Название: Recherches nouvelles sur l'histoire ancienne, tome I
Автор: Constantin-François Volney
Издательство: Public Domain
Жанр: Философия
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Que si nous évaluons ces 14 générations par les 480 du rédacteur des Rois, nous aurons 34 ans pour chaque génération, et quoique moins exagéré, ce terme est encore improbable, surtout lorsque deux autres termes de comparaison, certains et appropriés au sujet, nous fournissent une évaluation plus naturelle.
Josèphe nous dit que depuis la fondation du temple jusqu'à sa ruine par Nabukodonosor, 18 autres pontifes se succédèrent de père en fils dans un espace de 466 ½; dans nos calculs cette durée ne fut que de 431 ans: mais admettons les 466.
Cette somme divisée par 18, donne près de 26 ans par génération.
Depuis le retour de la captivité sous Kyrus, en l'an 537, jusqu'au règne d'Antiochus Eupator, il y eut encore, dit Josèphe, 15 grands-prêtres successifs de père en fils en 412. Ces 412 divisés par 15, font un peu plus de 27 ans par génération. Voilà deux séries de 31 et 18 générations qui nous donnent pour résultat le même terme de 26 à 27 ans par génération, la liste des rois nous donne également 25: nous avons donc le droit d'appliquer de préférence cette mesure aux 13 ou 14 grands-prêtres qui depuis la sortie d'Égypte jusqu'à la fondation du temple, se succédèrent dans des circonstances de climat, de régime et d'hérédité parfaitement analogues. Or, 14 générations multipliées par 27 ans, donnent 378 ans. Supposons le nombre rond 380, le rédacteur des Rois qui compte 480 se trouve toujours inculpé de quelque exagération; d'ailleurs ce nombre rond 480 suscite quelque doute sur la précision de cet auteur, et donne lieu à une conjecture: nous avons dit que le Livre des Rois n'a pu être rédigé que depuis la captivité de Babylone; nous ajoutons que l'opinion assez générale qui l'attribue à Ezdras, nous semble raisonnable: ce travail a donc été fait entre les années 460 et 470 avant notre ère. A cette époque un système dominant chez les Égyptiens, chez les Grecs, et probablement dans l'Asie voisine, évaluait 3 générations à 100 ans. Nous en verrons la preuve dans un passage d'Hérodote, qui écrivit vers l'an 460 avant notre ère. L'auteur juif des Rois n'a pu manquer de connaître cette évaluation. Or si nous l'appliquons à ces 480 années, les 14 générations citées par Josèphe, rendent 466 ans, qui ne diffèrent que de 14 ans: il semblerait donc que le rédacteur des Rois aurait connu et employé ces 14 générations de grands-prêtres, et qu'il n'aurait ajouté les 14 ans que pour quelque motif maintenant ignoré: toujours est-il vrai que l'époque de Moïse ne peut s'élever plus haut que ces 480 ans qui, ajoutés à 1015 autres écoulés depuis la fondation du temple jusqu'à J.-C., placent ce législateur vers l'an 1495; mais parce que l'évaluation de 3 générations au siècle est exagérée et peu probable, admettons 1450 pour terme moyen; Moïse aura vécu, vers l'an 1460 avant J.-C., environ 100 ans avant Sésostris, qui régna en 1356: et un peu plus de 200 ans avant Ninus, dont le règne date de l'an 1237, ainsi que nous le verrons.
CHAPITRE IV.
Y a-t-il eu un cycle sabbatique?
PLUSIEURS chronologistes, pour dernière ressource, ont eu recours au cycle sabbatique, c'est-à-dire à ce jubilé prescrit par Moïse, qui avait ordonné que chaque 7e année, à l'imitation du 7e jour de la semaine, fût une année de Sabbat; c'est-à-dire d'oisiveté et de repos absolus, même pour la culture de la terre. Moïse avait de plus ordonné35 qu'en cette 7e année toute créance d'argent prêté serait annulée; que le débiteur serait libre, et de plus encore, que tout Hébreu réduit en esclavage pour dette ou autre cause, serait remis en liberté, et renvoyé avec des provisions capables de l'entretenir pendant du temps.
