Histoire de la Guerre de Trente Ans. Friedrich Schiller
Чтение книги онлайн.

Читать онлайн книгу Histoire de la Guerre de Trente Ans - Friedrich Schiller страница 17

Название: Histoire de la Guerre de Trente Ans

Автор: Friedrich Schiller

Издательство: Bookwire

Жанр: Языкознание

Серия:

isbn: 4064066080686

isbn:

СКАЧАТЬ comme leur roi futur. Ce ne fut que plus tard, quand ils eurent reconnu la funeste influence de ses conseils sur le gouvernement de l'empereur, que leurs inquiétudes s'éveillèrent. Diverses pièces, écrites de la main de ce prince, que la malveillance fit tomber dans leurs mains et qui ne trahissaient que trop ses sentiments, portèrent leurs craintes au plus haut degré. Ils furent surtout révoltés d'un pacte secret de famille conclu avec l'Espagne, par lequel Ferdinand assurait à cette couronne le royaume de Bohême, à défaut d'héritiers mâles, sans avoir entendu la nation et sans nul égard au droit qu'elle avait d'élire ses souverains. Les nombreux ennemis que ce prince s'était faits, par sa réforme en Styrie, parmi les protestants en général, lui rendirent auprès des Bohêmes les plus mauvais services; et surtout quelques émigrés styriens, réfugiés en Bohême, et qui avaient apporté dans leur nouvelle patrie un cœur altéré de vengeance, se montraient fort actifs pour nourrir le feu de la révolte. Ce fut dans ces dispositions hostiles que le roi Ferdinand trouva la nation bohême, lorsque l'empereur Matthias lui fit place.

      De si mauvais rapports entre la nation et le prince candidat à la couronne auraient excité des orages, quelque paisible qu'eût été, du reste, la succession au trône: combien plus alors, au milieu du feu de la révolte; quand la nation avait repris sa souveraineté, qu'elle était revenue à l'état du droit naturel, qu'elle avait les armes à la main; que le sentiment de son union lui avait inspiré une foi enthousiaste en elle-même; que les plus heureux succès, des promesses de secours étrangers et des espérances folles avaient élevé son courage jusqu'à la plus ferme confiance! Oubliant les droits déjà conférés à Ferdinand, les états déclarèrent leur trône vacant et leur choix complétement libre. Il n'y avait aucun moyen de paisible soumission, et, si Ferdinand voulait posséder la couronne de Bohême, il avait le choix, ou de l'acheter au prix de tout ce qui rend une couronne souhaitable, ou de la conquérir l'épée à la main.

      Mais par quels moyens la conquérir? De quelque côté qu'il tournât ses regards, tous ses États étaient en flammes. La Silésie était entraînée dans la révolte de la Bohême; la Moravie était sur le point de suivre cet exemple; dans la haute et la basse Autriche s'agitait, comme sous Rodolphe, l'esprit de liberté; aucune diète ne voulait prêter le serment. Le prince Bethlen Gabor de Transylvanie menaçait la Hongrie d'une irruption; un mystérieux armement des Turcs effrayait toutes les provinces situées à l'orient; et pour que la détresse de Ferdinand fût au comble, il fallut encore que les protestants, éveillés par l'exemple général, levassent la tête dans ses domaines paternels. Ils avaient dans ces pays la supériorité du nombre; dans la plupart, ils étaient en possession des revenus avec lesquels Ferdinand devait faire la guerre. Les neutres commençaient à balancer; les fidèles, à désespérer; les malintentionnés montraient seuls du courage. Une moitié de l'Allemagne faisait signe aux rebelles de prendre patience, l'autre attendait l'événement sans agir; les secours de l'Espagne étaient encore dans des pays lointains: le moment qui donnait tout à Ferdinand menaçait de tout lui ravir.

      Quelques offres qu'il fît maintenant, sous la dure loi de la nécessité, aux Bohêmes rebelles, toutes ses propositions de paix furent insolemment rejetées. Déjà le comte de Thurn se montre en Moravie, à la tête d'une armée, pour amener cette province, la seule qui fût encore chancelante, à prendre un parti. La vue de leurs amis donne aux protestants moraves le signal de la révolte. Brünn est emporté; le reste du pays se rend volontairement; dans toute la province, on change de religion et de gouvernement. Le torrent des rebelles, grossi dans sa course, se précipite dans l'Autriche supérieure, où un parti de même opinion le reçoit avec allégresse. «Plus de priviléges de religion! les mêmes droits pour toutes les Églises chrétiennes! Le bruit se répand qu'on lève dans le pays des troupes étrangères pour écraser la Bohême: ce sont elles qu'on vient chercher, dit-on, et l'on poursuivra jusqu'à Jérusalem l'ennemi de la liberté.» Aucun bras ne se remue pour défendre l'archiduc; à la fin, les rebelles viennent camper sous les murs de Vienne, pour assiéger leur souverain.

