André le Savoyard. Paul de Kock
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Название: André le Savoyard

Автор: Paul de Kock

Издательство: Bookwire

Жанр: Языкознание

Серия:

isbn: 4064066081003

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СКАЧАТЬ mon père s’était blessé assez grièvement au genou, et il n’était pas encore bien guéri.

      Mon père faisait semblant de s’appuyer sur moi, parce qu’il voyait que j’étais fier d’être déjà son soutien; mais sa main se reposait légèrement sur mon épaule. Nous fûmes bientôt assis autour de la table. La neige tombait avec une nouvelle violence; le vent soufflait avec force, il ébranlait souvent la porte de notre chétive demeure, et son bruit lugubre et monotone intimidait Pierre, qui se serrait contre moi toutes les fois que notre porte remuait avec plus de fracas.

      Mais la flamme brillante qui sortait du foyer égayait notre chaumière, qu’une seule lampe éclairait; et l’odeur de la soupe faisait rire le petit Jacques, qui chantait toujours lorsqu’il était à table.

      —Quel temps affreux! dit la bonne Marie en nous servant à souper. Je suis sûre que l’on ne peut plus marcher sans enfoncer de deux pieds dans la neige...—Je plains ceux qui sont en route dans nos montagnes, dit mon père.—Nous sommes heureux d’avoir un abri, un bon feu, et de quoi souper... Va, Georget, il y a bien des gens qui voudraient maintenant être dans notre chaumière.

      Comme ma mère achevait ces mots, nous entendîmes des cris éloignés, puis le claquement d’un fouet et les jurements d’un postillon.

      Nous prêtâmes tous l’oreille, excepté Jacques, qui s’emplissait la bouche d’une grande cuillerée de soupe.—Qu’est-ce que cela! dit Pierre en tremblant.

      J’écoutais toujours ainsi que mes parents: les voix devinrent plus distinctes. On appelait au secours; on réclamait l’assistance de quelque habitant du village, mais le village le plus voisin était éloigné de la route, que notre chaumière seule touchait.

      —Plus de doute, dit mon père en se levant de table, ce sont des voyageurs en peine; il faut aller à leur aide.

      Rassemblant ses forces, il prend à la hâte son chapeau, son bâton, et sort de notre chaumière sans écouter les prières de sa femme, qui le supplie de ne point s’exposer et se fatiguer de nouveau. Mais mon père est déjà loin; il se dirige du côté d’où partaient les cris. Je m’étais levé, et j’aurais voulu le suivre; ma mère me retient en me disant:—Eh bien! André, veux-tu donc aller aussi t’exposer dans ces mauvais chemins!... Tu es trop jeune, mon ami; reste avec nous, et prions le ciel pour qu’il n’arrive rien à ton père.

      Je me mets à genoux à côté de ma mère; Pierre en fait autant, ayant déjà les yeux pleins de larmes; Jacques reste seul à table continuant à manger.

       LES VOYAGEURS.—LA PETITE DORMEUSE.

       Table des matières

      Au bout d’un quart d’heure qui nous sembla très-long, nous entendîmes la voix de mon père qui nous criait d’ouvrir.

      Sur-le-champ je cours à la porte; ma mère s’avance avec la lumière, qui ne nous laisse apercevoir que des masses blanches formées par la neige. Mon père paraît enfin, mais il n’est pas seul: un monsieur, dont on ne peut distinguer les traits, parce qu’il est enveloppé dans un manteau qu’il tient sur ses yeux, s’appuie sur le bras de mon père en murmurant à chaque pas d’une voix aigre et criarde:

      —Où me menez-vous donc?... où suis-je?... J’enfonce toujours!... j’en ai jusqu’aux hanches!... quel affreux pays!... prenez garde, bonhomme... nous allons tomber dans quelque trou!...

      A tout cela mon père se contentait de répondre:—Ne craignez rien, monsieur, je connais les chemins; je répond de vous maintenant... ce n’est que de la neige!... mais il n’y a plus de danger par ici.

