Entre ombres et obscurités. Willem Ngouane
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СКАЧАТЬ pour aider à la réussite de cette entrevue. Je ne pouvais que le remercier de cela, en plus de son aide déterminante dans l’établissement du premier contact avec les porteurs de la revendication.

      C“était un bosseur, un homme rempli d’enthousiasme, permanemment focalisé au travail et à rien d’autre! C’est l’autre raison qui me poussa à encourager la possibilité d’une aventure entre lui et Caroline, elle constituerait une meilleure distraction à mes yeux pour le formidable travailleur qu’il était. Cela éloignerait les chances de le voir tomber sous les griffes d’une de ces croqueuses d’hommes il faut protéger les bonnes âmes.

      C’est ainsi que je revins sur ce sujet quelques instants plus tard :

      – Alors Christian, dis-moi, elle te plait la petite… Avoue qu’elle te plait.

      Après avoir fait mine de ne pas savoir de qui je parlais, il esquissa un léger sourire puis se rétracta dans sa timidité défensive, essayant ainsi de cacher son béguin. Mais j’insistai de plus belle, appuyant ma question avec plus de tact pour mieux le mettre en confiance et établir un climat dans lequel il se sentirait plus à l’aise à laisser parler son cœur.

      – C’est vrai qu’elle est jolie, et très sympathique…

      – Mais… ajoutai-je en discernant le scepticisme qu’il affichait sur son visage plissé, il se sentit une fois de plus cerné dans son esprit et ne comprenait pas comment je pouvais aussi facilement anticiper ses réactions, s’il pouvait s’imaginer que j’étais loin d’être devin mais plutôt qu’il était facile à lire comme personnalité…

      Il resta un moment calme, gêné par mon insistance avant d’ajouter :

      – Ah je ne sais pas… Serait-elle intéressée par le gars que je suis? Elle est vraiment très jolie, les filles comme elle ne sortent qu’avec des ministres!

      – Pourquoi dis-tu cela, tente ta chance mon gars, elle a l’air de beaucoup t’apprécier.

      Son manque d’assurance ne me surprenait pas, à trop être droit on ne peut pas développer des qualités de cavaleurs. Christian me renvoyait l’image d’un gars toujours sérieux, n’ayant certainement jamais connu les joies de la nuit, et n’ayant assurément qu’à de très rares occasions vécu des amourettes, sa naïveté était semblable à celle d’un préadolescent. Dans tous les cas, j’avais réussi à au moins lui mettre l’idée dans la tête en espérant qu’il saurait prendre les choses en main et déclarer sa flamme à la très jolie Caroline.

      Constatant qu’il se perdait maintenant dans l’ambigüité que constituait sa situation, mais aussi qu’une fois de plus il venait de trahir une autre de ses pensées et pas des moindres, il usa de cette tactique défensive qui consiste à rapidement sortir d’un sujet gênant sans conclusion aucune et à bondir comme un loup sur la première ouverture qui se présenterait.

      – As-tu aussi lu l’article sur le ministre dans le Herald? De vrais crevards ces gens, toujours là à critiquer même quand il ne faut pas, avait-il lâché.

      Ne voulant pas non plus l’enfoncer encore plus dans l’embarras dans lequel il était bien trempé et tentait désespérément de se défaire, je ne pus qu’adhérer à cette demande tacite et m’engager dans ce nouveau sujet de conversation à mon plus grand regret fort loin d’être aussi intéressant que le précédent.

      – Je ne l’ai pas lu, mais tout le monde en parle… Pourquoi autant de bruit pour un comportement habituel? Ce serait surprenant de les voir agir autrement quand même, lui répondis-je d’un air désolé accompagné du mouvement de bras analogue.

      – N’empêche que ce sont des rats ces gens-là, ils travestissent les faits, c’est vrai qu’on n’est pas dans le monde des bisounours mais il faut jouer juste.

