАЧАТЬ du haut de leurs observatoires, tandis que çà et là s'entrevoyait sous la coiffe puritaine une jolie figure timide et très propre à confirmer la renommée de Taunton, ville aussi célèbre par la beauté de ses femmes que pour les prouesses de ses hommes.

      Les côtés de la place étaient occupés par la masse compacte des gens du peuple, vieux tisseurs de laine à la barbe blanche, matrones aux faces revêches, villageoises avec leurs châles posés sur la tête, essaims d'enfants, qui de leurs voix aiguës acclamaient le Roi Monmouth et la succession protestante.

      – Sur ma foi, dit Sir Gervas, en faisant reculer son cheval jusqu'à ce qu'il se trouvât sur la même ligne que moi, nos amis aux bottes carrées ne devraient pas être si pressés d'aller au ciel, alors qu'ils ont parmi eux, sur terre, des anges en si grand nombre. Par le Corps Dieu! ne sont-elles pas belles! Et à elles toutes, elles n'ont pas une mouche, pas un diamant, et pourtant que ne donneraient pas vos belles fanées du Mail ou de la Piazza pour avoir leur innocence et leur fraîcheur?

      – Je vous en prie, au nom du ciel, ne leur envoyez pas de ces sourires et de ces saluts, dis-je. Ces politesses sont de mise à Londres, mais elles seraient entendues de travers parmi ces simples villageoises au Somerset et leurs parents, gens à la tête chaude, et qui frappent dur.

      J'avais à peine dit ces mots que la porte à deux vantaux de l'Hôtel de Ville s'ouvrit, et que le cortège des pères de la cité apparut sur la place du marché.

      Deux trompettes en justaucorps ini-parti les précédaient, en sonnant une fanfare sur leurs instruments.

      Derrière eux venaient les aldermen et les conseillers, graves et vénérables vieillards, drapés dans des robes de soie noire à traîne, aux collets et aux bords formés de coûteuses fourrures.

      Après eux s'avançait un petit homme rougeaud, bedonnant, qui tenait à la main la verge, insigne de son office.

      C'était le secrétaire de la ville.

      Le défilé des dignitaires se terminait par la haute et imposante personne de Stephen Timewell, Maire de Taunton.

      Il y avait dans l'extérieur de ce magistrat bien des choses faites pour attirer l'attention, car tous les traits qui caractérisaient le parti puritain, auquel il appartenait, se personnifiaient et s'exagéraient en lui.

      Il était d'une taille très haute, extrêmement maigre, avec un air fatigué, des paupières lourdes, qui trahissaient les jeûnes et les veilles.

      Les épaules courbées, la tête penchée sur la poitrine marquaient les effets de l'âge, mais ses yeux brillants, d'un gris d'acier, l'animation qui se remarquait dans les traits de sa figure pleine de vivacité, prouvaient à quelle hauteur l'enthousiasme religieux pouvait s'élever au-dessus de la faiblesse corporelle.

      Une barbe pointue, en désordre, tombait à mi-chemin de sa ceinture.

      Ses longs cheveux, blancs comme la neige, s'échappaient en voltigeant de dessous une calotte de velours.

      Cette calotte était fortement tendue sur le crâne de façon à faire saillir les oreilles dans une position forcée, de chaque côté, coutume qui a valu à son parti l'épithète de «dresse-l'oreille» qui lui fut si souvent appliquée par ses adversaires.

      Son costume était d'une simplicité étudiée, de couleur sombre.

      Il se composait de son manteau noir, de culottes en velours foncé, de bas de soie, avec des nœuds de velours aux souliers à la place des boucles alors en usage.

      Une grosse chaîne d'or, qu'il portait au cou, était la marque de son office.

      En avant de lui marchait à pas comptés le gros secrétaire de la ville, au gilet rouge, une main sur la hanche, l'autre étendue pour brandir la verge qui lui servait d'insigne.

      Il jetait des regards solennels à droite et à gauche, s'inclinait de temps en temps comme s'il s'attribuait les applaudissements.