      —Ce n’est que de la neige!... peste!... c’est bien assez, j’espère!... mes jambes sont gelées! mes mollets se resserrent tellement que je ne les sens plus!... Ah! l’horrible pays!... Champagne, prends garde à l’enfant, et suis-nous de près.

      M. Champagne était probablement l’autre monsieur qui suivait mon père, enveloppé également dans un large manteau, mais sous lequel il paraissait tenir quelque chose avec beaucoup de soin.

      —Nous voici arrivés, monsieur, dit mon père au moment où ils étaient devant la porte.—C’est bien heureux! dit le voyageur. Pendant qu’il se débarrasse de son manteau, nous courons nous jeter dans les bras de celui dont l’absence nous a tant inquiétés, sans faire attention aux personnes qui l’accompagnent. Peut-il y avoir, pour de simples Savoyards, quelqu’un qui mérite plus de soin qu’un père?

      Le nôtre est le premier à nous faire songer aux étrangers.—Allons, mes enfants, nous dit-il, mettez du bois au feu; toi, Marie, vois ce que tu pourras offrir de mieux à ces messieurs... et cet enfant... tenez, vous pouvez le mettre sur notre lit... il y sera bien...

      L’homme que l’on appelait Champagne, et qui portait un chapeau orné d’un large galon, ouvrit alors son manteau, et nous aperçûmes dans ses bras un enfant endormi. C’était une petite fille; elle paraissait avoir quatre ans tout au plus. Mais combien elle était jolie!... Jamais rien de si charmant n’avait frappé notre vue... Nous fîmes tous un cri d’admiration en l’apercevant; et nous entourâmes le monsieur dont l’habit était galonné comme le chapeau afin de voir la petite de plus près.

      Une pelisse garnie de fourrure enveloppait son petit corps; un bonnet de velours noir, également fourré, couvrait sa tête charmante, et s’attachait sous son cou avec de beaux glands d’or. Des boucles de cheveux blond-cendré s’échappaient de dessous le bonnet et ombrageaient le front de la jolie fille. Sa petite bouche était entr’ouverte; une légère teinte rosée colorait ses joues; ses yeux étaient bordés de longs cils noirs comme le velours qui couvrait sa tête; elle dormait aussi paisiblement que si elle eût été bercée sur les genoux de sa mère.

      La beauté, l’élégance de ses habits, son sommeil paisible après les dangers qu’elle venait de courir, tout se réunissait pour augmenter notre étonnement; chacun de nous s’était approché de M. Champagne; le petit Jacques lui-même avait quitté le souper, et, sa cuiller à la main, s’était glissé sous le manteau qui enveloppait l’enfant endormi.

      —Oh! mon Dieu, la jolie petite fille! dit ma mère, c’est un ange!...—C’est-i une petite sœur? dit Jacques tandis que Pierre touchait légèrement avec sa main le large galon d’or qui bordait l’habit du monsieur. Pour moi, je ne pouvais rien dire, j’étais tellement frappé d’admiration, qu’il m’était impossible de détourner mes yeux de dessus la petite.

      Mais, pendant que nous considérions l’enfant, l’autre monsieur s’était débarrassé de son manteau et approché de la cheminée. Impatienté sans doute par nos exclamations, il y mit un terme en s’écriant d’un ton impérieux:

      —Allons donc, Champagne, allez-vous tenir cette enfant une heure comme cela!... posez-la sur un lit... si toutefois il y a un lit ici... Ensuite vous irez retrouver le postillon:

      M. Champagne s’empresse d’exécuter les ordres de son maître: il suit ma mère qui le conduit vers son lit, placé dans le fond de la chambre. L’endroit où nous couchions mes frères et moi était situé à l’autre bout de la salle, et caché par un grand rideau de toile grise fixé sur une longue tringle de fer. L’enfoncement dans lequel était placée notre couchette formait un espace de quatre pieds carrés lorsque СКАЧАТЬ