      Ferdinand avait éloigné ses enfants de Grætz, où ils n'étaient plus en sûreté, et les avait envoyés dans le Tyrol; lui-même, il attendait la révolte dans sa capitale. Une poignée de soldats était tout ce qu'il pouvait opposer à cet essaim furieux; et ce petit nombre d'hommes manquait de bonne volonté parce qu'ils étaient sans solde et même sans pain. Vienne n'était pas préparée à un long siége. Le parti des religionnaires, toujours prêt à se joindre aux Bohêmes, avait dans la ville la supériorité, ceux de la campagne rassemblaient déjà des troupes contre l'archiduc. Déjà la plèbe protestante le voyait enfermé dans un cloître, ses États partagés, et ses enfants élevés dans la nouvelle religion. Livré à des ennemis secrets, entouré d'ennemis déclarés, il voyait, à chaque instant, s'ouvrir l'abîme qui allait engloutir toutes ses espérances, l'engloutir lui-même. Les balles bohêmes volaient dans son palais impérial, où seize barons autrichiens, qui avaient pénétré dans son appartement, l'assiégeaient de reproches et voulaient lui arracher son consentement à une confédération avec les Bohêmes. Un de ces barons le saisit par les boutons de son pourpoint, lui lança ce cri au visage: «Ferdinand, signeras-tu?»

      A qui n'eût-on pardonné de chanceler dans une position si terrible?... Ferdinand songeait aux moyens de devenir empereur d'Allemagne. Il semblait n'avoir plus d'autre ressource que de fuir promptement ou de céder. Autour de lui, des hommes de cœur lui conseillaient le premier parti; des prêtres catholiques, le second. S'il abandonnait la ville, elle tombait dans les mains de l'ennemi. Avec Vienne, l'Autriche était perdue; avec l'Autriche, le trône impérial. Ferdinand ne quitta point sa capitale et voulut tout aussi peu entendre parler de conditions.

      L'archiduc discutait encore avec les barons qu'on lui avait députés; tout à coup, le son des trompettes retentit sur la place du château. Les assistants passent de l'étonnement à la crainte, un bruit sinistre se répand dans le palais: les députés disparaissent l'un après l'autre. On entend beaucoup de nobles et de bourgeois s'enfuir en toute hâte dans le camp de Thurn. Ce changement soudain avait été produit par un régiment de cuirassiers de Dampierre, qui, à ce moment décisif, avait pénétré dans la ville pour défendre l'archiduc. Un corps de fantassins les suivit bientôt; beaucoup de bourgeois catholiques, animés à cette vue d'un nouveau courage, et les étudiants eux-mêmes, prennent les armes. Une nouvelle qui arriva en même temps de Bohême acheva de sauver Ferdinand: le général néerlandais Bucquoi avait battu complétement le comte de Mansfeld près de Budweiss, et il marchait sur Prague. Les Bohêmes se hâtèrent de plier leurs tentes pour aller délivrer leur capitale.

      Et maintenant l'ennemi laissait libres les passages qu'il avait occupés pour fermer à Ferdinand la route qui menait à Francfort, à l'élection impériale. S'il importait, en tout cas, au roi de Hongrie, pour l'ensemble de son plan, de monter sur le trône de l'Empire, c'était maintenant pour lui un intérêt d'autant plus grave, que son élection allait devenir le témoignage le moins suspect et le plus décisif pour la dignité de sa personne et la justice de sa cause, en même temps qu'elle lui permettrait d'espérer les secours de l'Allemagne. Mais la même cabale, qui le poursuivait dans ses États héréditaires, travailla également contre lui dans sa candidature à la couronne impériale. On ne voulait plus voir monter aucun prince autrichien sur le trône d'Allemagne, et moins que tout autre ce Ferdinand, le persécuteur décidé de la religion protestante, l'esclave de l'Espagne et des jésuites. Pour l'écarter, on avait offert, du vivant de Matthias, la couronne impériale au duc de Bavière, et, après son refus, au duc de Savoie. Comme il n'était pas fort aisé de s'accorder avec celui-ci sur les conditions, on s'efforça du moins de retarder l'élection, jusqu'au moment où un coup décisif, en Bohême ou en Autriche, aurait ruiné toutes les espérances de Ferdinand et l'aurait rendu incapable de cette dignité. Les membres de l'Union ne négligèrent rien pour prévenir contre lui l'électeur de Saxe, qui était enchaîné aux intérêts de l'Autriche, et lui représenter le péril dont les maximes de ce prince et ses liaisons avec l'Espagne menaçaient la religion protestante et la constitution de l'Empire. Ils ajoutaient que, par l'élévation de Ferdinand au trône impérial, l'Allemagne ferait siennes les affaires particulières СКАЧАТЬ