Monsieur Lecoq. Emile Gaboriau
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Название: Monsieur Lecoq

Автор: Emile Gaboriau

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

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СКАЧАТЬ guère. Tu devrais être fouettée, pour les drogues infâmes que tu mets dans tes boissons, et qui allument des folies furieuses dans les cervelles des ivrognes.

      La vieille promena autour de la salle ses petits yeux rougis, et d’un ton larmoyant :

      – Quel malheur !… gémit-elle, Qu’est-ce que je vais devenir ! Tout est cassé, brisé ! Me voilà ruinée.

      Elle ne paraissait sensible qu’à la perte de sa vaisselle.

      – Voyons, interrogea Gévrol, comment la bataille est-elle venue ?

      – Hélas !… Je ne le sais seulement pas. J’étais là-haut à rapiécer des nippes à mon fils, quand j’ai entendu une dispute.

      – Et après ?

      – Comme de juste, je suis descendue, et j’ai vu ces trois qui sont étendus là, qui cherchaient des raisons à cet autre que vous avez attaché, le pauvre innocent. Car il est innocent, vrai comme je suis une honnête femme. Si mon fils Polyte avait été là, il se serait mis entre eux ; mais moi, une veuve, qu’est-ce que je pouvais faire ? J’ai crié à la garde de toutes mes forces…

      Elle se rassit, sur ce témoignage, pensant en avoir dit assez. Mais Gévrol la contraignit brutalement de se relever.

      – Oh ! nous n’avons pas fini, dit-il, je veux d’autres détails.

      – Lesquels, cher monsieur Gévrol, puisque je n’ai rien vu.

      La colère commençait à rougir les maîtresses oreilles de l’inspecteur.

      – Que dirais-tu, la vieille, fit-il, si je t’arrêtais ?

      – Ce serait une grande injustice.

      – C’est ce qui arrivera cependant si tu t’obstines à te taire. J’ai idée qu’une quinzaine à Saint-Lazare te délierait joliment la langue.

      Ce nom produisit sur la veuve Chupin l’effet d’une pile électrique. Elle abandonna subitement ses hypocrites lamentations, se redressa, campa fièrement ses poings sur ses hanches et se mit à accabler d’invectives Gévrol et ses agents, les accusant d’en vouloir à sa famille, car ils avaient déjà arrêté son fils, un excellent sujet, jurant qu’au surplus elle ne craignait pas la prison, et que même elle serait bien aise d’y finir ses jours à l’abri du besoin.

      Un moment, le général essaya d’imposer silence à l’affreuse mégère, mais il reconnut qu’il n’était pas de force, d’ailleurs tous ses agents riaient. Il lui tourna donc le dos, et, s’avançant vers le meurtrier :

      – Toi, du moins, fit-il, tu ne nous refuseras pas des explications.

      L’homme hésita un moment.

      – Je vous ai dit, répondit-il enfin, tout ce que j’avais à vous dire. Je vous ai affirmé que je suis innocent, et un homme prêt à mourir, frappé de ma main, et cette vieille femme ont confirmé ma déclaration. Que voulez-vous de plus ? Quand le juge m’interrogera, je répondrai peut-être ; jusque-là, n’espérez pas un mot.

      Il était aisé de voir que la détermination de l’homme était irrévocable, et elle ne devait pas surprendre un vieil inspecteur de la sûreté.

      Très souvent des criminels, sur le premier moment, opposent à toutes les questions le mutisme le plus absolu. Ceux-là sont les expérimentés, les habiles, ceux qui préparent des nuits blanches aux juges d’instruction.

      Ils ont appris, ceux-là, qu’un système de défense ne s’improvise pas, que c’est au contraire une œuvre de patience et de méditation, où tout doit se tenir et s’enchaîner logiquement.

      Et sachant quelle portée terrible peut avoir au cours de l’instruction une réponse insignifiante en apparence, arrachée au trouble du flagrant délit, il se taisait, il gagnait du temps.

      Cependant, Gévrol allait peut-être insister, quand on lui annonça que le « soldat » venait de rendre le dernier soupir.

      – Puisque c’est ainsi, mes enfants, prononça-t-il, deux d’entre vous vont rester ici, et je filerai avec les autres. J’irai réveiller le commissaire de police, et je lui remettrai l’affaire ; il s’en arrangera, et selon ce qu’il décidera, nous agirons. Ma responsabilité, en tout cas, sera à couvert. Ainsi, déliez les jambes de notre pratique et attachez un peu les mains de la mère Chupin, nous les déposerons au poste en passant.

      Tous les agents s’empressèrent d’obéir, à l’exception du plus jeune d’entre eux, celui qui avait mérité les éloges du Général.

      Il s’approcha de son chef, et lui faisant signe qu’il avait à lui parler, il l’entraîna dehors.

      Lorsqu’ils furent à quelques pas de la maison :

      – Que me veux-tu ? demanda Gévrol.

      – Je voudrais savoir, Général, ce que vous pensez de cette affaire.

      – Je pense, mon garçon, que quatre coquins se sont rencontrés dans ce coupe-gorge. Ils se sont pris de querelle, et des propos ils en sont venus aux coups. L’un d’eux avait un revolver, il a tué les autres. C’est simple comme bonjour. Selon ses antécédents et aussi selon les antécédents des victimes, l’assassin sera jugé. Peut-être la société lui doit-elle des remerciements…

      – Et vous jugez inutiles les recherches, les investigations…

      – Absolument inutiles.

      Le jeune agent parut se recueillir.

      – C’est qu’il me semble à moi, Général, reprit-il, que cette affaire n’est pas parfaitement claire. Avez-vous étudié le meurtrier, examiné son maintien, observé son regard ?… Avez-vous surpris comme moi…

      – Et ensuite ?

      – Eh bien !… il me semble, je me trompe peut-être ; mais enfin je crois que les apparences nous trompent. Oui, je sens quelque chose…

      – Bah ?… Et comment expliques-tu cela ?

      – Comment expliquez-vous le flair du chien de chasse ?

      Gévrol, champion de la police positiviste, haussait prodigieusement les épaules.

      – En un mot, dit-il, tu devines ici un mélodrame … un rendez-vous de grands seigneurs déguisés, à la Poivrière, chez la Chupin … comme à l’Ambigu… Cherche, mon garçon, cherche, je te le permets…

      – Quoi !… vous permettez…

      – C’est-à-dire que j’ordonne… Tu vas rester ici avec celui de tes camarades que tu choisiras… Et si tu trouves quelque chose que je n’aie pas vu, je te permets de me payer une paire de lunettes.

      Chapitre 2

      L’agent auquel Gévrol abandonnait une information qu’il jugeait inutile, était un débutant dans « la partie. »

      Il s’appelait Lecoq.

      C’était un garçon de vingt-cinq à vingt-six ans, presque СКАЧАТЬ