Ainsi Parlait Zarathoustra. Фридрих Вильгельм Ницше
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Название: Ainsi Parlait Zarathoustra

Автор: Фридрих Вильгельм Ницше

Издательство: Public Domain

Жанр: Философия

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СКАЧАТЬ la porte de la ville il rencontra les fossoyeurs: ils éclairèrent sa figure de leur flambeau, reconnurent Zarathoustra et se moquèrent beaucoup de lui. "Zarathoustra emporte le chien mort: bravo, Zarathoustra s'est fait fossoyeur! Car nous avons les mains trop propres pour ce gibier. Zarathoustra veut-il donc voler sa pâture au diable? Allons! Bon appétit! Pourvu que le diable ne soit pas plus habile voleur que Zarathoustra! – il les volera tous deux, il les mangera tous deux!" Et ils riaient entre eux en rapprochant leurs têtes.

      Zarathoustra ne répondit pas un mot et passa son chemin. Lorsqu'il eut marché pendant deux heures, le long des bois et des marécages, il avait tellement entendu hurler des loups affamés que la faim s'était emparée de lui. Aussi s'arrêta-t-il à une maison isolée, où brûlait une lumière.

      "La faim s'empare de moi comme un brigand, dit Zarathoustra? Au milieu des bois et des marécages la faim s'empare de moi, dans la nuit profonde.

      Ma faim a de singuliers caprices. Souvent elle ne me vient qu'après le repas, et aujourd'hui elle n'est pas venue de toute la journée: où donc s'est elle attardée?"

      En parlant ainsi, Zarathoustra frappa à la porte de la maison. Un vieil homme parut aussitôt: il portait une lumière et demanda: "Qui vient vers moi et vers mon mauvais sommeil?"

      "Un vivant et un mort, dit Zarathoustra. Donnez-moi à manger et à boire, j'ai oublié de le faire pendant le jour. Qui donne à manger aux affamés réconforte sa propre âme: ainsi parle la sagesse."

      Le vieux se retire, mais il revint aussitôt, et offrit à Zarathoustra du pain et du vin: "C'est une méchante contrée pour ceux qui ont faim, dit-il; c'est pourquoi j'habite ici. Hommes et bêtes viennent à moi, le solitaire. Mais invite aussi ton compagnon à manger et à boire, il est plus fatigué que toi." Zarathoustra répondit: "Mon compagnon est mort, je l'y déciderais difficilement."

      "Cela m'est égal, dit le vieux en grognant; qui frappe à ma porte doit prendre ce que je lui offre. Mangez et portez-vous bien!"

      Ensuite Zarathoustra marcha de nouveau pendant deux heures, se fiant à la route et à la clarté des étoiles: car il avait l'habitude des marches nocturnes et aimait à regarder en face tout ce qui dort. Quand le matin commença à poindre, Zarathoustra se trouvait dans une forêt profonde et aucun chemin ne se dessinait plus devant lui. Alors il plaça le corps dans un arbre creux, à la hauteur de sa tête – car il voulait le protéger contre les loups – et il se coucha lui-même à terre sur la mousse. Et aussitôt il s'endormi, fatigué de corps, mais l'âme tranquille.

9

      Zarathoustra dormit longtemps et non seulement l'aurore passa sur son visage, mais encore le matin. Enfin ses yeux s'ouvrirent et avec étonnement Zarathoustra jeta un regard sur la forêt et dans le silence, avec étonnement il regarda en lui-même. Puis il se leva à la hâte, comme un matelot qui tout à coup voit la terre, et il poussa un cri d'allégresse: car il avait découvert une vérité nouvelle. Et il parla à son coeur et il lui dit:

      Mes yeux se sont ouverts: J'ai besoin de compagnons, de compagnons vivants, – non point de compagnons morts et de cadavres que je porte avec moi où je veux.

      Mais j'ai besoin de compagnons vivants qui me suivent, parce qu'ils veulent se suivre eux-mêmes – partout où je vais.

      Mes yeux se sont ouverts: Ce n'est pas à la foule que doit parler Zarathoustra, mais à des compagnons! Zarathoustra ne doit pas être le berger et le chien d'un troupeau!