      Ce petit homme avait attaché à sa ceinture un énorme sabre qui résonnait sur ses pas avec un bruit de ferraille sur le pavé formé de galets, et qui de temps en temps se mettait entre ses jambes.

      Alors l'homme l'enjambait d'un air brave et reprenait sa marche sans rien perdre de sa dignité.

      Trouvant à la fin ces interruptions trop fréquentes, il abaissa la poignée de son sabre de manière à en élever la pointe, et il continua à marcher avec l'air d'un coq bantam dont la queue aurait été réduite à une seule plume.

      Lorsque le Maire eut passé en avant et en arrière des différents corps et les eut inspectés avec une minutie et une attention bien propres à prouver que l'âge n'avait point émoussé ses qualités militaires, il fit demi-tour dans l'intention évidente de nous parler.

      Aussitôt son secrétaire s'élança devant lui, agitant les bras, et criant à tue-tête:

      – Silence, bonnes gens! Silence pour le très honorable Maire de Taunton! Silence pour le digne Maître Stephen Timewell.

      Et au milieu de ses gestes et de ses cris, il s'empêtra encore une fois dans son arme démesurée, et alla s'étaler à quatre pattes dans le ruisseau.

      – Silence, vous même, Maître Tetheridge, dit d'un ton sévère le magistrat suprême, si l'on vous rognait votre épée et votre langue, ce serait aussi avantageux pour vous que pour nous. Ne saurais-je dire quelques mots opportuns à ces braves gens sans que vous veniez m'interrompre par vos aboiements discordants?

      L'encombrant personnage se ramassa et s'esquiva derrière le groupe des conseillers, pendant que le Maire gravissait avec lenteur les degrés de la croix du marché.

      De là, il nous parla d'une voix haute, perçante, qui prenait plus d'ampleur à chaque mot, si bien qu'elle s'entendait jusque dans les coins les plus éloignés de la place.

      – Amis dans la foi, dit-il, je rends grâce au Seigneur d'avoir été épargné dans ma vieillesse pour être présent à cette pieuse réunion. Car nous, gens de Taunton, nous avons toujours entretenu vivante parmi nous la flamme du Covenant, parfois peut-être obscurcie par les courtisans des circonstances, mais restée toujours allumée dans les cœurs de notre peuple. Toutefois il régnait autour de nous des ténèbres pires que celles de l'Égypte, alors que Papisme et Prélatisme, Arminianisme et Érastianisme faisaient rage et se donnaient libre cours sans rencontrer d'obstacle ni de répression. Mais que vois-je maintenant? Vois-je les fidèles se retirer tremblants en leurs cachettes, et dressant l'oreille pour percevoir le bruit des fers des chevaux de leurs oppresseurs? Vois-je une génération docile aux maîtres du jour, avec le mensonge aux lèvres, et la vérité ensevelie au fond de son cœur? Non, je vois devant moi des hommes pieux, qui viennent non seulement de cette belle cité, mais encore de tout le pays à la ronde, et des comtés de Dorset, et de Wilts, certains même, à ce qu'on me dit, du Hampshire, tous disposés, empressés à besogner vigoureusement pour la cause du Seigneur. Et quand je vois ces hommes fidèles, et quand je pense que chacune des grosses pièces de monnaie qu'ils ont dans leurs caisses est prête à les soutenir, et quand je sais que ceux qui, dans le pays, ont survécu aux persécutions, rivalisent de prières pour nous, j'entends une voix intérieure qui me dit que nous abattrons les idoles de Dagon et que nous bâtirons dans cette Angleterre, notre pays, un temple de la vraie religion tel que ni Papisme, ni Prélatisme, ni idolâtrie, ni aucune autre invention du Mauvais ne prévaudra jamais contre lui.

      Un sourd murmure d'approbation que rien ne pouvait contenir, monta des rangs compacts de l'infanterie insurgée, en même СКАЧАТЬ