Les aventures de Télémaque suivies des aventures d'Aristonoüs. François de Salignac de La Mothe- Fénelon
Чтение книги онлайн.

Читать онлайн книгу Les aventures de Télémaque suivies des aventures d'Aristonoüs - François de Salignac de La Mothe- Fénelon страница 3

СКАЧАТЬ la Grèce que du charme des fictions d'Homère: l'idée du beau moral dans l'éducation d'un jeune prince, ces entretiens philosophiques, ces épreuves de courage, de patience, l'humanité dans la guerre, le respect des serments, toutes ces idées bienfaisantes sont empruntées à la Cyropédie de Xénophon. Dans les théories sur le bonheur du peuple, dans le plan d'un État réglé comme une famille, on reconnaît l'imagination et la philosophie de Platon. Mais il est permis de croire que Fénelon, corrigeant les fables d'Homère par la sagesse de Socrate, et formant cet heureux mélange des plus riantes fictions, de la philosophie la plus pure et de la politique la plus humaine, peut balancer, par le charme de cette réunion, la gloire de l'invention qu'il cède à chacun de ses modèles. Sans doute Fénelon a partagé les défauts de ceux qu'il imitait; et, si les combats du Télémaque ont la grandeur et le feu des combats de l'Iliade, Mentor parle quelquefois aussi longuement qu'un héros d'Homère; et quelquefois les détails d'une morale un peu commune rappellent les longs entretiens de la Cyropédie.

      «En considérant le Télémaque comme une inspiration des muses grecques, il semble que le génie de Fénelon reçoive une force qui ne lui était pas naturelle. La véhémence de Sophocle s'est conservée tout entière dans les sauvages imprécations de Philoctète.

      «Quoique la belle antiquité paraisse avoir été moissonnée tout entière pour composer le Télémaque, il reste à l'auteur quelque gloire d'invention, sans compter ce qu'il y a de créateur dans l'imitation de beautés étrangères inimitables avant et après Fénelon. Rien n'est plus beau que l'ordonnance du Télémaque, et l'on ne trouve pas moins de grandeur dans l'idée générale que de goût et de dextérité dans la réunion et le contraste des épisodes. Comme le Télémaque est surtout un livre de morale politique, ce que l'auteur peint avec le plus de force, c'est l'ambition, cette maladie des rois, qui fait mourir les peuples; l'ambition grande et généreuse dans Sésostris, l'ambition imprudente dans Idoménée, l'ambition tyrannique et misérable dans Pygmalion, l'ambition barbare, hypocrite, impie, dans Adraste. Ce dernier caractère, supérieur au Mézence de Virgile, est traité avec une vigueur d'imagination qu'aucune vérité historique ne saurait surpasser. Cette invention des personnages n'est pas moins rare que l'invention générale d'un plan. Le caractère le plus heureux, dans cette variété de portraits, c'est celui du jeune Télémaque. Plus développé, plus agissant que le Télémaque de l'Odyssée, il réunit tout ce qui peut surprendre, attacher, instruire: dans l'âge des passions, il est sous la garde de la sagesse, qui le laisse souvent faillir, parce que les fautes sont l'éducation des hommes: il a l'orgueil du trône, l'emportement de l'héroïsme, et la candeur de la première jeunesse....

      «Pour achever de saisir, dans le Télémaque, trésor des richesses antiques, la part d'invention qui appartient à l'auteur moderne, il faudrait comparer l'Enfer et l'Élysée de Fénelon avec les mêmes peintures tracées par Homère et par Virgile[3]. Quelle que soit la sublimité du silence d'Ajax[4], quelle que soit la grandeur et la perfection du VIe livre de l'Énéide, on sentirait tout ce que Fénelon a créé de nouveau, ou plutôt tout ce qu'il a puisé dans les mystères chrétiens, par un art admirable ou par un souvenir involontaire. La plus grande de ces beautés inconnues à l'antiquité, c'est l'invention de douleurs et de joies purement intellectuelles substitués à la peinture faible ou bizarre de maux et de félicités physiques. C'est là que Fénelon est sublime et saisit mieux que le Dante le secours si neuf et si grand du christianisme. Rien n'est plus philosophique et plus terrible que les tortures morales qu'il place dans le cœur des coupables et pour rendre ces inexprimables douleurs, son style acquiert un degré d'énergie qu'on n'attendait pas de lui, et qu'on ne trouve dans aucun autre. Mais, lorsque, délivré de ces affreuses peintures, il peut reposer sa douce imagination sur la demeure des justes, alors on entend des sons que la voix humaine n'a jamais égalés, et quelque chose de céleste s'échappe de son âme: c'est l'extase de la charité chrétienne enivrée de la joie qu'elle décrit.... L'Élysée de Fénelon est une des créations du génie moderne; nulle part la langue française ne paraît plus flexible et plus mélodieuse.»