      C'est pour enlever beaucoup de brebis du troupeau que je suis venu. Le peuple et le troupeau s'irriteront contre moi: Zarathoustra veut être traité de brigand par les bergers.

      Je dis bergers, mais ils s'appellent les bons et les justes. Je dis bergers, mais ils s'appellent les fidèles de la vraie croyance.

      Voyez les bons et les justes! Qui haïssent-ils le plus? Celui qui brise leurs tables des valeurs, le destructeur, le criminel: – mais c'est celui-là le créateur.

      Voyez les fidèles de toutes les croyances! Qui haïssent-ils le plus? Celui qui brise leurs tables des valeurs, le destructeur, le criminel: – mais c'est celui-là le créateur.

      Des compagnons, voilà ce que cherche le créateur et non des cadavres, des troupeaux ou des croyants. Des créateurs comme lui, voilà ce que cherche le créateur, de ceux qui inscrivent des valeurs nouvelles sur des tables nouvelles.

      Des compagnons, voilà ce que cherche le créateur, des moissonneurs qui moissonnent avec lui: car chez lui tout est mûr pour la moisson. Mais il lui manque les cent faucilles: aussi, plein de colère, arrache-t-il les épis.

      Des compagnons, voilà ce que cherche le créateur, de ceux qui savent aiguiser leurs faucilles. On les appellera destructeurs et contempteurs du bien et du mal. Mais ce seront eux qui moissonneront et qui seront en fête.

      Des créateurs comme lui, voilà ce que cherche Zarathoustra, de ceux qui moissonnent et chôment avec lui: qu'a-t-il à faire de troupeaux, de bergers et de cadavres!

      Et toi, mon premier compagnon, repose en paix! Je t'ai bien enseveli dans ton arbre creux, je t'ai bien abrité contre les loups.

      Mais je me sépare de toi, te temps est passé. Entre deux aurores une nouvelle vérité s'est levée en moi.

      Je ne dois être ni berger, ni fossoyeur. Jamais plus je ne parlerai au peuple; pour la dernière fois j'ai parlé à un mort.

      Je veux me joindre aux créateurs, à ceux qui moissonnent et chôment: je leur montrerai l'arc-en-ciel et tous les échelons qui mènent au Surhumain. Je chanterai mon chant aux solitaires et à ceux qui sont deux dans la solitude; et quiconque a des oreilles pour les choses inouïes, je lui alourdirai le coeur de ma félicité.

      Je marche vers mon but, je suis ma route; je sauterai par-dessus les hésitants et les retardataires. Ainsi ma marche sera le déclin!

10

      Zarathoustra avait dit cela à son coeur, alors que le soleil était à son midi: puis il interrogea le ciel du regard – car il entendait au-dessus de lui le cri perçant d'un oiseau. Et voici! Un aigle planait dans les airs en larges cercles, et un serpent était suspendu à lui, non pareil à une proie, mais comme un ami: car il se sentait enroulé autour de son cou.

      "Ce sont mes animaux! dit Zarathoustra, et il se réjouit de tout coeur.

      L'animal le plus fier qu'il y ait sous le soleil et l'animal le plus rusé qu'il y ait sous le soleil – ils sont allés en reconnaissance.

      Ils ont voulu savoir si Zarathoustra vivait encore. En vérité, suis je encore en vie?

      J'ai rencontré plus de dangers parmi les hommes que parmi les animaux. Zarathoustra suit des voies dangereuses. Que mes animaux me conduisent!"

      Lorsque Zarathoustra eut ainsi parlé, il se souvint des paroles du saint dans la forêt, il soupira et dit à son coeur:

      Il faut que je sois plus sage! Que je sois rusé du fond du coeur, comme mon serpent.

      Mais je demande l'impossible: je prie donc ma fierté d'accompagner toujours ma sagesse.

      Et si ma sagesse m'abandonne un jour: – hélas, elle aime à s'envoler! – puisse du moins ma fierté voler avec ma folie!

      Ainsi commença le déclin de Zarathoustra.

      LES DISCOURS DE ZARATHOUSTRA

      LES СКАЧАТЬ