Les Trois Mousquetaires / Три мушкетера. Александр Дюма
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Читать онлайн книгу Les Trois Mousquetaires / Три мушкетера - Александр Дюма страница 3

Название: Les Trois Mousquetaires / Три мушкетера

Автор: Александр Дюма

Издательство: КАРО

Жанр:

Серия: Littérature classique (Каро)

isbn: 978-5-9925-1601-2

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СКАЧАТЬ de l’hôtellerie pour venir à deux pas de d’Artagnan se planter en face du cheval. Sa contenance tranquille et sa physionomie railleuse avaient redoublé l’hilarité de ceux avec lesquels il causait et qui, eux, étaient restés à la fenêtre.

      D’Artagnan, le voyant arriver, tira son épée d’un pied hors du fourreau.

      « Ce cheval est décidément ou plutôt a été dans sa jeunesse bouton d’or, reprit l’inconnu continuant les investigations commencées et s’adressant à ses auditeurs de la fenêtre, sans paraître aucunement remarquer l’exaspération de d’Artagnan, qui cependant se redressait entre lui et eux. C’est une couleur fort connue en botanique, mais jusqu’à présent fort rare chez les chevaux.

      – Tel rit du cheval qui n’oserait pas rire du maître ! s’écria l’émule de Tréville, furieux.

      – Je ne ris pas souvent, monsieur, reprit l’inconnu, ainsi que vous pouvez le voir vous-même à l’air de mon visage ; mais je tiens cependant à conserver le privilège de rire quand il me plaît.

      – Et moi, s’écria d’Artagnan, je ne veux pas qu’on rie quand il me déplaît !

      – En vérité, monsieur ? continua l’inconnu plus calme que jamais, eh bien, c’est parfaitement juste. » Et tournant sur ses talons, il s’apprêta à rentrer dans l’hôtellerie par la grande porte, sous laquelle d’Artagnan en arrivant avait remarqué un cheval tout sellé.

      Mais d’Artagnan n’était pas de caractère à lâcher ainsi un homme qui avait eu l’insolence de se moquer de lui. Il tira son épée entièrement du fourreau et se mit à sa poursuite en criant :

      « Tournez, tournez donc, monsieur le railleur, que je ne vous frappe point par-derrière.

      – Me frapper, moi ! dit l’autre en pivotant sur ses talons et en regardant le jeune homme avec autant d’étonnement que de mépris. Allons, allons donc, mon cher, vous êtes fou ! »

      Puis, à demi-voix, et comme s’il se fût parlé à lui-même :

      « C’est fâcheux, continua-t-il, quelle trouvaille pour Sa Majesté, qui cherche des braves de tous côtés pour recruter ses mousquetaires ! »

      Il achevait à peine, que d’Artagnan lui allongea un si furieux coup de pointe, que, s’il n’eût fait vivement un bond en arrière, il est probable qu’il eût plaisanté pour la dernière fois. L’inconnu vit alors que la chose passait la raillerie, tira son épée, salua son adversaire et se mit gravement en garde. Mais au même moment ses deux auditeurs, accompagnés de l’hôte, tombèrent sur d’Artagnan à grands coups de bâtons, de pelles et de pincettes. Cela fit une diversion si rapide et si complète à l’attaque, que l’adversaire de d’Artagnan, pendant que celui-ci se retournait pour faire face à cette grêle de coups, rengainait avec la même précision, et, d’acteur qu’il avait manqué d’être, redevenait spectateur du combat, rôle dont il s’acquitta avec son impassibilité ordinaire, tout en marmottant néanmoins :

      « La peste soit des Gascons ! Remettez-le sur son cheval orange, et qu’il s’en aille !

      – Pas avant de t’avoir tué, lâche ! » criait d’Artagnan tout en faisant face du mieux qu’il pouvait et sans reculer d’un pas à ses trois ennemis, qui le moulaient de coups.

