Название: Roulette Russe
Автор: May Freighter
Издательство: Tektime S.r.l.s.
Жанр: Детская проза
isbn: 9788835432364
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Elle ouvrit le journal, qui révéla la première page, vieille et jaunie. Une liste de noms écrits à la main par différentes personnes. Peut-être que le journal n’appartenait pas à un seul propriétaire. Un nom en particulier avait attiré son attention. Elle avait parcouru les étranges croquis et dessins de plantes, et reconnu quelques-unes du jardin de sa grand-mère lorsqu'elle était petite. Une langue archaïque, dans une encre ternie, couvrait les pages usées.
Elle reconnut certaines des belles lettres incurvées et sa main se figea. Sa grand-mère était la dernière propriétaire de ce journal. Helena sourit au souvenir doux-amer du temps qu'elles avaient passé ensemble. La vieille femme avait souvent pour habitude de lui lire des histoires de sorcières qui combattaient les forces du mal - des histoires qu'elle n'oublierait jamais.
Ses souvenirs heureux s’effacèrent pour être remplacés par les épisodes tragiques du passé. Sa mère lui avait tout simplement dit que sa grand-mère aimante s’était suicidée en mettant le feu à leur maison, suite à une crise de folie. Mais ces épisodes tirés de son enfance étaient une énigme qu'elle n'avait jamais réussi à résoudre.
Elle entendit soudain Michael lui parler dans sa tête et elle sursauta.
- Sasha a fini les préparatifs. Tu devrais te changer.
- Je suis occupée, répondit-elle.
- C'est ta dernière nuit, ici. Ce que tu fais en ce moment ne peut pas être plus important que de passer un peu de temps avec tes parents.
Elle ferma le journal en le claquant.
- Très bien !
Elle se leva, jeta un regard fugace à la cachette et se planta devant son vestiaire. Les vêtements qu'elle avait préparés pour le dîner de ce soir étaient posés sur l'étagère du haut. Elle retira son survêtement tâché de sueur et mit un t-shirt ample et un jean.
Dès qu’elle ouvrit la porte, elle sentit l’odeur exquise du dîner. Son estomac gargouilla alors qu’elle descendait les escaliers. Elle se retrouva face à plusieurs délicieux mets disposés sur la table ronde en chêne. Sa mère, comme d'habitude, avait mis le paquet. Mais Helena s'abstint de le souligner et se contenta de se réjouir de l'odeur délectable du poulet rôti.
Les cheveux poivre et sel de son beau-père se dressèrent devant ses yeux, alors qu’il se démenait pour ouvrir une bouteille de vin.
- Allez, tu ne vas pas rester là à rien faire !
Le petit accent russe de sa mère ne manquait jamais à se manifester quand elle était inquiète. Elle renifla et empila des assiettes et des couverts dans les mains d'Helena, avant de redisparaître dans la cuisine.
Helena se mit à préparer la table en marmonnant :
- Bonjour, maman !
Richard posa la bouteille sur la surface laquée et fit la moue. Le bouchon était à moitié coincé dans le goulot de la bouteille et refusait de bouger.
- Ça fait longtemps que nous n’avons pas bu de champagne, dit Helena.
- Tu as raison. Je crois que Sasha en a acheté pour l'occasion.
Il sortit de la pièce et sa mère réapparut. Ses deux yeux marrons se fixèrent sur Helena. Elle passa ses doigts dans ses cheveux courts platine et le bombardement émotionnel commença.
- Es-tu sûre de vouloir déménager ? Tu peux rester avec nous jusqu'à la fin de tes études ou…
Helena croisa les bras.
- Maman, nous avons déjà eu cette discussion la semaine dernière.
- Oui, je sais.
Elle se serait donné un coup de pied, elle avait horreur de contrarier sa mère. Sa vie universitaire serait plus facile si elle emménageait avec ses amis. Elle jeta un coup d'œil à la porte de la cuisine. Richard prenait plus de temps que prévu pour revenir. Elle tapa du pied pour rompre le silence.
La scène de tristesse joué par sa mère était terminée, elle redressa ses épaules avec la désapprobation encore gravée dans les rides de son visage.
- Je sais que tu t’inquiètes pour moi, maman, mais je serai avec Laura et Andrew.
Sasha se décontracta et serra sa fille dans ses bras.
- Tu es ma fille unique, comment veux-tu que je ne m’inquiète pas ?
Helena lui tapota le dos, ne sachant pas quoi dire ou faire. Heureusement, Dieu lui vint en aide. Elles entendirent un grand bruit venant de la cuisine et un léger tintement de verres.
Richard refit son apparition avec un grand sourire aux lèvres révélant ses dents nacrées, une bouteille de champagne débouchée et trois flûtes.
- Alors comment ça va, vous deux ?
- Très bien, répondit sa mère.
Elle s'écarta d'Helena, plia son tablier sur le dossier de sa chaise et s'assit.
Helena s’installa sur la chaise à côté.
Richard leur versa à chacune un verre et s’assit à table. Il fit la grimace en buvant une gorgée.
Helena baissa ses yeux sur ses cuisses. Elle aimait beaucoup son beau-père. Même s'il était toujours très occupé par son poste de directeur du département des sciences, il aimait la vie de famille. Il ne se plaignait jamais. Il avait pris soin d'elle et de sa mère, après que son père les avait quittées sans leur donner d’explication.
- Est-ce que tu as rendu ton formulaire d’inscription ? demanda Richard.
Helena leva la tête.
- Ouais, le jour où je l’ai reçu.
- Ce que tu as choisi ne me plaît pas beaucoup. Le salaire de médecin ou avocat est plus élevé qu'un…
Sa mère leva la main en l'air cherchant le mot juste.
- C’est quoi déjà ce que tu fais ?
Helena détourna son regard. Des yeux froids de sa mère émanait assez de déception pour y noyer toute une armée. Le silence se prolongea et Helena serra ses couverts. Le métal chauffait dans le creux de ses paumes.
- Si je découvre que c’est ennuyeux, je pourrais toujours changer.
Discussion terminée, Helena reporta son attention sur son assiette.
Richard s'éclaircit la gorge.
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