Le portrait de monsieur W. H.. Оскар Уайльд
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Название: Le portrait de monsieur W. H.

Автор: Оскар Уайльд

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

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СКАЧАТЬ coffre qu'il avait acheté dans une maison de ferme du comté de Warwick.

      Il avait naturellement rapporté également le coffre lui-même qui était un fort beau spécimen de l'ébénisterie du temps d'Elisabeth.

      Au milieu du panneau de front on lisait, sans le moindre doute les initiales W. H. gravées dans le bois.

      C'était ce monogramme qui avait attiré l'attention de Cyril et il me dit qu'il n'avait songé à examiner avec soin l'intérieur du coffre que plusieurs jours après qu'il l'avait en sa possession.

      Un matin, pourtant, il s'aperçut que l'une des parois du coffre était beaucoup plus épaisse que l'autre et en y regardant de très près il découvrit qu'un panneau de peinture encadré y était emboîté.

      Il le dégagea et il se trouva que c'était le portrait qui était maintenant étalé sur le canapé.

      Le panneau était très sale et couvert de moisissures, mais il réussit à le nettoyer et, à sa grande joie, il vit qu'il était tombé par pur hasard sur la seule chose qui pût exciter son désir.

      C'était un portrait authentique de monsieur W. H. Sa main reposait sur la page dédicatoire des _Sonnets _et, sur le châssis même, on pouvait distinguer le nom du jeune homme écrit en initiales noires sur un fond d'or terni: monsieur William Hews.

      Bon! que pouvais-je dire?

      Il ne me vint pas un instant à la pensée que Cyril Graham me jouât la comédie et qu'il essayât de démontrer la théorie au moyen d'un faux.

      – Mais est-ce un faux? demandai-je.

      – Certes oui, dit Erskine. C'était un faux très bien fait, mais ce n'en était pas moins un faux.

      Je crus alors que Cyril avait eu ses apaisements sur toute cette question, mais je me souviens qu'il me dit plus d'une fois que pour lui il n'était besoin d'aucune preuve de ce genre et qu'il croyait la théorie complète, même sans cela.

      Je riais de sa confiance.

      Je lui dis que sans cette preuve toute la théorie dégringolait à terre et je le félicitai chaudement de sa merveilleuse découverte.

      Alors nous décidâmes que le portrait serait gravé ou reproduit en fac-similé et placé comme frontispice en tête de l'édition des _Sonnets _de Cyril.

      Pendant trois mois, nous ne fîmes que repasser tous les poèmes vers par vers jusqu'à ce que nous eûmes dominé toutes les difficultés du texte ou de sens.

      Un malheureux jour, j'étais dans un magasin d'estampes à Holborn, quand je vis sur le comptoir quelques dessins à la pointe d'argent extrêmement beaux.

      Je fus si fort attiré par eux que je les achetai, et le propriétaire du magasin, un certain Rawlings, me dit qu'ils étaient l'oeuvre d'un jeune peintre nommé Edward Merton qui était très habile, mais aussi pauvre qu'un rat d'église.

      Quelques jours après, j'allai voir Merton dont le marchand d'estampes m'avait donné l'adresse.

      Je trouvai un jeune homme pâle, intéressant, avec une femme de mine assez banale, un modèle, ainsi que je l'appris par la suite.

      Je lui dis combien j'avais admiré ses dessins, ce qui me parut lui être très agréable, et je lui demandai s'il pourrait me montrer quelque autre de ses oeuvres.

      Comme nous feuilletions un portefeuille rempli de choses réellement ravissantes, – car Merton avait une touche très délicate et tout à fait délicieuse, – j'aperçus tout à coup une esquisse du portrait de monsieur W. H. Il n'y avait aucun doute à concevoir à ce sujet.

      C'était presque un fac-simile: la seule différence était que les masques de la tragédie et de la comédie n'étaient pas suspendus à la table de marbre, comme dans le portrait, mais gisaient sur le plancher aux pieds du jeune homme.

      – Où diable avez-vous déniché cela? dis-je.

      Il devint un peu confus et répondit:

      – Ce n'est rien. Je ne savais pas que ce dessin était dans le portefeuille. C'est une chose sans valeur aucune.

      – C'est ce que vous avez fait pour monsieur Cyril Graham, s'écria sa maîtresse. Si ce monsieur veut l'acheter, pourquoi ne pas le lui vendre?

      – Pour monsieur Cyril Graham, répétai-je. Avez-vous peint le portrait de monsieur W. H.?

      – Je ne sais ce que vous voulez dire, répliqua-t'il, en devenant très rouge.

      Bon! L'histoire était vraiment terrible.

      La femme lâcha tout le secret.

      En partant, je lui donnai cinq livres.

      Maintenant il ne m'est pas possible d'y songer, mais certes j'étais alors furieux.

      J'allai d'un trait chez Cyril.

      Je l'attendis trois heures avant qu'il revînt, avec cet affreux mensonge qui s'épanouissait sur son visage et je lui dis que j'avais découvert le faux.

      Il devint très pâle et me dit:

      – J'ai fait cela uniquement pour vous. Vous n'auriez pas été convaincu autrement. Cela ne porte aucune atteinte à la vérité de la théorie.

      – La vérité de la théorie! m'écriai-je. Moins vous en parlerez et mieux cela vaudra. Vous-même vous n'y avez jamais cru. Si vous y aviez cru, vous n'auriez pas commis un faux pour en faire la preuve.

      Il s'échangea entre nous des paroles violentes. Nous eûmes une querelle épouvantable. Je l'avoue, je fus injuste. Le lendemain matin, il était mort.

      – Mort! m'écriai-je.

      – Oui, il se tua d'un coup de revolver. Un peu de son sang jaillit sur le cadre du portrait juste à la place où le nom était peint. Quand j'arrivai, – son domestique m'avait sur-le-champ envoyé chercher, – la police était déjà là. Il avait laissé une lettre pour moi, écrite évidemment dans la plus grande agitation et la plus grande détresse du coeur.

      – Que contenait-elle? demandai-je.

      – Oh! qu'il avait une foi absolue dans l'existence de Willie Hughes, que le faux du portrait n'avait été fait que comme une concession à mon égard et n'affaiblissait à aucun degré la vérité de la théorie; bref, que pour me montrer combien sa foi était ferme et inébranlable, il allait offrir sa vie en sacrifice au secret des Sonnets.

      C'était une lettre folle, démente. Je me souviens qu'il finissait en me disant qu'il me confiait la théorie Willie Hughes et que c'était à moi de la présenter an monde et de dévoiler le secret du coeur de Shakespeare.

      – C'est là une bien tragique histoire, m'écriai-je, mais pourquoi n'avez-vous pas accompli ses voeux?

      Erskine haussa les épaules.

      – Parce que c'est du commencement à la fin une théorie absolument erronée, répondit-il.

      – Mon cher Erskine, lui dis-je en me levant de mon siège, vous êtes là-dessus dans une erreur complète. C'est la seule clé parfaite des _Sonnets _de Shakespeare qu'on ait jamais СКАЧАТЬ