L'art russe. Eugene-Emmanuel Viollet-le-Duc
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Название: L'art russe

Автор: Eugene-Emmanuel Viollet-le-Duc

Издательство: Bookwire

Жанр: Документальная литература

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isbn: 4064066085650

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СКАЧАТЬ passablement avancé et des traditions d'art évidemment sorties de l'Asie centrale, qui méritent une étude sérieuse, car elles éclairent d'un jour nouveau cette page si obscure de l'art appelé byzantin. Tous ces objets ne paraissent pas appartenir à la même époque et, parmi eux, on en trouve qui sont de provenance grecque.

      Il existe près du village d'Alexandropol, dans le district d'Ekatérinoslav, un grand tumulus, connu sous le nom de «Lougavaïa-Moguila» (tombe de la prairie). C'est un des plus considérables de toute la Nouvelle Russie. Sa base, entourée d'une enceinte de pierres brutes, avait cent cinquante sagènes (320m,10) de pourtour et sa hauteur dix sagènes (21m,40).

      En 1851, des fouilles furent pratiquées dans ce tumulus et firent découvrir quantité d'objets curieux: deux figures de femmes ailées, tenant deux animaux à cornes. Ces deux objets de fer sont plaqués d'or sur la face et d'argent sur le revers. Quel est ce personnage (fig. 12) ou cette divinité[26]? Est-ce Aura ou même Artémis?—Nous trouvons (fig. 13) parmi les antiquités découvertes à Camyros (île de Rhodes), par M. A. Salzmann, un collier de plaques d'or[27] qui présente un sujet analogue et qui appartient à l'art phénicien.

Fig. 12.

      Fig. 12.

Fig. 13.

      Fig. 13.

      Dans le même tumulus, en 1853, on découvrit quatre plaques de bronze, munies de douilles avec bielles et représentant chacune un griffon dans un cadre (fig. 14). Deux clochettes sont attachées aux angles inférieurs du carré orné à la base d'oves renversées[28]. Beaucoup d'autres objets d'or et d'argent furent trouvés dans ce tumulus et dans quelques autres situés à l'entour de la Lougavaïa-Moguila.

Fig. 14.

      Fig. 14.

Fig. Fig.

      Les populations scythes, qui occupaient alors les contrées situées sur les bords du Dnjeper inférieur, savaient donc façonner les métaux, plaquer l'or et l'argent sur le fer—car beaucoup d'objets de fer sont revêtus de ces métaux précieux—et possédaient des éléments d'art qui ont une affinité incontestable avec les arts asiatiques.

      Les fouilles continuées en contre-bas du niveau du sol extérieur, au centre de la Lougavaïa-Moguila, firent découvrir la tombe d'un cheval et des plaques d'or qui décoraient le harnais de la bête. Ces plaques d'or représentent un hippocampe, un lion, un oiseau et un taureau entourés d'arabesques, une rosace; le tout est façonné au repoussé et dépendait de la têtière et du mors en fer. D'autres excavations mirent au jour des tombes humaines ainsi qu'un grand nombre de fragments d'or dépendant de vêtements et d'ustensiles.

      Nous présentons (pl. II) deux de ces plaques d'or repoussé qui représentent une tête humaine A, couronnée de feuillages, d'un travail grec, et B, un lion appartenant à un art tout différent et absolument asiatique.

      Et cependant ces deux objets ont été trouvés sur le même point du tumulus, dans la même tombe. Parmi tous ces objets d'or, reproduits dans l'atlas des Antiquités de la Scythie, et qui sont en nombre considérable, ces deux influences grecque et asiatique sont très-appréciables.

      Lors de nouvelles fouilles entreprises en 1856, on trouva encore, dans une des tombes que recouvrait le tumulus de la Lougavaïa-Moguila, un squelette de cheval avec les restes d'un magnifique harnais de bronze et d'or. Les plaques de bronze fondu appartiennent à un travail grec d'une belle époque, et le collier de poitrail, qui ne pèse pas moins d'une demi-livre d'or, et se compose d'une bande ajourée représentant des griffons terrassant des sangliers et des cerfs, avec ses deux plaques de pendants, est d'un travail absolument étranger à l'art grec. La planche III présente la plaque de bronze qui ornait la têtière du cheval et qui montre Athéné en buste, et la figure 15, ci-dessous, l'une des plaques pendantes du collier d'or de poitrail. Il n'est pas besoin d'insister. Évidemment, ces deux objets, appartenant, à un même harnais et, par conséquent, de la même époque, qui datent (si l'on s'en rapporte au style de la plaque) du IIIe siècle avant l'ère chrétienne, sont dus à des fabrications et à des écoles d'art absolument étrangères l'une à l'autre. Si les objets de bronze ont été fournis par la Grèce, les objets d'or proviennent d'un art local et cet art local est tout asiatique.

Fig. 15.

      Fig. 15.

Fig. 7.

      Ce dragon qui dévore une panthère est une composition asiatique et l'exécution de l'ornementation, les formes sèches et enchevêtrées, le style décoratif enfin, nous reportent au centre de l'Asie.

      Les Grecs ont dédaigné cet art tant qu'ils ont maintenu les traditions de leur belle époque, mais à la fin de l'empire romain il n'en est plus de même; redevenus plus asiatiques qu'occidentaux, ils s'emparent de ces éléments, se les assimilent, les mélangent avec les arts de la Perse et constituent cette ornementation byzantine qui eut une si grande influence pendant le XIe et le XIIe siècle dans tout l'Occident.

      Des objets découverts sous d'autres tumuli de la même contrée présentent encore un caractère différent.

      Dans l'un des tumuli appelés «Grosses tombes», sur la route d'Ekatérinoslav à Nicopol, en 1860, M. Zabeline trouva quantité d'objets, provenant de harnais de chars, en argent, et entre autres deux flancs de têtière de cheval (fig. 16), représentant un entrelacs de deux serpents à têtes de cheval et affectant un caractère particulier se rapprochant singulièrement des influences mongoles[29].

Fig. 16.

      Fig. 16.

      Cette partie méridionale de la Scythie ou Scythie grecque semble donc avoir été occupée par trois races différentes, ou du moins avoir été soumise à des influences d'art provenant de trois sources différentes: source iranienne ou arienne à laquelle il faut attribuer les objets (fig. 12, 14, pl. II B et fig. 15); source grecque, à laquelle appartiennent incontestablement les objets (pl. II A et pl. III); source mongole, qu'indiquent l'objet (fig. 16) et plusieurs autres de même provenance.

      Ceci ne s'accorderait pas parfaitement avec la version d'Hérodote, qui prétend que les Scythes repoussaient toute influence étrangère, mais se trouve confirmé par la découverte dans ces diverses nécropoles de crânes humains qui, évidemment, appartiennent les uns aux races iranienne ou cimmérienne, et d'autres à la race mongole. D'ailleurs, la loi scythe qui punissait de mort tout individu ayant adopté des usages étrangers ou ayant frayé avec des étrangers, n'est-elle pas précisément une marque de ces habitudes? car on n'établit jamais une loi que quand on reconnaît la nécessité de l'édicter par la fréquence et le danger d'un délit.

      Si, sur le territoire méridional actuel de la Russie, on signale ces divers éléments d'art assez étrangers les СКАЧАТЬ