L'abîme. Чарльз Диккенс
Чтение книги онлайн.

Читать онлайн книгу L'abîme - Чарльз Диккенс страница 7

Название: L'abîme

Автор: Чарльз Диккенс

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

Серия:

isbn:

isbn:

СКАЧАТЬ et en se levant. – Par le ciel! ce sont les façons de ces excellentes femmes que les vôtres me rappellent si bien!

      Madame Goldstraw le regarda d'un air stupéfait et pâlit. Elle se contint pourtant, baissa les yeux, et se tut.

      – Qu'y a-t-il?.. – demanda Wilding. – Quelle est votre pensée?..

      – Monsieur, – balbutia la femme de charge, – dois-je conclure de ce que vous venez de dire, que vous ayez été aux Enfants Trouvés?

      – Certainement! – s'écria-t-il. – Je ne rougis pas de l'avouer.

      – Vous avez été aux Enfants?.. Sous le nom que vous portez aujourd'hui?

      – Sous le nom de Walter Wilding.

      – Et la dame?..

      Madame Goldstraw s'arrêta court, regardant encore le portrait. Ce regard exprimait maintenant, à ne point s'y méprendre, un vif sentiment d'alarme.

      – Vous voulez parler de ma mère, – dit Wilding.

      – Votre mère, – répéta-t-elle d'un air contraint, – votre mère vous a retiré de l'Hospice… Quel âge aviez-vous alors, monsieur?

      – Onze ans et demi, Madame Goldstraw… Oh! c'est une aventure romanesque.

      Il raconta l'histoire de la dame voilée qui lui avait parlé à l'Hospice, pendant le dîner des Enfants, et tout ce qui avait suivi cette rencontre. Il fit ce récit de ce ton communicatif, avec cet air de simplicité qu'il employait en toutes choses.

      – Ma pauvre chère mère, – continua-t-il, – n'aurait jamais pu me reconnaître, si elle n'avait su émouvoir par sa douleur une femme de la maison qui eut pitié d'elle. Cette femme lui promit de toucher du doigt le petit Walter Wilding, en faisant sa ronde dans la salle… Ce fut ainsi que je retrouvai ma pauvre chère mère, après avoir été séparé d'elle depuis que j'étais au monde. Et, je vous l'ai dit, j'avais alors plus de onze ans.

      Madame Goldstraw écoutait avec attention. Sa main, qu'elle avait posée sur la table, retomba inerte et froide sur ses genoux. Elle regarda fixement son nouveau maître, et son visage se couvrit d'une pâleur mortelle.

      – Qu'ayez-vous, – s'écria Wilding, – qu'est-ce que cette émotion veut dire?.. De grâce, savez-vous quelque autre chose du passé?.. Avez-vous été mêlée à quelque autre incident qu'on ne m'a point fait connaître? Je me souviens que ma mère m'a parlé d'une autre personne de la maison, envers qui elle avait contracté une dette éternelle de reconnaissance. Lorsqu'elle s'était séparée de moi à ma naissance, une gardienne avait eu l'humanité de lui apprendre le nom qu'on m'avait donné. Cette gardienne, c'était vous.

      – Que Dieu me pardonne! – répéta Madame Goldstraw, – c'était moi.

      – Que Dieu vous pardonne! – répéta Wilding épouvanté. – Et qu'avez-vous donc fait de mal en cette occasion?.. Expliquez-vous, Madame Goldstraw.

      – Je crois, – dit la femme de charge, – que nous ferions mieux d'en revenir à mes devoirs dans votre maison. Excusez-moi si je vous rappelle au sujet de notre entretien, monsieur. Vous déjeunez donc à huit heures?.. N'avez-vous pas l'habitude de faire un lunch?..

      – Un lunch! – fit Wilding.

      Cette terrible rougeur qui avait si fort effrayé, la veille, Bintrey, l'homme de loi, reparut sur le visage du jeune négociant. Wilding porta la main à sa tête. Visiblement il cherchait à remettre un peu d'ordre dans ses pensées avant que de reprendre la parole.