Il est certain que si une telle loi eût eu son exécution, elle eût produit une sensation et constitué une époque aussi remarquable par ses retours septénaires que la période olympique chez les Grecs; mais on cherche en vain dans tous les livres hébreux une mention, une indication même légère de ces jubilés. L'on n'en trouve pas la moindre trace ni dans le Livre des Juges, ni dans celui de Samuel, quoique très-détaillé dans une durée de plus de 60 ans, ni dans le Livre des Rois; au contraire, Jérémie, dans le chapitre 34 de ses prophéties, nous fournit la preuve positive de la négligence et de l'inobservation de cette loi dès son origine.
Jérémie, est-il dit, engagea le roi Sédéqiah, les grands et le peuple de Jérusalem à renvoyer leurs esclaves hébreux; ils s'y engagèrent par la cérémonie d'un sacrifice, et ils renvoyèrent leurs esclaves hébreux; puis s'en étant repentis, ils les reprirent et les contraignirent de force; et Jérémie leur dit: Écoutez les paroles du Dieu d'Israël:
«Au jour où je retirai vos pères de l'Égypte, je fis un pacte avec eux, et je leur dis: Lorsque 7 ans seront écoulés, que chacun de vous renvoie l'esclave hébreu qui lui a été vendu et qui a servi 6 ans; que l'esclave soit libre; et vos pères n'ont point écouté ma parole, ils n'ont point incliné leur oreille (à m'obéir); vous, aujourd'hui, vous vous êtes retournés (de leur sentier) et vous avez fait le bien; vous avez fait alliance avec moi, mais ensuite vous l'avez violée (comme vos pères); maintenant je vais amener sur vous tous les maux, etc.»
Pour tout lecteur qui pesera bien ces mots: «Vos pères n'ont point écouté ma parole, n'ont point obéi à mon ordre de renvoyer libre; vous, aujourd'hui, vous vous êtes retournés (de leur sentier, etc.);» pour tout lecteur, disons-nous, il sera prouvé que jusqu'au temps de Sédéqiah, les Juifs avaient imité leurs pères et n'avaient point observé le jubilé septénaire; par conséquent il n'y a point eu chez eux de cycle sabbatique avant la captivité de Babylone. Ce ne fut qu'alors et au retour dans leur patrie, qu'ayant pris à tâche d'exécuter littéralement les lois de Moïse, celle-ci devint en usage avec plusieurs autres. De savants chronologistes, quoique très-pieux, n'ont pu s'empêcher de reconnaître ces faits; entre autres, le Père Petau, jésuite, dans son Traité de la doctrine des temps, livre IX, chapitre 26, s'avoue réduit à la nécessité de révoquer en doute l'observance des années sabbatiques36 avant le règne d'Antiochus Eupator; mais beaucoup d'autres ont cru leur religion intéressée à en soutenir la croyance. Le savant Desvignoles présente, à cet égard, une inconséquence remarquable; car après avoir exposé avec candeur une masse de raisons négatives, il finit par dire37 que comme il faut avoir une mesure de temps, il se range au gros des chronologistes qui ont admis les Sabbats; ce qui ne l'empêche point de convenir ailleurs, que les cycles sabbatiques, produits par les Samaritains et les Juifs, et remontant jusqu'à la création, sont des cycles fictifs et inventés après coup38.
Par une autre inconséquence, Desvignoles fournit un argument ingénieux de calculer le temps de la monarchie, en admettant la non-existence ou l'inobservance des Sabbats. Tout le monde connaît la célèbre prophétie de Jérémie, concernant l'exil et la captivité du peuple hébreu pendant 70 ans, et cela pour avoir négligé et méprisé les ordonnances de Dieu. En comparant à ce texte celui des Paralipomènes, qui dit (chap. 36, vers. 10) «Que le peuple hébreu fut déporté à Babylone, afin que la terre (d'Israël) prît plaisir à célébrer ses sabbats, et qu'elle eût 70 ans de repos;» Desvignoles a pensé que Jérémie dans sa prédiction avait eu spécialement en vue la loi de Moïse sur les jubilés de 7 ans, et que par le nombre 70 il avait entendu établir une compensation des sabbats que l'on avait omis ou négligé de célébrer: il est bien vrai que ces 70 jubilés de 7 ans donnent une somme totale de 490 ans, et que si l'on prend ces 490 ans pour la durée des rois, en y ajoutant 604, qui sont la date première de la prophétie en question, l'on a pour première année de Saül, l'an 1094 avant J.-C. Or, les calculs de Josèphe donnent pour ce СКАЧАТЬ
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Tom. I, p. 694.
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