Le chasseur noir. Emile Chevalier
Чтение книги онлайн.

Читать онлайн книгу Le chasseur noir - Emile Chevalier страница 11

Название: Le chasseur noir

Автор: Emile Chevalier

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

Серия:

isbn:

isbn:

СКАЧАТЬ santé cloche depuis quelques jours. La rougeole, vous savez?

      Un sourire glissa sur les lèvres du chasseur noir. Mais jetant, en ce moment, un regard sur le visage de Sébastien, il conçut pour lui une vive sympathie.

      – C’est un Bois-brûlé! exclama-t-il.

      Nicolas ne parut pas charmé de la découverte

      – Qu’il soit Bois-brûlé ou n’importe quoi, c’est un bon garçon, dit-il un peu brusquement. Il est brave, doux, obligeant; je l’aime, moi. S’il a les membres délicats, ils se développeront avec le temps, je vous la dis, et il deviendra aussi vaillant qu’un chef comanche, je parle. Son système a l’air un peu désorganisé, mais qu’est-ce que ça prouve? il n’est pas poltron, pour ça, ô Dieu, non, je le jure, votre serviteur!

      – Est-ce que vous seriez son père ou son oncle? interrogea Jack Wiley, en ricanant.

      – Je suis son père, et il est mon fils, n’allez-pas me contredire, répliqua sèchement Nicolas.

      Sébastien commença à reprendre ses sens. Il ouvrit sur le trappeur ses grands yeux, doux, rayonnants d’intelligence, et un tressaillement courut partout son corps.

      – N’y pense plus, n’y pense plus, enfant, dit Nick; c’est passé et il n’y a personne de tué. Peut-être quelqu’un serait-il mort, si ses blessures eussent été mortelles, mais elles ne l’étaient pas. Courage, il arrive de ces choses-là tous les jours! Seulement tu ne les vois pas.

      – Qu’est-il arrivé, Nicolas? demanda-t-il d’un ton dolent.

      – Rien de bien considérable; non, rien de bien considérable, je t’assure; une partie de coups de poing qui a causé une damnée petite difficulté à l’un des joueurs, voilà tout. Mais comment te sens-tu, maintenant, mon cher enfant?

      La voix de Nick était pleine de sollicitude. Le jeune garçon lui plaça ses mains sur les yeux et les y tint un instant.

      Pathaway le considérait avec autant de pitié que d’admiration; car ses petites mains mignonnes semblaient moins faites pour la vie incivilisée que pour la vie de salon.

      – Joli garçon! joli garçon, murmura-t-il; mais trop efféminé pour ce genre d’existence. Il faudrait le renvoyer à son foyer natal, sur les bords de la rivière Rouge.

      – Peux-tu marcher, à présent? fit Nicolas.

      – Je le crois, répondit Sébastien au trappeur, qui poursuivit en s’adressant à Pathaway:

      – Ah! monsieur, c’est un si rude marcheur quand il est en bonne santé! Il monte aussi à cheval comme un singe, et moi qui vous parle je n’ai pas encore rencontré de cheval capable de le démonter. Il descend d’une famille aristocratique et n’a pas été élevé au travail comme les enfants de son âge. Son père était un comte français, un duc anglais ou un prince russe déguisé, ou quelque chose d’approchant. Je ne me rappelle pas exactement le titre. Sa mère était une demi-sang de très-haute race, le plus beau spécimen de femme qu’on pût voir….. – Mais comment vas-tu, mon Sébastien? Si tu ne peux te tenir sur tes jambes, je te porterai. Ça me va, à moi, de porter les enfants comme toi, en haut des montagnes.

      – Non, non, j’irai bien tout seul, répondit Sébastien, dont les regards se fixèrent pour la première fois sur le chasseur noir, et qui rougit comme une jeune fille.

      – Qu’est-ce encore, petiot? Ne vas pas t’évanouir encore.

      Ensuite à Pathaway:

      – Il a été sujet à ces attaques depuis qu’il a eu la coqueluche, il y a deux ans au plus. Il ne s’en est pas bien tiré, car cette diablesse de toux lui est tombée dans les jambes, croiriez-vous ça? Tout le village a eu la coqueluche et a toussé tant et si rudement que tous les Indiens du pays ont pris leurs talons à leur cou. Cette maladie-là ne devrait pas être tolérée du côté septentrional des montagnes Rocheuses, ô Dieu, non!

      Nick, tout en faisant ces excuses et ces explications, souleva le jeune garçon sur son bras gauche, et lui versa un peu de whiskey dans la bouche. Le liquide ardent brûla la gorge de Sébastien, et produisit un paroxysme de strangulation, qui, quoique dangereux, eut pour résultat de ranimer complètement ses sens.

      Il sourit et déclara qu’il était mieux.

      – Comme de raison, répondit Nick, avec sa bonhomie habituelle. Il ne faut rien dans le monde que l’apoplexie qui n’est sérieuse que quand vous l’avez eue quelquefois. Mon frère, le docteur Whiffles, avait coutume de la guérir sans difficulté avec le précipité rouge et l’ocre jaune.

      – Ce n’est pas un remède commun, fit remarquer Pathaway.

      – Non, ce n’était pas un remède commun. Il n’était connu de personne que de mon frère, et le secret est mort avec lui. Je vous raconterai un jour ou l’autre comment il a fini, mon frère le docteur. – Ah! les jarrets fléchissent encore, mon Sébastien; mais l’usage les rendra plus torts et plus longs aussi. Appuie-toi sur moi et n’aie pas peur de me fatiguer.

      – Une voiture et une nourrice lui conviendraient mieux, grimaça malicieusement Wiley.

      – Je connais des gens qui ont besoin d’une charrette et d’un bourreau, quoique je ne veuille pas dire que j’en aie vu ce soir, riposta Nick.

      – Vous savez que les enfants doivent souper et se coucher de bonne heure, fit Jack comme s’il n’eût pas remarqué l’allusion du trappeur. Pour moi, je n’aime pas les garçons qui pâlissent comme des filles à la vue du sang. Ce n’était pas comme ça, avant que les établissements fussent aussi près et aussi nombreux.

      – Tout change, dit Pathaway. Il y a des francs trappeurs qui ne sont pas ce qu’ils devraient être.

      – Je n’ai pas envie de me quereller avec vous, monsieur, grommela Jack

      Wiley, en jetant un regard de défi au chasseur noir.

      Celui-ci ne daigna pas relever l’invective.

      On arrivait sur le plateau, et tous entrèrent dans la cabane de Nick.

      Le feu fut promptement renouvelé, et, à ses brillantes clartés, nos gens purent s’examiner plus à leur aise.

      Les yeux de Sébastien s’arrêtèrent complaisamment sur Pathaway dont les regards le cherchaient souvent aussi avec un indéfinissable intérêt.

      Le souper fut préparé et mangé avec un appétit, aiguisé par de longues courses à travers les montagnes.

      Jack Wiley dévora, non-seulement sa portion, mais il empiéta sur la part de ses voisins. Il avait la faim d’un ours resté longtemps sans nourriture et il engloutissait, avec une facilité prodigieuse, les quartiers de bison rôti.

      D’abord Sébastien ne fit pas à cet individu l’honneur d’une grande attention; mais quand les lueurs du brasier éclairèrent les physionomies tous deux échangèrent des regards singuliers. Chez le premier il y avait la terreur; chez Jack Wiley c’était une curiosité vague et inquiète.

      Конец ознакомительного фрагмента.

      Текст СКАЧАТЬ