Les terres d'or. Gustave Aimard
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Название: Les terres d'or

Автор: Gustave Aimard

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

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СКАЧАТЬ tous les diables!… je veux dire, n’ayez pas peur! Eh! il n’y aurait plus d’hommes sur la terre si la moitié seulement des accusés étaient coupables. Qui sait s’il ne surviendra pas quelque incident de nature à, établir que ce coup de feu a été purement accidentel? De par tous les diables!… je veux dire, n’ayez pas peur.

      – Serait-il vrai?… mon père a donc tué quelqu’un…? s’écria Alice avec désespoir. Mais.... vous êtes vivant, sir, continua-t-elle en s’adressant à Allen; et… et… qui donc… a été tué?

      – Mon ami, le docteur Edwards a été frappé d’un coup de fusil, répliqua sombrement Allen, tout palpitant au souvenir de la scène sanglante arrivée le matin.

      Alice resta muette; mais les douloureuses contractions de son visage trahissaient l’amertume intérieure de son âme. Bientôt elle remarqua la présence persistante des étrangers, et comprit qu’ils attendaient quelque chose. Allen était resté assis près d’elle; elle lui demanda à voix basse quelles pouvaient être leurs intentions.

      Allen fit approcher le constable:

      – Ce gentlemen, dit-il, vous expliquera ce qu’on attend de vous.

      – Ma chère miss, commença celui-ci embarrassé; de par tous les diables!… je veux dire, n’ayez pas peur: c’est toujours parfaitement désagréable pour une fille de porter témoignage contre son père; et, pour votre bonheur, j’espère que vous n’aurez pas grand’chose à dire sur son compte, quand on vous interrogera; pour votre bonheur, je l’espère. Mais la loi et la justice le veulent; de par tous les diables!… je veux dire, n’ayez pas peur: oui, il faut qu’aujourd’hui même, devant le juge, vous déclariez ce que vous savez sur cette affaire.

      Alice avait dévoré avec angoisse les moindres paroles de cet homme, espérant, jusqu’à la fin, y trouver quelque lueur de consolation. Lorsqu’elle eût compris que tout ce verbiage ne signifiait qu’une seule chose: déposer contre son père! le désespoir la gagna; malgré tous ses efforts pour se raidir contre eux, ses sanglots éclatèrent à lui briser la poitrine, et elle s’écria d’une façon déchirante:

      – Oh! mon père! mon pauvre père!

      Ce spectacle navrant arracha des larmes à tous ceux qui l’entouraient.

      – De par tous les diables!… murmura le bon constable en se plongeant les poings dans les yeux; je veux dire… non… Enfin, bref,… nous avons encore trois bonnes heures devant nous, en attendant que l’information commence: nous ferions bien de retourner en ville, et de dépêcher ici quelques femmes pour consoler cette pauvre affligée. Sans cette précaution elle ne fera qu’un cri, comme ça, jusqu’à ce soir.

      Allen fit un pénible effort pour parler:

      – Miss Newcome, je suis obligé d’aller au village pour vaquer aux soins funèbres qui concernent mon pauvre ami. Vous enverrai-je quelqu’un?

      – Oh! non! non! non! je ne veux voir personne, si ce n’est mon père: pourrai-je le voir? demanda-t-elle en regardant le constable.

      – Je ne puis rien vous dire là-dessus, jeune lady, je suis vraiment désolé, de par tous les diables,… mais il vous sera impossible de voir votre père avant l’interrogatoire.

      – Reviendrai-je vous voir dans l’après-midi? demanda Allen espérant que, dépourvue d’amis comme elle l’était, Alice accepterait ses services, que, du reste, il lui offrait de bon cœur.

      – Non! non! sir, répondit-elle avec une nuance de froideur: j’irai bien toute seule au village. Mais où faudra-t-il me rendre?

      – Plaît-il? fit l’honnête constable toujours ému; ah! très-bien… il sera dans la maison du Juge, je pense, car nous n’avons pas encore de prison à Fairview. J’amènerai mon cabriolet pour vous prendre en passant: ne vous préoccupez de rien si ce n’est de surmonter votre chagrin. Eh!… de par tous les diables!… Je veux dire, n’ayez pas peur: tout ça tournera peut-être moins mal que nous ne le pensons.

      Sur ce propos consolant, le constable se mit en route, emmenant avec lui ses deux assistants qui ne le suivaient qu’à regret, car c’était pour eux un grand crève-cœur de voir Allen rester encore, et de ne pas assister jusqu’au bout à cette lamentable représentation.

      – Je tiens beaucoup à vous affirmer, miss Newcome, dit Allen, que je n’ai nullement manqué à ma promesse de ce matin, ma conduite a été complètement civile et calme: j’aurais donné tout au monde afin que cette catastrophe ne vînt pas briser ainsi plusieurs existences précieuses.

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