Les Trois Mousquetaires / Три мушкетера. Александр Дюма
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Название: Les Trois Mousquetaires / Три мушкетера

Автор: Александр Дюма

Издательство: КАРО

Жанр:

Серия: Littérature classique (Каро)

isbn: 978-5-9925-1601-2

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СКАЧАТЬ par la force de son génie, et ne soutenant plus la lutte avec l’Europe que par l’éternelle application de sa pensée, mais tel qu’il était réellement à cette époque, c’est-à-dire adroit et galant cavalier, faible de corps déjà, mais soutenu par cette puissance morale qui a fait de lui un des hommes les plus extraordinaires qui aient existé ; se préparant enfin, après avoir soutenu le duc de Nevers dans son duché de Mantoue, après avoir pris Nîmes, Castres et Uzès, à chasser les Anglais de l’île de Ré et à faire le siège de La Rochelle.

      À la première vue, rien ne dénotait donc le cardinal, et il était impossible à ceux-là qui ne connaissaient point son visage de deviner devant qui ils se trouvaient.

      Le pauvre mercier demeura debout à la porte, tandis que les yeux du personnage que nous venons de décrire se fixaient sur lui, et semblaient vouloir pénétrer jusqu’au fond du passé.

      « C’est là ce Bonacieux ? demanda-t-il après un moment de silence.

      – Oui, Monseigneur, reprit l’officier.

      – C’est bien, donnez-moi ces papiers et laissez-nous. »

      L’officier prit sur la table les papiers désignés, les remit à celui qui les demandait, s’inclina jusqu’à terre, et sortit.

      Bonacieux reconnut dans ces papiers ses interrogatoires de la Bastille. De temps en temps, l’homme de la cheminée levait les yeux de dessus les écritures, et les plongeait comme deux poignards jusqu’au fond du coeur du pauvre mercier.

      Au bout de dix minutes de lecture et dix secondes d’examen, le cardinal était fixé.

      « Cette tête-là n’a jamais conspiré », murmura-t-il ; mais n’importe, voyons toujours.

      – Vous êtes accusé de haute trahison, dit lentement le cardinal.

      – C’est ce qu’on m’a déjà appris, Monseigneur, s’écria Bonacieux, donnant à son interrogateur le titre qu’il avait entendu l’officier lui donner ; mais je vous jure que je n’en savais rien. »

      Le cardinal réprima un sourire.

      « Vous avez conspiré avec votre femme, avec Mme de Chevreuse et avec Milord duc de Buckingham.

      – En effet, Monseigneur, répondit le mercier, je l’ai entendue prononcer tous ces noms-là.

      – Et à quelle occasion ?

      – Elle disait que le cardinal de Richelieu avait attiré le duc de Buckingham à Paris pour le perdre et pour perdre la reine avec lui.

      – Elle disait cela ? s’écria le cardinal avec violence.

      – Oui, Monseigneur ; mais moi je lui ai dit qu’elle avait tort de tenir de pareils propos, et que Son Éminence était incapable…

      – Taisez-vous, vous êtes un imbécile, reprit le cardinal.

      – C’est justement ce que ma femme m’a répondu, Monseigneur.

      – Savez-vous qui a enlevé votre femme ?

      – Non, Monseigneur.

      – Vous avez des soupçons, cependant ?

      – Oui, Monseigneur ; mais ces soupçons ont paru contrarier M. le commissaire, et je ne les ai plus.

      – Votre femme s’est échappée, le saviez-vous ?

      – Non, Monseigneur, je l’ai appris depuis que je suis en prison, et toujours par l’entremise de M. le commissaire, un homme bien aimable ! »

      Le cardinal réprima un second sourire.

      « Alors vous ignorez ce que votre femme est devenue depuis sa fuite ?

      – Absolument, Monseigneur ; mais elle a dû rentrer au Louvre.

      – À une heure du matin elle n’y était pas rentrée encore.

      – Ah ! mon Dieu ! mais qu’est-elle devenue alors ?

      – On le saura, soyez tranquille ; on ne cache rien au cardinal ; le cardinal sait tout.

      – En ce cas, Monseigneur, est-ce que vous croyez que le cardinal consentira à me dire ce qu’est devenue ma femme ?

      – Peut-être ; mais il faut d’abord que vous avouiez tout ce que vous savez relativement aux relations de votre femme avec Mme de Chevreuse.

      – Mais, Monseigneur, je n’en sais rien ; je ne l’ai jamais vue.

      – Quand vous alliez chercher votre femme au Louvre, revenait-elle directement chez vous ?

      – Presque jamais : elle avait affaire à des marchands de toile, chez lesquels je la conduisais.

      – Et combien y en avait-il de marchands de toile ?

      – Deux, Monseigneur.

      – Où demeurent-ils ?

      – Un, rue de Vaugirard ; l’autre, rue de La Harpe.

      – Entriez-vous chez eux avec elle ?

      – Jamais, Monseigneur ; je l’attendais à la porte.

      – Et quel prétexte vous donnait-elle pour entrer ainsi toute seule ?

      – Elle ne m’en donnait pas ; elle me disait d’attendre, et j’attendais.

      – Vous êtes un mari complaisant, mon cher monsieur Bonacieux ! » dit le cardinal.

      « Il m’appelle son cher monsieur ! dit en lui-même le mercier. Peste ! les affaires vont bien ! »

      « Reconnaîtriez-vous ces portes ?

      – Oui.

      – Savez-vous les numéros ?

      – Oui.

      – Quels sont-ils ?

      – N° 25, dans la rue de Vaugirard ; n° 75, dans la rue de La Harpe.

      – C’est bien », dit le cardinal.

      À ces mots, il prit une sonnette d’argent, et sonna ; l’officier rentra.

      « Allez, dit-il à demi-voix, me chercher Rochefort ; et qu’il vienne à l’instant même, s’il est rentré.

      – Le comte est là, dit l’officier, il demande instamment à parler à Votre Éminence ! »

      « À Votre Éminence ! murmura Bonacieux, qui savait que tel était le titre qu’on donnait d’ordinaire à M. le cardinal, … à Votre Éminence ! »

      « Qu’il vienne alors, qu’il vienne ! » dit vivement Richelieu.

      L’officier s’élança hors de l’appartement, avec cette rapidité que mettaient d’ordinaire tous les serviteurs du cardinal à lui obéir.

      « À Votre Éminence СКАЧАТЬ