Sapho. Alphonse Daudet
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Название: Sapho

Автор: Alphonse Daudet

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

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СКАЧАТЬ Oui, qu’avaient-ils donc tous ? Et que leur faisait-elle boire ?… Il éprouvait la souffrance atroce d’un homme qui, garrotté, verrait outrager devant lui la femme qu’il aime ; et, pourtant, il ne pouvait se décider à vider d’un coup, les yeux fermés, ce fond de boîte.

      À présent, venait le tour du graveur qui, misérable, inconnu, sans autre célébrité que celle de la Gazette des Tribunaux, ne devait sa place dans le reliquaire qu’au grand amour qu’on avait eu pour lui. Déshonorantes, ces lettres datées de Mazas, et niaises, gauches, sentimentales comme celles du troupier à sa payse. Mais on y sentait, à travers les poncifs de romance, un accent de sincérité dans la passion, un respect de la femme, un oubli de soi-même qui le distinguait des autres, ce forçat ; ainsi, quand il demandait pardon à Fanny du crime de l’avoir trop aimée, ou quand du greffe du Palais de Justice, tout de suite après sa condamnation, il écrivait sa joie de savoir sa maîtresse acquittée et libre. Il ne se plaignait de rien ; il avait eu près d’elle, grâce à elle, deux ans d’un bonheur si plein, si profond, que le souvenir en suffirait pour remplir sa vie, adoucir l’horreur de son sort, et il terminait par la demande d’un service :

      « Tu sais que j’ai un enfant au pays, dont la mère est morte depuis longtemps ; il vit chez une vieille parente, dans un coin si perdu qu’on n’y saura jamais rien de mon affaire. L’argent qui me restait, je le leur ai envoyé, disant que je partais très loin, en voyage, et c’est sur toi que je compte, ma bonne Nini, pour t’informer de temps en temps de ce petit malheureux et m’envoyer de ses nouvelles… »

      Comme preuve de l’intérêt de Fanny, suivait une lettre de remerciements et une autre, toute récente, ayant à peine six mois de date : « Oh ! tu es bonne d’être venue… Que tu étais belle, comme tu sentais bon, en face de ma veste de prisonnier dont j’avais si grand’honte !… » et Jean s’interrompait, furieux :

      – Tu as donc continué à le voir ?

      – De loin en loin, par charité…

      – Même depuis que nous sommes ensemble ?

      – Oui, une fois, une seule, au parloir… on ne les voit que là.

      – Ah ! tu es une bonne fille…

      Cette idée que, malgré leur liaison, elle visitait ce faussaire, l’exaspérait plus que tout. Il était trop fier pour le dire ; mais un paquet de lettres, le dernier, noué d’une faveur bleue sur des petits caractères fins et penchés, une écriture de femme, déchaîna toute sa colère.

      « Je change de tunique après la course des chars… viens dans ma loge… »

      – Non, non… ne lis pas ça…

      Elle sautait sur lui, arrachait et jetait au feu toute la liasse, sans qu’il eût compris d’abord même en la voyant à ses genoux, empourprée du reflet de la flamme et de la honte de son aveu :

      – J’étais jeune, c’est Caoudal… ce grand fou… Je faisais ce qu’il voulait.

      Alors seulement il comprit, devint très pâle.

      – Ah ! oui… Sapho… toute la lyre…

      Et la repoussant du pied, comme une bête immonde :

      – Laisse-moi, ne me touche pas, tu me soulèves le cœur…

      Son cri se perdit dans un effroyable grondement de tonnerre, tout proche et prolongé, en même temps qu’une lueur vive éclairait la chambre… Le feu !… Elle se dressa épouvantée, prit machinalement la carafe restée sur la table, la vida sur cet amas de papiers dont la flamme embrasait les suies du dernier hiver, puis le pot à l’eau, les cruches, et se voyant impuissante, des flammèches voletant jusqu’au milieu de la chambre, elle courut au balcon en criant :

      – Au feu ! au feu !

      Les Hettéma arrivèrent les premiers, ensuite le concierge, les sergents de ville. On criait :

      – Baissez la plaque !… montez sur le toit !… De l’eau, de l’eau !… non, une couverture !…

      Atterrés, ils regardaient leur intérieur envahi et souillé ; puis, l’alerte finie, le feu éteint, quand le noir attroupement en bas, sous le gaz de la rue, se fut dissipé, les voisins rassurés, rentrés chez eux, les deux amants au milieu de ce gâchis d’eau, de suie en boue, de meubles renversés et ruisselants, se sentirent écœurés et lâches, sans force pour reprendre la querelle ni faire la chambre propre autour d’eux. Quelque chose de sinistre et de bas venait d’entrer dans leur vie ; et, ce soir-là, oubliant leurs répugnances anciennes, ils allèrent coucher à l’hôtel.

      Le sacrifice de Fanny ne devait servir à rien. De ces lettres disparues, brûlées, des phrases entières retenues par cœur hantaient la mémoire de l’amoureux, lui montaient au visage en coups de sang comme certains passages de mauvais livres. Et ces anciens amants de sa maîtresse étaient presque tous des hommes célèbres. Les morts se survivaient ; les vivants, on voyait leurs portraits et leurs noms partout, on parlait d’eux devant lui, et chaque fois il éprouvait une gêne, comme d’un lien de famille douloureusement rompu.

      Le mal lui affinant l’esprit et les yeux, il arrivait bientôt à retrouver chez Fanny la trace des influences premières, et les mots, les idées, les habitudes qu’elle en avait gardés. cette façon d’avancer le pouce comme pour façonner, pétrir l’objet dont elle parlait avec un « Tu vois ça d’ici… » appartenait au sculpteur. À Dejoie, elle avait pris la manie des queues de mots, et les chansons populaires dont il avait publié un recueil, célèbre à tous les coins de la France ; à La Gournerie, son intonation hautaine et méprisante, la sévérité de ses jugements sur la littérature moderne.

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      Remarques

      1

      Le postillon de Longjumeau est un opéra de Adam qui comporte un air très connu, du temps de Daudet, sur le beau postillon…

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