      « Encore une gasconnade, murmura le gentilhomme. Sur mon honneur, ces Gascons sont incorrigibles ! Continuez donc la danse, puisqu’il le veut absolument. Quand il sera las, il dira qu’il en a assez. »

      Mais l’inconnu ne savait pas encore à quel genre d’entêté il avait affaire ; d’Artagnan n’était pas homme à jamais demander merci. Le combat continua donc quelques secondes encore ; enfin d’Artagnan, épuisé, laissa échapper son épée qu’un coup de bâton brisa en deux morceaux. Un autre coup, qui lui entama le front, le renversa presque en même temps tout sanglant et presque évanoui.

      C’est à ce moment que de tous côtés on accourut sur le lieu de la scène. L’hôte, craignant du scandale, emporta, avec l’aide de ses garçons, le blessé dans la cuisine où quelques soins lui furent accordés.

      Quant au gentilhomme, il était revenu prendre sa place à la fenêtre et regardait avec une certaine impatience toute cette foule, qui semblait en demeurant là lui causer une vive contrariété.

      « Eh bien, comment va cet enragé ? reprit-il en se retournant au bruit de la porte qui s’ouvrit et en s’adressant à l’hôte qui venait s’informer de sa santé.

      – Votre Excellence est saine et sauve ? demanda l’hôte.

      – Oui, parfaitement saine et sauve, mon cher hôtelier, et c’est moi qui vous demande ce qu’est devenu notre jeune homme.

      – Il va mieux, dit l’hôte : il s’est évanoui tout à fait.

      – Vraiment ? fit le gentilhomme.

      – Mais avant de s’évanouir il a rassemblé toutes ses forces pour vous appeler et vous défier en vous appelant.

      – Mais c’est donc le diable en personne que ce gaillard-là ! s’écria l’inconnu.

      – Oh ! non, Votre Excellence, ce n’est pas le diable, reprit l’hôte avec une grimace de mépris, car pendant son évanouissement nous l’avons fouillé, et il n’a dans son paquet qu’une chemise et dans sa bourse que onze écus, ce qui ne l’a pas empêché de dire en s’évanouissant que si pareille chose était arrivée à Paris, vous vous en repentiriez tout de suite, tandis qu’ici vous ne vous en repentirez que plus tard.

      – Alors, dit froidement l’inconnu, c’est quelque prince du sang déguisé.

      – Je vous dis cela, mon gentilhomme, reprit l’hôte, afin que vous vous teniez sur vos gardes.

      – Et il n’a nommé personne dans sa colère ?

      – Si fait, il frappait sur sa poche, et il disait : « Nous verrons ce que M. de Tréville pensera de cette insulte faite à son protégé.

      – M. de Tréville ? dit l’inconnu en devenant attentif ; il frappait sur sa poche en prononçant le nom de M. de Tréville?… Voyons, mon cher hôte, pendant que votre jeune homme était évanoui, vous n’avez pas été, j’en suis bien sûr, sans regarder aussi cette poche-là. Qu’y avait-il ?

      – Une lettre adressée à M. de Tréville, capitaine des mousquetaires.

      – En vérité !

      – C’est comme j’ai l’honneur de vous le dire, Excellence. »

      L’hôte, qui n’était pas doué d’une grande perspicacité, ne remarqua point l’expression que ses paroles avaient donnée à la physionomie de l’inconnu. Celui-ci quitta le rebord de la croisée sur lequel il était toujours resté appuyé du bout du coude, et fronça le sourcil en homme inquiet.

      « Diable ! murmura-t-il entre ses dents, Tréville m’aurait-il envoyé ce Gascon ? il est bien jeune ! Mais un coup d’épée est un coup d’épée, quel que soit l’âge de celui qui le donne, et l’on se défie moins d’un enfant que de tout autre ; il suffit parfois d’un faible obstacle pour contrarier un grand dessein. »

      Et l’inconnu tomba dans une réflexion qui dura quelques minutes.

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