Blanche et Bleue ou les deux couleuvres-fées,. Anonymous
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Название: Blanche et Bleue ou les deux couleuvres-fées,

Автор: Anonymous

Издательство: Bookwire

Жанр: Языкознание

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isbn: 4064066080426

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      Cependant Hân-wen était couché dans la chambre que lui avait préparée sa sœur aînée. Toute la nuit il ne cessa de penser aux deux jeunes filles, et ne put dormir un seul instant. Son impatience était trop grande pour qu'il attendît l'aurore. Il se lève, s'habille avec un soin recherché, et revêt un habit d'un rouge éclatant. Il sort à la dérobée sans avertir sa sœur, et court directement à la rue des Deux-Thés. Un vieillard était debout à l'entrée de la rue. «Mon vénérable ami, lui dit Hân-wen, j'oserai vous demander si c'est ici la rue des Deux-Thés.

      —Vous y êtes, répondit le vieillard.

      —Veuillez me dire, ajouta Hân-wen, dans quelle partie de la rue est situé l'hôtel du général Leblanc.

      —Tout ce que je sais, repartit le vieillard, c'est que vous êtes dans la rue des Deux-Thés; quant à l'hôtel du général Leblanc, je ne sais pas ce que vous voulez dire.»

      A ces mots, il quitte le jeune homme et disparaît.

      Dans son embarras, Hân-wen entre dans la rue, et se dispose à examiner attentivement toutes les maisons. Il aperçoit d'abord un jardin magnifique qui étalait toutes les richesses du printemps. Comme il était occupé à examiner ce jardin, soudain la petite Bleue ouvre la porte et vient au-devant de lui.

      Hân-wen palpite de joie en reconnaissant la petite Bleue; et s'approchant d'elle d'un air empressé: «Mademoiselle, lui dit-il, me voici venu pour vous voir.

      —Monsieur, lui répond la petite Bleue avec un air épanoui, veuillez entrer.»

      Hân-wen a bientôt franchi le seuil de la porte; il suit la petite Bleue, qui le conduit dans un vestibule appelé le Pavillon des parfums.

      «Veuillez vous asseoir, lui dit-elle, en attendant que j'aille dans l'intérieur avertir ma maîtresse de votre arrivée.

      —Mademoiselle, répondit Hân-wen, gardez-vous de déranger votre maîtresse; prenez seulement le parapluie et remettez-le à votre serviteur, qui a hâte de partir.

      —Seigneur, répondit la petite Bleue, il faut que je vous dise qu'hier mademoiselle m'a recommandé instamment de l'avertir quand vous viendriez chercher votre parapluie, afin de pouvoir venir elle-même vous remercier.

      —Comment pourrais-je souffrir, répondit Hân-wen, que vous dérangiez votre maîtresse à cause de moi?»

      Quoiqu'il parlât de la sorte, il restait toujours assis, et brûlait d'impatience de voir bientôt paraître mademoiselle Blanche, s'estimant heureux s'il pouvait l'apercevoir un seul instant.

      A peine la petite Bleue est-elle entrée dans l'intérieur de l'hôtel, qu'un vent parfumé vint réjouir Hân-wen. Soudain Blanche sort de la salle, et glisse vers le jeune homme d'un pas leste et gracieux. La petite Bleue marchait après elle.

      Dès que Hân-wen l'aperçoit, il se lève avec empressement et lui présente ses hommages.

      Blanche, à son tour, le salue en lui souhaitant mille félicités, et le prie de s'asseoir. «Monsieur, lui dit-elle, sans le sentiment d'humanité qui vous a porté à nous prêter votre précieux parapluie, la maîtresse et sa servante n'auraient peut-être pu s'en retourner chez elles.

      —C'est une bagatelle, lui répondit Hân-wen; je ne mérite point pour cela que vous daigniez m'accorder de pompeux compliments.»

      Ils s'assirent tous deux après les compliments d'usage; et au bout de quelques instants, la petite Bleue servit du thé qui répandait une odeur délicieuse.