      (Villemain, Mélanges, Notice sur Fénelon.)

      M. Désiré Nisard, dans sa remarquable Histoire de la littérature française, tome III, consacre au Télémaque une grande partie de son chapitre sur Fénelon. On y lit: «Cet idéal du simple, du naturel, de l'aimable, c'est là qu'il l'a réalisé. De tous les ouvrages écrits dans notre langue, celui-là est peut-être le plus aimable.»

      Selon M. Nisard, «comme Idoménée est modelé sur Louis XIV, Télémaque est modelé sur le duc de Bourgogne... Enfin Mentor n'est autre que Fénelon lui-même. La politique qu'il enseigne à Salente rappelle la politique de la Lettre à Louis XIV. La morale de Mentor est copiée des Directions pour la conscience d'un roi, et le trop grand nombre de prescriptions fatigue dans le roman comme dans l'ouvrage de direction.

      «Ce mélange du roman et de l'allusion dans le Télémaque est une des causes du froid qu'on y sent, quoique le plan en soit si heureux, les incidents si variés, et que l'ouvrage soit écrit de verve. La vérité manque souvent à ces caractères formés de traits qui appartiennent à des civilisations différentes. On s'habitue difficilement à ce petit roi grec, tantôt gourmandé et conseillé comme aurait pu l'être Louis XIV par un confesseur pénétré de ses devoirs, tantôt faisant des fautes que ne comportaient ni son temps ni son État, afin de donner matière à des critiques qui s'adressent à un autre temps et à un autre État. Mentor ne cache pas assez Fénelon. Nous sommes presque plus souvent à Versailles qu'à Salente, et tantôt il semble voir Télémaque recevant des conseils pour régner sur la France du xxiiie siècle, tantôt le duc de Bourgogne instruit à gouverner quelque jour l'île d'Ithaque. Au moment même où l'imagination de l'auteur nous emporte dans le monde d'Homère, une allusion, un détail emprunté à un autre monde, un anachronisme de politique ou de morale nous ramène au temps de la guerre de la Succession et du quiétisme....

      M. Grenay, agrégé de l'Université, a fait, comme thèse française, une Étude morale et littéraire sur le Télémaque (1876, in-8º. Hachette).

       Table des matières

       Table des matières

       Table des matières

      SOMMAIRE.

      Télémaque, conduit par Minerve, sous la figure de Mentor, aborde, après un naufrage, dans l'île de Calypso.—La déesse, inconsolable du départ d'Ulysse, fait au fils du héros l'accueil le plus favorable, conçoit une vive passion pour lui et lui offre l'immortalité, s'il veut demeurer avec elle.—Elle lui demande le récit de ses aventures.—Télémaque raconte son voyage à Pylos et à Lacédémone, son naufrage sur la côte de Sicile, le danger qu'il y courut d'être immolé aux mânes d'Anchise, le secours que Mentor et lui donnèrent à Aceste dans une incursion de Barbares, et le soin que ce prince eut de reconnaître ce service, en leur procurant un vaisseau tyrien pour retourner dans leur pays.

      Calypso ne pouvait se consoler du départ d'Ulysse. Dans sa douleur, elle se trouvait malheureuse d'être immortelle*. Sa grotte ne résonnait plus de son chant: les nymphes qui la servaient n'osaient lui parler. Elle se promenait souvent seule sur les gazons fleuris dont un printemps éternel bordait son îleСКАЧАТЬ