Le comte de Monte Cristo. Alexandre Dumas
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Название: Le comte de Monte Cristo

Автор: Alexandre Dumas

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

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СКАЧАТЬ cela pour toi, garçon; je t’ai prêté de l’argent, tu me l’as rendu; cela se fait entre bons voisins, et nous sommes quittes.

      – On n’est jamais quitte envers ceux qui nous ont obligés, dit Dantès, car lorsqu’on ne leur doit plus l’argent, on leur doit la reconnaissance.

      – À quoi bon parler de cela! Ce qui est passé est passé. Parlons de ton heureux retour, garçon. J’étais donc allé comme cela sur le port pour rassortir du drap marron, lorsque je rencontrai l’ami Danglars.

      – Toi, à Marseille?

      – Eh oui, tout de même, me répondit-il.

      – Je te croyais à Smyrne.

      – J’y pourrais être, car j’en reviens.

      – Et Edmond, où est-il donc, le petit?

      – Mais chez son père, sans doute, répondit Danglars; et alors je suis venu, continua Caderousse, pour avoir le plaisir de serrer la main à un ami.

      – Ce bon Caderousse, dit le vieillard, il nous aime tant.

      – Certainement que je vous aime, et que je vous estime encore, attendu que les honnêtes gens sont rares! Mais il paraît que tu deviens riche, garçon?» continua le tailleur en jetant un regard oblique sur la poignée d’or et d’argent que Dantès avait déposée sur la table.

      Le jeune homme remarqua l’éclair de convoitise qui illumina les yeux noirs de son voisin.

      «Eh! mon Dieu! dit-il négligemment, cet argent n’est point à moi; je manifestais au père la crainte qu’il n’eût manqué de quelque chose en mon absence, et pour me rassurer, il a vidé sa bourse sur la table. Allons, père, continua Dantès, remettez cet argent dans votre tirelire; à moins que le voisin Caderousse n’en ait besoin à son tour, auquel cas il est bien à son service.

      – Non pas, garçon, dit Caderousse, je n’ai besoin de rien, et, Dieu merci l’état nourrit son homme. Garde ton argent, garde: on n’en a jamais de trop; ce qui n’empêche pas que je ne te sois obligé de ton offre comme si j’en profitais.

      – C’était de bon cœur, dit Dantès.

      – Je n’en doute pas. Eh bien, te voilà donc au mieux avec M. Morrel, câlin que tu es?

      – M. Morrel a toujours eu beaucoup de bonté pour moi, répondit Dantès.

      – En ce cas, tu as tort de refuser son dîner.

      – Comment, refuser son dîner? reprit le vieux Dantès; il t’avait donc invité à dîner?

      – Oui, mon père, reprit Edmond en souriant de l’étonnement que causait à son père l’excès de l’honneur dont il était l’objet.

      – Et pourquoi donc as-tu refusé, fils? demanda le vieillard.

      – Pour revenir plus tôt près de vous, mon père, répondit le jeune homme; j’avais hâte de vous voir.

      – Cela l’aura contrarié, ce bon M. Morrel, reprit Caderousse; et quand on vise à être capitaine, c’est un tort que de contrarier son armateur.

      – Je lui ai expliqué la cause de mon refus, reprit Dantès, et il l’a comprise, je l’espère.

      – Ah! c’est que, pour être capitaine, il faut un peu flatter ses patrons.

      – J’espère être capitaine sans cela, répondit Dantès.

      – Tant mieux, tant mieux! cela fera plaisir à tous les anciens amis, et je sais quelqu’un là-bas, derrière la citadelle de Saint-Nicolas, qui n’en sera pas fâché.

      – Mercédès? dit le vieillard.

      – Oui, mon père, reprit Dantès, et, avec permission, maintenant que je vous ai vu, maintenant que je sais que vous vous portez bien et que vous avez tout ce qu’il vous faut, je vous demanderai la permission d’aller faire visite aux Catalans.

      – Va, mon enfant, dit le vieux Dantès, et que Dieu te bénisse dans ta femme comme il m’a béni dans mon fils.

      – Sa femme! dit Caderousse; comme vous y allez, père Dantès! elle ne l’est pas encore, ce me semble!

      – Non; mais, selon toute probabilité, répondit Edmond, elle ne tardera pas à le devenir.

      – N’importe, n’importe, dit Caderousse, tu as bien fait de te dépêcher, garçon.

      – Pourquoi cela?

      – Parce que la Mercédès est une belle fille, et que les belles filles ne manquent pas d’amoureux; celle-là surtout, ils la suivent par douzaines.

      – Vraiment, dit Edmond avec un sourire sous lequel perçait une légère nuance d’inquiétude.

      – Oh! oui, reprit Caderousse, et de beaux partis même; mais, tu comprends, tu vas être capitaine, on n’aura garde de te refuser, toi!

      – Ce qui veut dire, reprit Dantès avec un sourire qui dissimulait mal son inquiétude, que si je n’étais pas capitaine…

      – Eh! eh! fit Caderousse.

      – Allons, allons, dit le jeune homme, j’ai meilleure opinion que vous des femmes en général, et de Mercédès en particulier, et, j’en suis convaincu, que je sois capitaine ou non, elle me restera fidèle.

      – Tant mieux! tant mieux! dit Caderousse, c’est toujours, quand on va se marier, une bonne chose que d’avoir la foi, mais, n’importe; crois-moi, garçon, ne perds pas de temps à aller lui annoncer ton arrivée et à lui faire part de tes espérances.

      – J’y vais, dit Edmond.

      Il embrassa son père, salua Caderousse d’un signe et sortit. Caderousse resta un instant encore; puis, prenant congé du vieux Dantès, il descendit à son tour et alla rejoindre Danglars, qui l’attendait au coin de la rue Senac.

      – Eh bien, dit Danglars, l’as-tu vu?

      – Je le quitte, dit Caderousse.

      – Et t’a-t-il parlé de son espérance d’être capitaine?

      – Il en parle comme s’il l’était déjà.

      – Patience! dit Danglars, il se presse un peu trop, ce me semble.

      – Dame! il paraît que la chose lui est promise par M. Morrel.

      – De sorte qu’il est bien joyeux?

      – C’est-à-dire qu’il en est insolent; il m’a déjà fait ses offres de service comme si c’était un grand personnage; il m’a offert de me prêter de l’argent comme s’il était un banquier.

      – Et vous avez refusé?

      – Parfaitement; quoique j’eusse bien pu accepter, attendu que c’est moi qui lui ai mis à la main les premières pièces blanches qu’il a maniées. Mais maintenant M. Dantès n’aura plus besoin de personne, il va être capitaine.

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