Reborn. Miriam Mastrovito
Чтение книги онлайн.

Читать онлайн книгу Reborn - Miriam Mastrovito страница 4

Название: Reborn

Автор: Miriam Mastrovito

Издательство: Tektime S.r.l.s.

Жанр: Современная зарубежная литература

Серия:

isbn: 9788835428572

isbn:

СКАЧАТЬ fut le bruit de la pluie qui la tira du sommeil avant que le réveil ne sonne. Elga se frotta les yeux paresseusement. Ses temps pulsaient, elle se sentait aussi fatiguée que si elle ne s’était pas du tout reposée.

      Le ciel de plomb et cet odieux cliquetis sur les fenêtres n’auguraient rien de bon, pas pour elle qui détestait les journées pluvieuses.

      Elle descendit les escaliers en titubant et se dirigea vers la cuisine. Un café chaud et une aspirine l’aideraient à carburer. Elle ne réalisa pas immédiatement qu’elle n’était pas seule. Au début, la pénombre dans laquelle était plongée la pièce immergea la forme sombre dans le jeu des ombres créées par les poupées entassées partout. Alors qu’elle cherchait l’interrupteur, elle entendit un coup de tonnerre assourdissant et un éclair illumina son environnement. Ce fut à ce moment qu’elle la vit.

      Une petite fille était assise à sa table, occupée à manger avidement son gâteau.

      Elle ne se troubla pas en la voyant entrer, se borna à lever le visage, couvert de chocolat. Elle lui sourit, la bouche pleine, la fixant de ses yeux bleus.

      Elga demeura pétrifiée, cligna confusément des yeux, comme si ce geste pouvait effacer cette vision onirique. Parce qu’il ne pouvait s’agir que de cela… Elle alluma la lumière, ouvrit et ferma les yeux plusieurs fois, mais la fillette resta là. Elle devait avoir environ dix ans, autant que les bougies. Sans les cheveux noirs et raides, les iris d’une couleur différente, la maigreur des bras…

      Elle secoua violemment la tête pour essayer de chasser cette pensée folle.

      «Comment as-tu fait pour entrer?» demanda-t-elle, donnant voix à l’hypothèse la plus logique.

      Elle lui renvoya un regard interrogatif.

      «Qui es-tu et que fais-tu dans ma maison?» relança la femme en bredouillant.

      Le silence obstiné de l’autre l’inquiéta et la contraria à la fois. «Tu ne m’as pas entendue? Pourquoi tu ne me réponds pas? Le chat t’a mangé la lang…»

      «Maman…» La réponse fusa comme une supplique de ses lèvres tandis que ses yeux se gonflaient de larmes.

      «Non.» Elga fut secouée par un tremblement. Non, répéta-t-elle en secouant plus fort la tête.

      La petite se leva de sa chaise, visiblement perturbée.

      «Maman, tu vas bien?» demanda-t-elle en se dirigeant vers elle.

      Instinctivement, elle recula, se colla contre le mur, bien décidée à éviter tout contact.

      «Ne m’appelle pas maman, ordonna-t-elle. Elle n’avait aucune fichue idée de ce qu’il se passait, mais la stupeur initiale faisait place à la colère, mêlée à une peur galopante. Je ne suis pas ta mère.»

      La petite fondit en larmes à cette affirmation.

      «Pourquoi tu fais ça? Maman…» Négligeant tout avertissement, elle se lança sur la femme, l’enlaça, striant son pyjama de taches sombres.

      Elga sursauta, comme parcourue par une décharge électrique. Qui que soit cette inconnue, elle était en chair et en os. Elle sentit clairement la consistance de son corps et la force de son étreinte, inimaginable étant donné sa maigreur. Elle s’éloigna pour garder ses distances. «Ne me touche pas» la gronda-t-elle. Elle prit une longue respiration et ajouta: «Maintenant, dis-moi qui tu es et ce que tu fais ici, s’il te plaît.»

      «Rea. Je suis ta fille, tu ne me reconnais pas?» Son ton était chargé de perplexité et d’inquiétude.

      «Rea?» La femme répéta ce nom avec lenteur, comme un mot étranger. «Ok, si c’est une blague, sache que je ne l’aime pas du tout. Ma fille est morte et je ne connais aucune Rea.»

      «Pourquoi tu dis ça? Tu me fais peur, maman!» gémit la petite.

      Son angoisse était si crédible qu’elle aurait mérité un Oscar si elle avait été en représentation. Et pourtant, il ne pouvait en être autrement. Quelqu’un avait manifestement orchestré cette mise en scène pour se moquer d’elle. Elga n’aurait pas pu dire qui et dans quel but, mais elle ne pouvait envisager d’autres explications possibles à ce qu’il se passait et, au fur et à mesure que cette conviction faisait son chemin dans son esprit, sa colère augmenta.

      «Je te le demande pour la dernière fois. Qui es-tu et que fais-tu ici?»

      «Rea» sanglota l’autre.

      «Mauvaise réponse. Celui qui t’envoie ne t’a pas bien informée. Ma fille s’appelait Martina.»

      «C’est moi ta fille…»

      «Ça suffit maintenant!» Elga la prit par le poignet et la traîna vers le manteau de la cheminée. Il était couvert de poupées, comme chaque étagère de cette maison, mais entre l’une et l’autre, quelques cadres photo en bois se détachaient. Elle en prit un au hasard et le tendit à l’intruse.

      «Voici Martina. C’est la seule fille que j’aie jamais eue et elle ne te ressemble pas du tout.»

      Avant de le prendre, la petite s’essuya les mains sur la robe blanche qu’elle portait, observa la photo quelques minutes en silence, puis la lui rendit retournée de façon à ce que l’autre puisse la voir.

      L’image l’atteignit avec la violence d’une gifle. Martina était assise dans son atelier, semblable à une poupée parmi les poupées, et souriait comme sur la vieille photo sur laquelle Elga avait pleuré un million de fois. À part que… Ce n’était pas elle. La personne immortalisée sur le cliché était identique à l’étrangère qui lui faisait face.

      «Nooooon!» Elga hurla, prise d’une panique qu’elle ne pouvait expliquer. Elle prit un autre cadre, le regarda et le jeta au sol comme s’il la brûlait; elle courut vers la patère située sous l’escalier, attrapa son sac d’une main tremblante, récupéra son portefeuille, chercha la photo qu’elle avait toujours avec elle, celle qui montrait Andrea et Martina enlacés, et la regarda. Son mari était là et était celui de toujours, mais la petite accrochée à son cou…

      «Nooooon!» La femme se recroquevilla sur le sol, se boucha les oreilles et continua à hurler dans l’espoir que sa voix chasse ce cauchemar.

      Les souvenirs étaient tout ce qu’il lui restait, sa seule ancre, son unique certitude. Personne ne devait les toucher, elle ne permettrait à personne de les lui enlever, encore moins pour un jeu cruel.

      La fillette tenta de s’approcher, mais elle la repoussa en la frappant. «Tu n’es pas ma fille! Ce n’est pas TOI ma fille!»

      Au même instant, la sonnette tinta. «Qu’est-ce qu’il s’est passé? Tu as besoin d’aide?» La voix de Constanza arriva de la rue, à peine couverte par le crépitement de la pluie.

      Elga n’eut pas le temps de réaliser, ni même de réagir. L’inconnue fut plus rapide qu’elle, bondit sur le parlophone et ouvrit la porte.

      «À l’aide! Maman se sent mal!» pleura-t-elle en se précipitant dans les escaliers pour courir se réfugier dans les jupes de la voisine.

      «Que s’est-il СКАЧАТЬ