      – Vous me cachez quelque chose, – dit-il brusquement à Madame Goldstraw.

      – Je vous en prie, monsieur, faites-moi la grâce de me dire si vous prenez un lunch? – repartit la femme de charge.

      – Je ne vous ferai point cette grâce, je ne reviendrai pas à notre sujet, Madame Goldstraw, entendez-vous, je n'y reviendrai pas avant que vous m'ayez dit pourquoi vous regrettez si peu d'avoir fait du bien à ma mère en cette circonstance terrible, – s'écria Wilding hors de lui. – Ma mère m'a parlé de vous avec un sentiment de gratitude inépuisable jusqu'à la fin de sa vie, et sachez bien que c'est me rendre un mauvais service que de vous taire et de ne point me répondre. Vous m'agitez, vous m'inquiétez, vous allez être la cause que mes étourdissements vont revenir.

      Il porta encore la main à son front et de rouge qu'il était son visage devint violet.

      – Il est dur pour moi, monsieur, au moment où j'entre à votre service, il est bien dur de vous dire une chose qui pourra me coûter la perte de vos bonnes grâces et de votre bienveillance, – répliqua lentement Madame Goldstraw. – Je vous prie seulement de remarquer, quoi qu'il advienne, que je ne suis pas libre de ne pas vous obéir. C'est vous qui me forcez à parler quand j'aurais été heureuse de me taire, et je ne romps le silence que parce qu'il vous alarme. Sachez donc que lorsque j'appris à la pauvre dame dont le portrait est là le nom sous lequel son enfant avait été baptisé, je manquai à tous mes devoirs. Mon imprudence a eu des suites fatales. Mais je vous dirai pourtant la vérité. Quelques mois après que j'eus fait connaître à cette dame le nom de son enfant, une autre dame étrangère se présenta dans la maison, désirant d'adopter un de nos petits garçons. Elle en avait apporté l'autorisation préalable et régulière; elle examina un grand nombre d'enfants sans se décider en faveur d'aucun; puis, ayant vu par hasard un de nos plus jeunes babies… un petit garçon aussi… confié à mes soins… je vous en prie, tâchez de demeurer maître de vous, monsieur… Il n'est pas nécessaire de prendre plus de détours, en vérité. L'enfant que la dame étrangère emmena avec elle était celui de la dame dont voici le portrait.

      Wilding se leva en sursaut.

      – Impossible!.. – s'écria-t-il, – que me racontez-vous là?.. Quelle histoire absurde!.. Regardez ce portrait… ne vous l'ai-je pas déjà dit?.. C'est le portrait de ma mère!..

      – Quand cette malheureuse dame, dont vous me montrez l'image, vint, au bout de quelques années, vous retirer de l'Hospice, – reprit Madame Goldstraw d'une voix ferme, – elle fut victime… et vous aussi, monsieur… d'une terrible méprise.

      Wilding retomba lourdement sur son fauteuil.

      – Il me semble que la chambre tourne autour de moi!.. – fit-il. – Ma tête!.. ma tête!..

      La femme de charge, toute éperdue, courut à la fenêtre qu'elle ouvrit, puis à la porte pour appeler du secours; mais un torrent de pleurs, s'échappant à grand bruit des yeux de Wilding, vint heureusement le soulager. D'un signe, il pria Madame Goldstraw de ne point le quitter. Elle attendit la fin de cette explosion de larmes. Wilding revint à lui, leva la tête, et considéra sa femme de charge d'un air soupçonneux et irrité, avec toute la déraison d'un homme faible.

      – Méprise!.. méprise!.. – s'écria-t-il, répétant le dernier mot qu'il avait dit. – Méprise!.. – continua-t-il d'un ton farouche. – Et si vous me trompiez vous-même!..

      – Malheureusement, – dit-elle, – je ne puis avoir commis une erreur. Je vous dirai pourquoi dès que vous serez en état de m'entendre.

      – Tout de suite!.. tout de suite!.. – reprit Wilding. – Ne perdons pas un moment.

      L'air СКАЧАТЬ