      Dès que Hân-wen en eut pris quelques tasses, il se leva en remerciant, comme pour reprendre le parapluie et s'en retourner.

      «Je ne pouvais espérer, lui dit Blanche, de voir ici mon bienfaiteur, comment pourrais-je souffrir qu'il s'en retourne à jeun? Si vous ne dédaignez pas une modeste collation, je serai heureuse de vous l'offrir pour vous témoigner ma reconnaissance.

      —Mademoiselle, lui répondit Hân-wen en la remerciant, je suis confus de vous causer tant d'embarras; personne n'est plus indigne que moi d'une réception aussi distinguée.»

      Blanche lui fit de nouvelles instances.

      Quelques instants après la petite Bleue sert sur une table élégante les mets les plus rares et les plus exquis. Blanche cède poliment sa place à Hân-wen, et lui tient compagnie sur une petite table voisine de la sienne. La petite Bleue reste debout à leurs côtés, et les sert avec autant de grâce que de prévenance.

      Après qu'ils eurent pris quelques tasses de vin, Blanche rompit le silence: «Généreux bienfaiteur, dit-elle à Hân-wen, je dois vous dire que Pé-ing, mon père, avait jadis la charge de gouverneur des frontières, et que Lieou-chi, ma mère, avait reçu de l'empereur des lettres de noblesse. Ils n'eurent point de fils. Le seul fruit de leur mariage fut l'humble servante que vous voyez devant vous, et à qui ils donnèrent le surnom de Tchin-niang. Mais, hélas! mon père et ma mère quittèrent bientôt la vie et se suivirent dans la tombe. Me trouvant sans parents, sans appui, dans un âge encore tendre, je craignais de me perdre au milieu de la corruption du siècle, et je passais les jours et les nuits à pleurer et à gémir. Hier, comme j'étais allée sur la colline pour faire des offrandes funèbres à mon père et à ma mère, je fus assaillie par une pluie d'orage. Heureusement, monsieur, que je vous ai rencontré, et que vous avez eu la générosité de me prêter votre parapluie. Ce service précieux m'a montré la bonté de votre cœur. Si vous ne trouvez point mon origine trop obscure, j'oserai vous offrir de vous servir toute ma vie. J'ignore si vous daignerez exaucer mes vœux.»

      Hân-wen ne se possède plus; il est dans le ravissement, comme un homme qui aurait reçu ordre écrit de la main de l'empereur; mais il fait semblant de refuser du geste et de la voix.

      «Mademoiselle, lui dit-il, votre noble personne a grandi dans un appartement parfumé, et vous vous distinguez à la fois par l'éclat de la naissance et de la beauté. Mais moi, je ne suis qu'un pauvre étudiant, sans renom et sans fortune, et je flotte encore incertain entre le pinceau[18] et l'épée. Comment oserais-je prétendre à m'unir avec vous?

      —Monsieur, lui dit Blanche en souriant, il n'appartient qu'au vulgaire de se laisser guider par de telles considérations, et de faire attention, en se mariant, à l'éclat ou à l'obscurité de la naissance. Dès mon enfance j'ai appris la science de la physionomie; aussitôt que j'ai aperçu les traits de votre visage j'ai jugé que vous étiez destiné au bonheur. J'espère que mon bienfaiteur ne repoussera pas ma demande.

      —Je reçois avec joie l'expression de vos sentiments, lui répondit Hân-wen; mais, hélas! je suis sans fortune, et il me serait difficile d'acheter des présents de noces qui fussent dignes de vous.

      —Cela ne fait rien,» lui répondit Blanche.

      A ces mots elle appela la petite Bleue. «Va dans ma chambre, lui dit-elle, ouvre ma cassette d'or et prends deux lingots d'argent fin que tu donneras à monsieur.»

      La petite Bleue obéit, et revient promptement avec deux lingots d'argent qui pesaient cent onces, et les dépose sur la table.

      Blanche prit elle-même l'argent et le remit à Hân-wen. «Monsieur, lui dit-elle, emportez cet argent. Vous pouvez maintenant acheter les présents de noces.»

      Hân-wen СКАЧАТЬ