Ida et Carmelita. Hector Malot
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Название: Ida et Carmelita

Автор: Hector Malot

Издательство: Bookwire

Жанр: Языкознание

Серия:

isbn: 4064066088958

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СКАЧАТЬ ce n'est pas ainsi que les choses doivent se passer. Le grand grief de mon oncle, ça été que je venais me jeter à travers vos projets d'une façon importune et gênante. Si demain matin je lui dis que je pars avec vous pour cette promenade, il comprendra que son discours n'a pas été très efficace, et il le recommencera en l'accentuant. Le moyen d'échapper à ce nouveau discours, c'est que vous demandiez vous-même à mon oncle de me faire faire cette promenade; comme cela, il ne pourra plus parler de mon importunité. Le voulez-vous?

      Il fut convenu que, la lendemain matin, le colonel adresserait sa demande au prince.

      Carmelita, ordinairement impassible comme si elle était insensible à tout, se montra radieuse.

      —Maintenant, dit-elle, je ne veux pas abuser plus longtemps de votre hospitalité. Bonsoir, voisin; à demain.

      Et, après lui avoir tendu la main, elle rentra dans sa chambre.

      Mais presque aussitôt rouvrant la porte:

      —Comment! dit-elle, vous n'avez pas tourné la clef?

      —Mais....

      —Mais il le faut, de même qu'il faut que je pousse le verrou pour mon oncle.

      Le lendemain matin, il adressa au prince Mazzazoli sa demande ou plutôt la demande de Carmelita.

      —C'est cette grande enfant, s'écria le prince, qui j'en suis certain, vous a tourmenté pour vous accompagner dans vos excursions?

      —Elle a manifesté le désir de parcourir la montagne, et je suis heureux de me mettre â sa disposition.

      —Vous êtes heureux d'aller où bon vous semble, librement voilà qui est certain, et c'est bien assez que nous soyons venus vous chasser de votre appartement, sans encore vous prendre votre liberté. Excusez-la, je vous prie; elle n'a pas pris garde à ce qu'elle vous demandait.

      —Refusez-vous de me la confier?

      —Je refuse de vous ennuyer.

      L'entretien ainsi engagé ne pouvait finir que par la défaite du prince.

      Un quart d'heure après, Carmelita était prête à partir: elle avait revêtu un costume bizarre: une robe courte, serrée à la taille par un ceinturon de cuir et modulant sa taille et ses épaules; aux pieds, des souliers pris dans les guêtres; sur la tête un petit chapeau de feutre, sans plumes, mais avec un voile gris flottant au vent; à la main, une longue canne.

      —M'acceptez-vous ainsi? dit-elle en posant sur lui ses grands yeux clairs. Je vous promets de vous suivre sans demander grâce, et de passer partout où vous passerez; le pied est solide et je ne sais pas ce que que c'est que le vertige.

      Ils partirent sans qu'il pensât à se demander comment, en un quart d'heure, elle avait pu improviser ce charmant costume de montagne, qui était un vrai chef-d'oeuvre longuement médité par l'illustre Faugeroles, et sans qu'il se dit qu'il était assez étrange, alors qu'elle ne devait pas faire d'excursion, qu'elle eût dans ses bagages des objets aussi peu appropriés à une toilette ordinaire que des guêtres et une canne.

      —Et où vous plaît-il que nous allions? demanda-t-il après avoir marché pendant quelques minutes près d'elle.

      —Mais où vous voudrez, dans la montagne, droit devant nous. Quand vous viendrez, dans l'Apennin, si jamais vous nous faites le plaisir de nous visiter à Belmonte, je vous guiderai; ici guidez-moi vous-même, car je ne connais rien. Tout ce que je désire, c'est aller le plus loin possible, le plus haut que nous pourrons monter.

      Ils quittèrent bientôt le chemin pour prendre un sentier qui courait sur le flanc de la montagne en côtoyant le ravin et en coupant à travers des pâturages et des bois de sapins.

      Personne dans ce sentier, personne dans les bois; sur les pentes des pâturages, quelques vaches qui paissaient l'herbe verte ou qui venaient boire à des auges creusées dans le tronc d'un pin et qui, en marchant lentement, faisaient sonner leurs clochettes.

      Ils avançaient, côte à côte, et quand le sentier devenait trop étroit pour deux, il prenait la tête, se retournant alors de temps en temps pour voir si elle le suivait.

      Elle marchait dans ses pas, sur ses talons, et quand un filet d'eau rendait les pierres du sentier glissantes, il n'avait qu'à étendre le bras pour lui prendre la main et l'aider à sauter de caillou en caillou, ce qu'elle faisait d'ailleurs légèrement, sûrement, sans hésitation, en riant lorsqu'elle éclaboussait l'eau du bout de son bâton.

      La journée était radieuse, et le soleil, qui s'était déjà élevé dans un beau ciel sans nuage, avait dissipé les vapeurs du matin, qui ne persistaient plus que dans quelques vallons abrités, où elles rampaient le long des rochers et des arbres comme des fumées légères.

      Devant eux, la montagne se dressait comme une barrière de rochers pour former l'amphithéâtre de Jaman et des monts de Vevey; derrière eux, le lac brillait comme un immense miroir.

      En marchant, ils devisaient du spectacle qu'ils avaient sous les yeux, et Carmelita comparait ces montagnes à celles au milieu desquelles s'était écoulée son enfance.

      De là un inépuisable sujet de conversation.

      Ils montèrent ainsi pendant près de deux heures sans qu'elle se plaignît de la fatigue ou demandât à se reposer.

      Mais la matinée s'avançait et l'heure du déjeuner approchait.

      Il avait emporté dans son sac du pain et de la viande froide, et il comptait sur une source qu'il connaissait pour leur donner de l'eau.

      Bientôt ils arrivèrent à cette source, et pour la première fois ils s'assirent sur l'herbe.

      —L'endroit vous déplaît-il?

      —Bien au contraire, et choisi à souhait non seulement pour déjeuner, mais encore pour causer librement en toute sûreté. Et précisément j'ai à vous parler. C'est même dans ce but, si vous voulez bien me permettre cet aveu, que je vous ai proposé cette promenade.

      Alors elle se mit à sourire.

      —Je vous étonne, dit-elle.

      —Je l'avoue.

      —Vous avez donc cru que je voulais tout simplement faire une excursion dans ces montagnes?

      —J'ai cru ce que vous me disiez.

      —Ce que je vous disais était la vérité, mais ce n'était pas toute la vérité: oui, j'avais grande envie de faire cette excursion pour le plaisir qu'elle pouvait me donner; mais aussi j'avais grand désir de me ménager un tête-à-tête avec vous, dans lequel je pourrai vous adresser une demande pour moi très importante.

      —Je vous écoute.

      —Ah? maintenant rien ne presse, car je ne crains pas que notre tête-à-tête soit troublé; déjeunons donc d'abord, ensuite je vous ferai mes confidences. N'écouterez-vous pas mieux? Pour moi, je parlerai plus facilement quand j'aurai apaisé mon appétit, car je meurs de faim.

      Ouvrant son sac, СКАЧАТЬ