      Malgré mon manque d’intérêt sur ce sujet je partageais totalement son avis, d’ailleurs il ne pouvait pas être plus aligné au fond de ma pensée. Mais alors, contrairement à lui et à de nombreuses autres personnes, je ne laissais plus ces journaux m’entrainer dans un bouleversement sentimental capable de provoquer mon indignation la plus virulente. Cela faisait un bon moment que j’avais compris leur mesquinerie, c’était tout un malicieux business bien organisé. Je pouvais affirmer sans besoin de preuve qu’ils avaient trouvé leur poule aux œufs d’or en la personne de monsieur Agbwala, parler de lui à longueur de pages intéressait beaucoup les gens, faire des articles sur lui était une assurance d’écouler les tirages de manière efficace. Bien sûr monsieur le ministre ne leur facilitait pas la tâche tant il faisait les efforts de rester propre et évitait les scandales au maximum, mais ces gens ne s’en contentaient pas et avaient trouvé en la désinformation infamante un nouveau moyen de produire des scoops, de créer du buzz. Si ça aurait été moi la victime de ces agissements nuisibles, ma réponse face de tels mensonges aurait été très rude, je leur aurais tout simplement intenté un procès. Mais comme monsieur Agbwala tenait à rester un ange, ce que je concevais toutefois, il voyait du mauvais œil un procès en diffamation. Il chérissait beaucoup sa popularité et trouvait qu’en pleine affaire en cours dans son ministère en plus de la contestation des grévistes, il ne serait pas intéressant d’aller devant les tribunaux pour une histoire que certains confondront malicieusement à une atteinte à liberté d’expression de la part d’une ponte du régime. Mal parler de monsieur Agbwala, lui trouver des défauts et des erreurs n’était pourtant pas une choquante originalité dans la sphère des ministres et des politiciens. Ce qui pouvait être un sésame pour ces agitateurs de l’opinion était le fait qu’ils s’attaquaient -avec de plus en plus de succès- à un homme qui constituait avec quelques rares personnes le petit groupe de personnalités publiques pouvant se prévaloir d’une certaine intégrité morale. C’est tout cet habituel et injuste acharnement qui avait conduit mon esprit à l’incrédulité devant les faits de détournements divulgués par cette même presse, leurs habituelles diffamations rendaient plausible à mes yeux l’idée selon laquelle toute cette histoire n’était encore qu’un autre de leurs ignobles plans commerciaux.

      Malgré l’exception que constituait monsieur Agbwala, il faut tout de même reconnaitre qu’il ne pouvait à lui seul obstruer la méfiance que suscitait l’Homme politique dans mon pays. Les citoyens en voulaient énormément aux politiciens, à la classe politique en général, qu’elle soit de l’opposition ou du pouvoir en place. Il leur était à juste titre reproché les deux grandes guerres qui entachèrent durement l’histoire de notre chère patrie, tout cela à cause de leur piteuse gestion des affaires après les indépendances, caractérisée par l’expression de leurs égoïsmes pervers et hautement affligeants. En effet les deux guerres avaient éclaté après deux coups d’Etat militaires avec comme piteuse excuse de la part de leurs auteurs le fait de vouloir faire régner l’ordre que les civils avaient mis à mal suite aux nombreuses affaires de corruption et détournements, causes d’un marasme économique des plus asphyxiants. Ces putschistes y demeuraient longtemps et empiraient les choses en ajoutant en plus des souffrances économiques et sociales, un climat dictatorial, liberticide, autocratique, avant de finalement se faire dégager par des rébellions successives toutes aussi tyranniques que leurs prédécesseurs. Notre République restait donc tristement prisonnière d’un cercle vicieux dont seule la providence a pu nous délivrer il y a tout juste huit années, tout heureux étions-nous de voir se dérouler devant nos esprits incrédules une première élection transparente! Malgré ce vent apaisant de liberté apporté par la démocratie, il n’en restait pas moins de gabegie des biens publics, notre pays était hautement corrompu, ce fléau gangrenait toutes les sphères de la république. Cette omniprésente corruption nous poussa dans les hauteurs du classement des pays les plus corrompus au monde, une triste publicité pour une si jeune nation. Si on ajoute à cela: le taux de chômage très élevé, la pauvreté commune СКАЧАТЬ