La tulipe noire. Dumas Alexandre
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Название: La tulipe noire

Автор: Dumas Alexandre

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

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СКАЧАТЬ avons des pistolets, que le pistolet porte admirablement à cinquante pas, et que vous n'êtes qu'à vingt-cinq.

      – Mort aux traîtres! cria la compagnie des bourgeois exaspérée.

      – Bah! vous dites toujours la même chose, grommela l'officier, c'est fatigant!

      Et il reprit son poste en tête de la troupe, tandis que le tumulte allait en augmentant autour du Buitenhof.

      Et cependant le peuple échauffé ne savait pas qu'au moment même où il flairait le sang d'une de ses victimes, l'autre, comme si elle eût hâte d'aller au-devant de son sort, passait à cent pas de la place derrière les groupes et les cavaliers pour se rendre au Buitenhof.

      En effet, Jean de Witt venait de descendre de carrosse avec un domestique et traversait tranquillement à pied l'avant-cour qui précède la prison.

      Il s'était nommé au concierge, qui du reste le connaissait, en disant:

      – Bonjour, Gryphus, je viens chercher pour l'emmener hors de la ville mon frère Corneille de Witt, condamné, comme tu sais, au bannissement.

      Et le concierge, espèce d'ours dressé à ouvrir et à fermer la porte de la prison, l'avait salué et laissé entrer dans l'édifice, dont les portes s'étaient refermées sur lui.

      À dix pas de là, il avait rencontré une belle jeune fille de dix-sept à dix-huit ans, en costume de Frisonne, qui lui avait fait une charmante révérence; et il lui avait dit en lui passant la main sous le menton:

      – Bonjour, bonne et belle Rosa; comment va mon frère?

      – Oh! monsieur Jean, avait répondu la jeune fille, ce n'est pas le mal qu'on lui a fait que je crains pour lui: le mal qu'on lui a fait est passé.

      – Que crains-tu donc, la belle fille?

      – Je crains le mal qu'on veut lui faire, monsieur Jean.

      – Ah! oui, dit de Witt, ce peuple, n'est-ce pas!

      – L'entendez-vous?

      – Il est, en effet, fort ému; mais quand il nous verra, comme nous ne lui avons jamais fait que du bien, peut-être se calmera-t-il.

      – Ce n'est malheureusement pas une raison, murmura la jeune fille en s'éloignant pour obéir à un signe impératif que lui avait fait son père.

      – Non, mon enfant, non; c'est vrai ce que tu dis là.

      Puis, continuant son chemin:

      – Voilà, murmura-t-il, une petite fille qui ne sait probablement pas lire et qui par conséquent n'a rien lu, et qui vient de résumer l'histoire du monde dans un seul mot.

      Et toujours aussi calme, mais plus mélancolique qu'en entrant, l'ex-grand pensionnaire continua de s'acheminer vers la chambre de son frère.

      II

      LES DEUX FRÈRES

      Comme l'avait dit dans un doute plein de pressentiments la belle Rosa, pendant que Jean de Witt montait l'escalier de pierre aboutissant à la prison de son frère Corneille, les bourgeois faisaient de leur mieux pour éloigner la troupe de Tilly qui les gênait.

      Ce que voyant, le peuple, qui appréciait les bonnes intentions de sa milice, criait à tue-tête: – Vivent les bourgeois!

      Quant à M. de Tilly, aussi prudent que ferme, il parlementait avec cette compagnie bourgeoise sous les pistolets apprêtés de son escadron, lui expliquant de son mieux que la consigne donnée par les États lui enjoignait de garder avec trois compagnies la place de la prison et ses alentours.

      – Pourquoi cet ordre? pourquoi garder la prison? criaient les orangistes.

      – Ah! répondait monsieur de Tilly, voilà que vous m'en demandez tout de suite plus que je ne peux vous en dire. On m'a dit: «Gardez», je garde. Vous qui êtes presque des militaires, messieurs, vous devez savoir qu'une consigne ne se discute pas.

      – Mais on vous a donné cet ordre pour que les traîtres puissent sortir de la ville!

      – Cela pourrait bien être, puisque les traîtres sont condamnés au bannissement, répondait Tilly.

      – Mais qui a donné cet ordre?

      – Les États, pardieu!

      – Les États trahissent.

      – Quant à cela, je n'en sais rien.

      – Et vous trahissez vous-même.

      – Moi?

      – Oui, vous.

      – Ah çà! entendons-nous, messieurs les bourgeois; qui trahirais-je? les États! Je ne puis pas les trahir, puisque étant à leur solde, j'exécute ponctuellement leur consigne.

      Et là-dessus, comme le comte avait si parfaitement raison qu'il était impossible de discuter sa réponse, les clameurs et les menaces redoublèrent; clameurs et menaces effroyables, auxquelles le comte répondait avec toute l'urbanité possible.

      – Mais, messieurs les bourgeois, par grâce, désarmez donc vos mousquets; il en peut partir un par accident, et si le coup blessait un de mes cavaliers, nous vous jetterions deux cents hommes par terre, ce dont nous serions bien fâchés, mais vous plus encore, attendu que ce n'est ni dans vos intentions ni dans les miennes.

      – Si vous faisiez cela, crièrent les bourgeois, à notre tour nous ferions feu sur vous.

      – Oui, mais, quand, en faisant feu sur nous, vous nous tueriez depuis le premier jusqu'au dernier, ceux que nous aurions tués, nous, n'en seraient pas moins morts.

      – Cédez-nous donc la place alors, et vous ferez acte de bon citoyen.

      – D'abord, je ne suis pas citoyen, dit Tilly, je suis officier, ce qui est bien différent; et puis je ne suis pas Hollandais, je suis Français, ce qui est plus différent encore. Je ne connais donc que les États, qui me paient; apportez-moi de la part des États l'ordre de céder la place, je fais demi-tour à l'instant même, attendu que je m'ennuie énormément ici.

      – Oui, oui! crièrent cent voix qui se multiplièrent à l'instant par cinq cents autres. Allons à la maison de ville! allons trouver les députés! allons, allons!

      – C'est cela, murmura Tilly en regardant s'éloigner les plus furieux, allez demander une lâcheté à la maison de ville et vous verrez si on vous l'accorde, allez, mes amis, allez.

      Le digne officier comptait sur l'honneur des magistrats, qui de leur côté comptaient sur son honneur de soldat, à lui.

      – Dites donc, capitaine, fit à l'oreille du comte son premier lieutenant, que les députés refusent à ces enragés que voici ce qu'ils leur demandent, mais qu'ils nous envoient à nous un peu de renfort, cela ne fera pas de mal, je crois.

      Cependant Jean de Witt, que nous avons quitté montant l'escalier de pierre après son entretien avec le geôlier Gryphus et sa fille Rosa, était arrivé à la porte de la chambre où gisait sur un matelas son frère Corneille, auquel le fiscal avait, comme nous l'avons dit, fait appliquer la torture préparatoire.

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