Borgia. Michel Zevaco
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Название: Borgia

Автор: Michel Zevaco

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

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СКАЧАТЬ faible service, madame, et j’eusse été heureux de tirer l’épée contre un ennemi sérieux, en l’honneur d’une dame aussi accomplie… Mais pourrais-je savoir pourquoi ce moine…

      – Oh ! c’est bien simple, monsieur, fit la jeune fille qui ne put s’empêcher de frissonner. J’ai commis l’imprudence de m’écarter seule, plus que je ne devais… Cet homme s’est tout à coup approché de moi… Il m’a outragée par ses paroles… j’ai voulu fuir… il m’a poursuivie…

      Il était visible qu’elle ne disait pas toute la vérité.

      – Et vous ne le connaissez pas ? reprit le jeune homme. Elle hésita un instant. Puis, se décidant :

      – Je le connais… pour mon malheur !… C’est le vil instru-ment d’un homme néfaste et puissant… Oh ! monsieur, vous di-siez que c’est là un ennemi peu sérieux… Ce moine est au con-traire, pour vous, et dès ce moment, un redoutable ennemi… Si vous le rencontrez, fuyez-le… Si votre destinée est de vous trouver avec lui, n’acceptez rien de lui… Redoutez le verre d’eau qu’il vous offrira, le fruit dont il mangera une moitié devant vous, l’arme qu’il vous priera d’accepter… Redoutez surtout qu’il ne vous fasse saisir et jeter dans quelque oubliette du château Saint-Ange… Le moine que vous venez de voir s’appelle dom Garconio…

      – Madame, reprit le chevalier de Ragastens, je vous rends grâce pour les inquiétudes que vous voulez concevoir à mon su-jet… Mais je ne crains rien, ajouta-t-il en se redressant…

      – Il faut que je vous demande un autre service…

      – Parlez, madame !

      – C’est de ne pas chercher à voir de quel côté je me dirige… de ne pas chercher à savoir qui je suis…

      – Quoi ! madame !… Je n’aurai donc aucun souvenir de cette rencontre que je bénis… Je ne saurais même pas quel nom je dois mettre sur ce visage charmant qui va, dès cette heure, hanter mes rêves ?…

      Le chevalier parlait d’une voix émue et tendre. Elle le regar-da avec un intérêt non dissimulé. Un sourire vint se jouer sur ses lèvres.

      – Je ne puis vous dire mon nom, dit-elle. De trop graves in-térêts m’obligent à le tenir caché… Mais je puis vous dire le sur-nom que m’ont donné ceux qui me connaissent.

      – Et quel est ce surnom ? demanda le Français.

      – Quelquefois… on m’appelle… Primevère !…

      Et, faisant un signe d’adieu, la dame blanche prit le galop et s’enfonça dans la direction de Florence…

      Le chevalier était demeuré sur place, tout étourdi, ébloui par cette éclatante et fugitive apparition. Son regard demeurait in-vinciblement attaché sur la robe blanche qui flottait dans un nuage de poussière.

      Il la vit tourner brusquement à droite et se jeter en pleine campagne. Puis elle disparut.

      Longtemps, il demeura au même endroit… Enfin, il poussa un soupir.

      – Primevère ! fit-il. Le joli nom ! Primevère… primavera… printemps ! Elle est belle, en effet, belle comme le printemps en fleur… Mais à quoi bon songer à cela ! Sans doute elle m’aura oublié dans une heure… Et quand même, que pourrais-je espé-rer, pauvre aventurier ?

      Sur cette mélancolique réflexion, le chevalier de Ragastens poursuivit vers Rome son voyage interrompu.

      II. RAGASTENS

      La brillante escorte de jeunes seigneurs qui accompagnaient César Borgia trottait depuis près de deux heures sur la route de Florence. Le fils du Pape interrogeait fiévreusement la cam-pagne, et de temps à autre, un juron lui échappait.

      – Enfin ! s’exclama-t-il tout à coup.

      Et il se précipita au-devant d’un cavalier qui accourait vers lui.

      – Dom Garconio !… Quelles nouvelles ? demanda César im-pétueusement.

      – Bonnes et mauvaises…

      – Ce qui veut dire ? Explique-toi, par la madone !

      – Patience, monseigneur ! Mon ami Machiavel m’affirmait, hier encore, que la patience est une inestimable vertu pour les princes.

      – Drôle ! Prends garde que ma cravache…

      – Eh bien… j’ai vu la jeune fille…

      Borgia pâlit.

      – Tu l’as vue !… fit-il en frémissant.

      – Je lui ai parlé…

      – Garconio !… Je te ferai donner par mon père le bénéfice du couvent de Sainte-Marie-Mineure…

      – Monseigneur, vous êtes un maître généreux…

      – Ce n’est pas moi qui paie ! grommela César dans sa mous-tache… Mais achève !… Donc… tu lui as parlé ?… Qu’a-t-elle dit ?…

      – C’est là que les nouvelles deviennent mauvaises…

      – Elle refuse !…

      – Elle se dérobe… Mais nous en viendrons à bout…

      – As-tu su son vrai nom ?…

      – Je n’ai rien su… sinon qu’elle se montre indomptable, pour le moment.

      – Mais tu l’as suivie ? Tu sais en quel recoin elle se cache ?… Parle, tu me fais mourir…

      – Monseigneur, j’ai suivi la jeune fille selon vos instructions et vous allez voir que si je n’ai pas encore découvert son nid, ce n’est pas de ma faute…

      – Enfer !… Elle m’échappe…

      – Je l’ai rencontrée près du bois d’oliviers, et ce fut un vrai miracle… Dès lors, je m’attachai à ses pas… je lui parlai comme il convenait… Elle voulut fuir… Je la serrai de près… Affolée, telle une biche aux abois, j’allais enfin savoir la vérité lorsque…

      – Elle t’échappa, sans doute, misérable moine…

      – Nous fîmes, continua dom Garconio sans broncher, la rencontre d’un jeune bandit qui me chercha dispute et fonça sur moi, l’épée à la main… Pendant ce temps, le bel oiseau blanc s’envolait…

      – Malédiction !… Et cet homme… ce misérable… où est-il ?… Qu’est-il devenu ? Tu l’as perdu de vue aussi, lâche ?…

      – Non pas ! Je l’ai épié de loin… Et, en ce moment même, le drôle déjeune à l’auberge de la Fourche, à vingt minutes d’ici…

      – En route ! hurla le fils du Pape en enfonçant ses éperons d’or dans les flancs de son cheval qui bondit en avant.

      – Le compte du Français me paraît clair ! murmura le moine.

      Ruée СКАЧАТЬ